Sous des dehors de monstre sportif, cette Ninja assagie réussit l’exploit de proposer un équipement routier et une assez grande capacité de chargement alors que sa motorisation compressée offre 200 chevaux et des performances dont la maréchaussée aura beaucoup de mal à contenir les ardeurs. Des couleurs vives pour des formes agressives, un look typiquement Kawasaki et une finition haut de gamme pour un produit qui l’est tout autant. Normal me direz-vous pour une finition SE qui se vend tout de même 22.499€. Pas de top-case (heureusement) mais des sacoches bien intégrées (option) et une hauteur de selle de 835mm vous obligent à lever la jambe assez haut pour monter.
C’est du lourd
Le tableau de bord et les commodos renferment un max d’informations et d’assistances tels le cruise-control, les poignées chauffantes et les trois modes de conduite. Le premier dénommé « Full », vous aurez compris comme moi ce que cela signifie, suivi du Medium (75% de la puissance) et du Low (50%). L’antipatinage se règle sur deux sensibilités ou s’annule totalement. La centrale IMU intervient également en virages et modifiera son intervention selon l’angle et les conditions d’adhérence. Un shifter up and down va me permettre d’éviter une usure prématurée de mes bottes. Inutile de vous dire que le moteur vrombit gentiment et qu’il me tarde de passer le 1er rapport pour m’élancer sur les routes portugaises où se déroule ce galop d’essai.
Ça va vite
Si les motos de plus de 200 ch affichent en général un poids moyen de 200 kg, cette Kawa à puissance égale se voit pénaliser par un supplément d’une centaine de livres. Avec ses 256 kg, la H2SX demande un minimum de réflexion quand on tourne la poignée de gaz. Dès 3.000 tours, le moteur s’exprime avec conviction pour entrer dans sa phase « inconvenante » au-dessus de 7.000 tr/min. Là, on se rend compte immédiatement que l’on est aux commandes d’un avion, rapide certes, mais à longue portée, genre Antonov made in Russia. Mes premiers kilomètres s’effectuent sur un goudron humide qui réclame toute mon attention et ce malgré les assistances. Le moteur à tendance à vous pousser vers l’avant alors que de votre côté vous aimeriez bien adopter une conduite un peu plus coulée. Malgré sa taille assez menue, le pare-brise dévie assez bien la pression du vent et avec mon mètre septante-cinq, je me sens bien protégé.
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La position n’est absolument pas GT mais reste tout à fait humaine. Les 320 kilomètres de la journée se passeront sans fatigue ni douleur cervicale. Si, sur route, cette H2SX peut faire illusion et amener son pilote à se prendre pour le roi du monde, il en va autrement sur le circuit d’Estoril. Kawasaki avait prévu que nous puissions pousser sa mécanique au bout de ses limites, ce que nous ferons, mais en prenant soin de notre petite santé. Pas question de longs runs mais bien de petits tours afin de ne pas trop faire chauffer les suspensions et les freins. Une impression que j’avais déjà ressentie sur la route et qui s’est confirmée. Le poids et la puissance peuvent assez rapidement nuire à l’efficacité du freinage et provoquer un léger flou de l’amortissement. Rien de bien grave en temps normal, mais si vous vous la jouez Tourist Trophy, vous risquez de ne plus contrôler la horde de chevaux blottie au fond des carters. Heureusement le shifter vous permettra de descendre les rapports à la volée et de reprendre les rênes de ces pur-sang. Sur ce circuit de légende, il ne faudra pas attendre longtemps pour râper les repose-pieds, mais la garde au sol est suffisante pour une utilisation routière.
Idéale si raisonnable
Pour tout conducteur responsable, cette Kawasaki H2SX SE peut se comporter comme une véritable routière. La selle est confortable, la passagère, assise en hauteur profitera du spectacle, tout en subissant malgré tout la pression du vent. Il y a bien longtemps, BMW sortait sa R100RS carénée de la tête aux pieds et ouvrait une nouvelle forme de motos de grand tourisme à vocation sportive. 40 ans plus tard, Kawasaki poursuit cette stratégie en voulant s’imposer comme le constructeur le plus rapide et le plus puissant du siècle. Totalement incorrecte et provoquante, la Kawasaki H2SX SE représente tout ce que l’on est en droit d’aimer dans le monde du deux roues. Hors de prix, excessive, à l’encontre de tout ce que le monde « bien-pensant » veut nous proposer. Après la H2R et ses 315 ch, la H2 (215 ch), voici la H2SX d’une puissance contenue à seulement 200 ch, créée pour ceux qui aime sans compter et sans réfléchir.
Conclusion
Véritable porte drapeau de la marque japonaise, cet engin ne peut se classer dans aucun segment. Trop lourde pour attaquer vraiment, pas assez endurante pour attaquer tout le temps, trop encombrante pour circuler au quotidien mais qu’est ce ça fait du bien de savoir qu’elle existe.
Avec la complicité et les photos d’Arno Jaspers MaxxMoto
Les +
Une mécanique d’enfer
Sacrée gueule
Bon compromis entre l’excès de vitesse et la prison
Les –
Un peu lourde
Sacoches en option
Freinage
Hauteur, largeur et poids
La Kawasaki H2SX SE en quelques chiffres :
Moteur : 4 cylindres en ligne 998cc à refroidissement liquide et DACT, 4 soupapes, injection électronique Keihin
Puissance : 200 ch à 11.000 tr/min
Couple : 137,3 Nm à 9.500 tr/min
Transmission : boite 6 vitesses et transmission finale par chaîne, shifter up and down
Embrayage multidisques à bain d'huile, par câble
Cadre : treillis en acier
Suspension avant : fourche inversée 43mm entièrement réglable, débattement 120mm
Suspension arrière : mono-amortisseur à bonbonne séparée, réglable, débattement 139mm
Frein avant : double disque de 320 mm, étriers 4 pistons
Frein arrière : disque en pétales de 250mm, étrier 2 pistons
Hauteur de selle : 835 mm
Poids : 256 kg
Capacité du réservoir : 19 litres
Prix : 22.499 € TVAC (H2SX de base 19.499 € TVAC)
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