La concurrence chinoise est non seulement avantagée par les plantureuses subventions publiques octroyées par Pékin, mais aussi par son avance dans la technologie des batteries pour voitures électriques. Aujourd’hui, l’industrie automobile chinoise se focalise surtout sur la rapidité de sa croissance, quitte à mettre sur le marché une voiture inachevée Question de priorités. En Chine, les délais de développement tournent ainsi autour de 8 mois, alors qu’en Occident, on tourne plutôt autour de quatre ans – mais l’objectif est de réduire ce délai de moitié et... s’associant aux marques chinoises.
L'avenir de la construction automobile
Mais l’industrie allemande cherche aussi à réduire les délais. Et dans ce cadre, à Nuremberg, Bosch vient d’installer un outil qui pourrait changer la donne : une imprimante 3D géante à métaux qui serait plus rapide et plus performante que tout ce que les constructeurs automobiles européens utiliser jusqu'à présent. Son coût ? Un peu moins de six millions d'euros. Ce n'est pas négligeable, mais quand on sait que le développement d'un moteur thermique coûte 150 millions d'euros, ce n'est en fait pas si cher. Et Bosch vise haut : son imprimante, il la destine à toute la production automobile de demain.
L’outil en question – le NXG XII 600 de Nikon SLM Solutions – ne passe pas inaperçu dans les locaux de l’équipementier à Nuremberg depuis la fin de l'année dernière. Il faut dire que la machine est équipée de douze (!) lasers qui fusionnent couche par couche de la poudre de métal pour former des pièces qui semblent tout droit sorties d'un film de science-fiction. Pour se représenter la chose, il faut imaginer des tubes creux qui seraient tordus pour former des courbes qu'aucun humain ou machine actuelle ne seraient en mesure de lui imprimer. Là où les machines classiques avouent leurs limites, cette imprimante permet de réaliser des pièces absolument parfaites.
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Et l’engin est rapide. Jusqu'à cinq fois plus rapide que la génération précédente d'imprimantes 3D, selon Bosch. La vitesse d'impression peut atteindre 1.000 centimètres cubes par heure. Dans ce cadre, un bloc-moteur qui traînait auparavant sur les tables des développeurs et dans les fonderies pendant au moins trois ans sort ici au bout de quelques jours seulement. Le gain de temps est donc considérable. Le processus classique de pièces moulées et dont la fabrication prend généralement un an et demi n’est donc plus utile. Les lasers et les algorithmes éliminent le temps perdu : l'ingénieur programme son itération et l'imprimante fait le reste. Séduisant et d’autant plus que les processus d’innovation seront aussi accélérés : une fois arrivée à sa vitesse de croisière, l’imprimante permettra de tester une foule de nouvelles idées et de nouveaux designs.
10 tonnes de métal
« Avec ce centre, nous établissons une nouvelle norme en matière d'impression de pièces métalliques en série », a déclaré Jörg Luntz, directeur technique de l'usine Bosch. Son collègue commercial, Alexander Weichsel, évoque quant à lui une « production durable » et une « adaptation flexible en fonction des besoins ». En clair, il n'y aurait plus de déchets. Et qu'il s'agisse d'une seule pièce ou de mille, ce type d’imprimante n'implique pas un minimum de pièces requises pour son démarrage.
Grâce à cette technologie, Bosch entend imprimer non seulement des blocs moteurs, mais aussi des axes pour voitures électriques et des pièces pour les secteurs de l'énergie et de l'aérospatiale. Quand on peut imprimer 10 tonnes de pièces métalliques par an à pleine vitesse, on ne peut pas se contenter de fabriquer juste des voitures. L’efficacité est là et Bosch aurait tort de ne pas jouer la carte de la diversification.
Pour Klaus Mäder, membre du Conseil d'administration de Bosch et patron de tous les sites de production dans le monde, il y a un enjeu de taille : remettre l’Allemagne au centre de la carte mondiale de l’industrie. « Nous investissons à dessein en l'Allemagne pour en refaire une base industrielle », a-t-il déclaré.
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