Ancêtres

Dale, la plus grande arnaque de l’histoire de l’automobile américaine

En 1974, l’Amérique a voulu croire en une voiture à 3 roues révolutionnaire, conçue par une femme, Geraldine Elizabeth Carmichael. Le souci était que ce projet était bien trop beau pour être vrai…

Maxime Hérion Maxime Hérion | Publié le 20 janv. 2024 | Temps de lecture : 8 min

En 1973, l’Amérique est frappée de plein fouet par la première crise du pétrole et les prix de l’or noir flambent. Le moteur V8 est alors la norme et il convient de trouver de nouvelles solutions pour rendre les déplacements moins énergivores. C’est alors qu’arrive Geraldine Elizabeth Carmichael et sa société Twentieth Century Motor Car Corporation. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur, cette mère de 5 enfants, veuve de son état, fascine l’Amérique avec sa voiture novatrice : la Dale. Ne possédant que 3 roues, celle-ci ne pèse que 500 kg et elle renferme un moteur bicylindre de 40 ch. Sa carrosserie est réalisée en Rigidex, un matériau synthétique plus résistant que l’acier. Carmichael affirme d’ailleurs qu’elle a effectué elle-même un crash-test à son volant et ce, à une vitesse de 50 km/h, le tout sans dommage corporel !

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Grandeur et décadence

Capable de rouler à 135 km/h en pointe, la Dale ne consomme que 3,5 l/100 km. Son concept enflamme de nombreux investisseurs qui croient durent comme fer en la technologie novatrice de la Twentieth Century Motor Car Corporation. Pour ne rien gâcher, sa directrice, Geraldine Elizabeth Carmichael a un certain franc-parler et se montre plus convaincante. Basée à Burbank en Californie, la société affirme être en mesure de se battre rapidement avec les Big Three que sont GM, Ford et Chrysler. Dès 1975, le prix de la Dale est connu : 2.000 $, soit le prix d’une voiture assez bas de gamme. Les commandes sont ouvertes, les acomptes affluent et c’est une somme de 30 millions de $ est rapidement collectée. Ce succès incroyable éveille l’attention des « California Department of Corporations et California Department of Motor Vehicles » qui ouvre une enquête. Cet organisme officiel empêche la Twentieth Century Motor Car Corporation de prendre encore des acomptes car le siège de la société n’est qu’un petit bureau où quelques ingénieurs semblent désœuvrés, alors que les bâtiments de Burbank s’avèrent vides et que leur loyer n’est plus payé. Plus grave encore, le prototype de la Dale s’avère ne pas être roulant, et son moteur, provenant d’un générateur, n’est même pas relié aux roues !

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Du vent…

Ce n’est pas tout car la DMV californienne ne retrouve pas de trace de Carmichael dans les registres d’état-civil. L’enquête permet de savoir que la voiture a été en réalité conçue par un certain Dale Clifft, un ingénieur qui a mis au point une voiture dans son garage, sur base d’une moto BMW R69. Approché par Carmichael, celui-ci rejoint l’aventure de la Twentieth Century Motor Car Corporation avec la promesse d’une somme de 3 millions de dollars en guise de dividendes. Assez rapidement, Clifft réalise les intentions frauduleuses de Carmichael qui n’hésite pas à inventer de nombreux détails (dont le matériau « révolutionnaire » de la carrosserie) pour vendre la Dale. Afin de prouver sa bonne foi, il tente de construire un prototype, sans réel succès.

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Incroyable révélation

Mise à mal en Californie, Carmichael s’exile avec sa secrétaire au Texas et développe son arnaque, au point d’annoncer la mise au point de deux autres modèles : la Revelle et le Vanagen, un break très futuriste. Là-bas, elle réussit à attirer de nouveaux investisseurs et empoche 3 millions de dollars auprès d’investisseurs locaux. Cependant, le vent tourne car le FBI démarre une enquête et les deux femmes s’évaporent dans la nature. Le bureau fédéral d’investigation fait alors une découverte incroyable : Geraldine Elizabeth Carmichael est en réalité un homme qui s’appelle Jerry Dean Michael, connu dans plus affaires d’escroquerie, condamné en 1962 et fugitif depuis lors ! Sa secrétaire, Viviann Barrett-Michael est en réalité son épouse et la mère de ses 5 enfants !

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Rebondissement

En avril 1975, Carmichael/Michael est arrêtée et condamnée pour fraude. L’escroc transgenre est incarcérée en Californie où elle fait appel à sa condamnation en évoquant le fait qu’elle ne peut aller dans une prison pour hommes ou pour femmes. En 1980, elle est libérée sous caution et en profite pour se faire de nouveau la malle. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais une simple émission de télé appelée « Unsolved Mystery » s’intéresse à sa disparition. Par miracle, un témoin la reconnait et désigne Kathryn Elizabeth Johnson, fleuriste à… Dale (Texas) ! Retour à la case « prison » (pour hommes bien qu’elle ait été considérée comme une femme par le tribunal) pour elle et elle est finalement libérée sur parole en 1989. Décédée d’un cancer en 2004, Carmichael/Michael a marqué l’histoire de l’automobile américaine avec son arnaque rocambolesque. Le prototype de Dale est quant à lui exposé au Petersen Museum où sa légende fascine de nombreux visiteurs. Si l’incroyable histoire de cette voiture peut faire sourire, il semble que ce genre d’entourloupe existe encore, il suffit de voir le nombre de startups promettant monts et merveilles à d’hypothétiques investisseurs, que ce soit dans le monde des voitures électriques ou des supercars, qui ont en commun le fait d’être sans lendemain…

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