L’Europe a donc levé des droits de douane sur les voitures importées de Chine (c’est-à-dire toutes aujourd’hui) en raison de la concurrence déloyale livrée par Pékin qui a copieusement subventionné ses industriels – on parle de 215 milliards d’euros entre 2009 et 2023, dont 209 milliards entre 2017 et 2023.
Actuellement, ces droits sont provisoires et ils ne sont pas prélevés directement. Les constructeurs sont tenus de réserver ces droits sous forme de garanties bancaires. Si aucune solution à l’amiable n’est trouvée avec Pékin d’ici novembre, date officielle de la fin de l’enquête de la Commission, les droits deviendront effectifs et ils seront acquis pour une période de 5 ans.
Éluder la taxe
Tous les constructeurs chinois ne sont pas touchés de la même manière par ces surtaxes. Alors que SAIC va écoper de 38% supplémentaires (soit 48% au total BYD s’en sort par exemple mieux avec une taxe de 17%, ce qui porte le total de l’impôt sur l’importation à 27%. C’est déjà mieux. Sauf que BYD n’entend pas payer. En effet, le constructeur a déjà prévu d’implanter une première usine en Europe, en Hongrie, ce qui permettra d’éviter les droits sur toutes les voitures construites dans cette unité de production puisqu’elle est située en Europe.
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Et manifestement, ce n’est qu’un début. Car BYD vient d’annoncer un autre investissement du même type pour une deuxième usine. Le Chinois mobilise en effet un milliard d’euros pour la construction d’une autre unité de production qui sera cette fois située en Turquie si on en croit le magazine Fortune qui a dévoilé l’information.
La Turquie est-elle l’Europe ?
La Turquie est un choix stratégique pour BYD. Car bien que le pays ne fasse pas partie de l’Union européenne, le pays dispose d’accords commerciaux et économiques préférentiels avec le marché commun qui permettront au constructeur d’éluder les « droits compensatoires ». Et ce serait même coup double, voire triple : d’une part parce que la Turquie qui compte 90 millions d’habitants connaît une belle croissance du marché de la voiture électrique (+7,5% sur un an) tandis que la main-d’œuvre locale est particulièrement bon marché, ce qui permettra à BYD de conserver des marges confortables.
L’opportunité d’une réindustrialisation rapide ?
En outre, l’implantation d’une usine en Turquie sera particulièrement bienvenue dans le pays qui connaît de graves difficultés économiques. La Turquie avait d’ailleurs laissé entendre qu’elle lèverait aussi des droits de douane sur les voitures chinoises (38%), mais l’annonce d’une usine et la création d’emplois qui va avec auront finalement fait plier les autorités turques. On imagine d’ailleurs que BYD joue ici les premiers de cordée et que d’autres constructeurs chinois s’engouffreront rapidement dans cette brèche.
L’usine de BYD est déjà sur les rails et elle sera accompagnée d’un centre de recherche et de développement. Elle devrait assembler 150.000 voitures hybrides et électriques par an d’ici la fin 2026 tout en garantissant à la Turquie autour de 5.000 emplois. Pour la Turquie (comme pour la Hongrie), les Chinois apparaissent comme des opportunités de réindustrialisation rapide.
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