A vrai dire, nous aurions dû voir l’Aston Martin Valkyrie en Championnat du Monde d’Endurance (WEC) depuis quatre ans. Cependant, le constructeur britannique a changé d’avis et annulé son inscription.
Comme cela est assez courant dans le milieu, le constructeur a ensuite encore changé d’avis ! La Valkyrie participera donc bien à un programme en compétition et cette fusée sur roues a d’ailleurs fait ses débuts hier lors des 1.812 kilomètres du Qatar, première épreuve de la nouvelle saison.
Fait remarquable : alors que la version de route délivre pas moins de 1.155 ch, la version de compétition a dû être sévèrement bridée et ne délivre qu’un peu plus de la moitié de cette puissance, soit 650 ch. Si la voiture avait conservé toute sa cavalerie, elle aurait tout simplement été intouchable en course !
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Une voiture de course avec des plaques d’immatriculation
L’Aston Martin Valkyrie, dont 275 exemplaires ont été produits à un prix unitaire de minimum 3 millions d’euros, est littéralement une voiture de course avec des plaques d’immatriculation.
Elle est le fruit d’une collaboration entre le constructeur britannique et Red Bull Racing, l’écurie de Formule 1 de Max Verstappen, où officie Adrian Newey ! La Valkyrie est donc le bébé du génial ingénieur, où il a appliqué toute son expertise et son expérience de la course, à une voiture de route !
Le résultat est un compromis fascinant entre les exigences radicales d’un circuit et les contraintes légales et pratiques d’une homologation routière. Pourtant, la plupart des propriétaires ne poseront sans doute jamais une roue de cette précieuse et fragile machine sur la voie publique !
Le design du châssis est inédit : il est conçu pour canaliser l’air à travers la voiture, avec d’impressionnants tunnels Venturi sous le plancher. Newey l’a dessinée pour qu’elle soit littéralement aspirée au sol ! Associée à un aileron actif, cette architecture génère 1,1 tonne d’appui aérodynamique, mais uniquement lors du freinage ! En conditions normales, cet appui est limité à 600 kg, sous peine de détruire les pneus en un rien de temps.
Bridée pour la course !
Les ailerons actifs sont interdits en WEC, car jugés trop peu fiables. De plus, la Valkyrie doit se conformer au ratio appui aérodynamique/traînée très strict de 4 pour 1. Un clapet anti-tonneau a également été ajouté sur la « colonne vertébrale » de la voiture, afin de limiter les risques de retournement en cas d’accident. En clair, c’est toute l’aérodynamique qui a été simplifié par rapport à la version routière.
Pour être éligible à la compétition, la Valkyrie a dû être bridée dans presque tous les domaines. La suspension active, qui maintient la voiture parfaitement stable dans les virages, a été supprimée, car elle est interdite en compétition pour son imprévisibilité à la limite d’adhérence.
Le V12 atmosphérique tournant à 11 000 tr/min a également perdu son hybridation. Contrairement à la version routière, la Valkyrie LMH – la version course – n’est pas une hybride. Pour respecter la réglementation, le moteur électrique aurait dû être déplacé de l’essieu arrière à l’essieu avant, mais il n’y avait tout simplement pas assez de place, surtout si l’on considère le circuit de refroidissement ! Les ingénieurs britanniques ont donc choisi une approche à l’ancienne, misant uniquement sur un V12 ! Selon les premiers échos, la voix du V12 est aussi brutale que musicale !
Une prestigieuse lignée
La Valkyrie rejoint ainsi le cercle très fermé des prototypes du Mans homologués pour la route, aux côtés de quelques GT1 de la fin des années 90, comme la Porsche 911 GT1, la Mercedes CLK GTR et la Toyota GT-One.
À l’origine, la réglementation imposait aux constructeurs engagés en LMH (Le Mans Hypercar) dans le WEC, de produire également une version routière de leur modèle. Mais aucun autre concurrent ne s’est véritablement plié à cette règle !
Toyota a bien développé une version route de la GR010, en vendant même quelques exemplaires, mais sans jamais les finaliser. Les clients ont finalement été remboursés. Aujourd’hui, cette obligation n’est d’ailleurs plus d’application…
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