Le 2 avril, le monde a changé. Donald Trump a en effet mis ses menaces à exécution et il a annoncé la levée de droits de douane colossaux – et même jamais imaginés par les observateurs – à l’encontre de plus de 60 pays. Presque tout y passe avec un taux minimal de 10% et qui peut monter dans certains cas à plus de 50%. Trump a annoncé qu’il s’agissait de contre-mesures face à des pays qui pratiquent déjà des taxes à l’encontre des produits américains. Mais c’est faux. En réalité, l’administration a utilisé un calcul pour le moins fantasque pour établir ses droits de douane : la formule divise l'excédent commercial d'un pays avec les États-Unis par ses exportations totales et le résultat est ensuite divisé par deux pour montrer la bonne volonté du président. Le procédé, totalement incohérent et arbitraire, a fait bondir les économistes de la planète.
Dans le secteur automobile, tout le monde est logé à la même enseigne : 25% de droits sur les voitures importées et, dès le 3 mai, ce sera au tour des pièces détachées, comme les moteurs et les transmissions. L’objectif de Trump est de forcer la relocalisation d’usines aux États-Unis, une technique de bras de fer qui risque bien de coûter cher aux Américains.

Plus cher
Les analystes soutiennent que ces taxes vont augmenter de plusieurs milliers de dollars le prix des nouvelles voitures, qu'elles soient importées ou construites aux États-Unis, et qu'elles feront aussi grimper les coûts des réparations puisque les pièces détachées seront aussi taxées.
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Mais que vont faire les constructeurs européens qui sont bien implantés aux États-Unis ? Vont-ils augmenter les prix de leurs voitures des droits de douane ou absorber eux-mêmes une partie de ce surcoût pour rester compétitifs pour les clients américains ? Ou alors, vont-ils plier et investir des milliards de dollars dans de nouvelles usines sur le sol de l’Oncle Sam, comme Trump l’espère.
En réalité, c’est plutôt la première solution qui se dessine. Volkswagen a par exemple suspendu ses livraisons en provenance du Mexique et communiqué à ses concessionnaires que les prix des voitures augmenteraient. Même son de cloche chez Ferrari qui a décidé d’augmenter ses prix de 10% sur certains modèles, ce qui ne devrait pas être trop handicapant pour sa clientèle nantie.
En revanche, Volvo qui possède une usine aux États-Unis a annoncé qu’il allait augmenter le nombre de modèles produits sur place. C’est une réorganisation pour laquelle le constructeur sino-suédois opte, comme l’indiquait le tout nouveau patron, Hakan Samuelsson : « nous devrons augmenter le nombre de voitures que nous construisons aux États-Unis et certainement transférer d’autres modèles dans cette unité de production. » Volvo semble bien placé pour s’adapter rapidement, mais cela n’augmentera probablement pas le nombre d’emplois sur place.

Des fermetures et des suspensions
Stellantis a pour sa part annoncé la mise en pause de son usine canadienne de l’Ontario pendant deux semaines et la fermeture de celle de Toluca au Mexique, le temps d’évaluer la situation et de réfléchir aux options potentielles. Et il y a déjà des conséquences : le groupe va licencier 900 travailleurs américains en raison de ces mises à l’arrêt.
Jusqu’ici, seul le groupe Kia/Hyundai a annoncé son intention d’investir jusqu’à 20 milliards de dollars aux États-Unis. Mais rien n’indique que le groupe le fera réellement. La déclaration visait peut-être seulement à ouvrir une négociation avec l’équipe de Trump.
De l’avis des analystes, les droits de douane ne seront pas absorbés par les fabricants et ils affecteront donc directement les consommateurs américains. L’Union européenne a annoncé la finalisation d’un premier paquet de mesures pour contre-attaquer, mais on ne sait pas encore si celles-ci concerneront l’automobile. Les économistes du monde entier sont unanimes : les Américains vont souffrir et payer leurs produits beaucoup plus chers, au moins dans un premier temps. Car le monde va d’abord observer comment les Américains accueillent la chose. Dans les sondages, Trump serait en chute. Et il ne faut pas oublier que tous les regards sont aujourd’hui tournés vers les élections de mi-mandat – les « midterm » – qui désigneront le nouveau congrès. Et s’il devait être démocrate, Trump aurait les coudées nettement moins franches. Mais en attendant, le secteur automobile va devoir composer avec cette nouvelle contrainte.
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