Donald Trump a donc levé des droits de douane historiques et qui concernent pratiquement tous les pays avec lesquels les États-Unis ont des liens commerciaux. La manœuvre est malvenue et totalement infondée sur le principe, mais elle montre à quel point le président des États-Unis entend casser le système existant. Et on se demande d’ailleurs pourquoi, car on ne peut pas dire que Donald Trump n’a pas composé avec le système financier actuel pour construire sa fortune, bien au contraire.
Si les motivations de Trump restent quelque part obscures – car on voit mal comment il pourra forcer de cette manière la réindustrialisation –, les mesures de rétorsion se font déjà sentir et notamment du côté de la Chine qui n’a pas hésité à lever des droits de douane équivalents à ceux décrétés par les États-Unis, soit 34%. Il faudra voir comment l’Europe réagit. On devrait être fixé avec un premier paquet de mesures dès la mi-avril, sauf bien sûr si des négociations s’engagent. Selon la Maison-Blanche, plus de 50 pays auraient déjà sollicité le gouvernement américain pour discuter du sujet.
Des suspensions de livraisons
Mais ça, c’est pour les États. Mais il va falloir aussi compter avec les réorganisations des industriels de l’automobile. Et justement, certains d’entre eux prennent déjà des mesures qui sont assez surprenantes. Ainsi, le groupe Jaguar Land Rover (JLR) vient d’annoncer la suspension des livraisons de ses véhicules outre-Atlantique, le temps d’évaluer la situation et de s’adapter le cas échéant.

Publicité – continuez à lire ci-dessous
Cette mesure a de quoi étonner, car les clients américains de Land Rover (les Jaguar sont plus rares et elles ne sont plus commercialisées le temps de la refonte de la marque, sauf un) ont plutôt les moyens de payer plus cher leur véhicule. En outre, le marché américain reste très important pour le groupe : Jaguar Land Rover a vendu 430.000 véhicules entre mars 2023 et mars 2024, dont près d'un quart en Amérique du Nord. On parle donc de plus de 100.000 voitures.
« Les États-Unis sont un marché important pour les marques de luxe de JLR », a détaillé la marque par le biais d’un communiqué qui explique que « nous mettons en œuvre nos actions à court terme, y compris une pause dans les expéditions en avril, alors que nous développons nos plans à moyen et long terme. » Il apparaît que l’industrie automobile anglaise emploie directement 200.000 personnes et que les États-Unis sont le deuxième importateur de voitures fabriquées en Grande-Bretagne, après l’Union. Cela représente plus d'un million de voitures expédiées aux États-Unis l’an dernier, pour une valeur d'environ 9,8 milliards de dollars. Est-ce que cela signifie que JLR ne livrera plus ses clients américains ? C’est un peu plus subtil que cela : le groupe a acheminé un stock qui lui permettra de tenir plus mois, sachant que les automobilistes américains ne commandent pas leur voiture, mais les choisissent dans un stock.
Aidés par le gouvernement britannique ?
Mais le gouvernement britannique vient déjà en aide à ses constructeurs. En effet, les autorités ont modifié leur plan et ils ont décidé de reculer l’échéance obligatoire du passage à la voiture électrique prévue pour 2030. Désormais, les constructeurs – et les automobilistes – auront 5 ans de plus (2035) pour adopter la voiture à batterie, ce qui réduira la pression sur les constructeurs (qui devaient atteindre des quotas de voitures électriques) qui doivent maintenant composer avec les droits de douane décidés par Trump. Attention toutefois : pas question de vendre des voitures 100% essence ou Diesel, mais des hybrides et des hybrides rechargeables.

Les petits constructeurs automobiles, comme Bentley, Aston Martin ou McLaren, sont désormais aussi exemptés de devoir vendre des voitures à accumulateur ce qui vise aussi à sauver les voitures de luxe et les supercars anglaises.
Audi aussi
Mais JLR n’est pas le seul groupe automobile à suspendre ses livraisons aux États-Unis. Audi a pris des mesures similaires selon le media Automobilwoche qui a eu accès à une note interne du constructeur. La mesure concerne tous les véhicules en transit et bloqués sur des parkings après la date du 2 avril, date d’entrée en vigueur des droits de douane de 25% sur les automobiles importées.

Et ce n’est pas tout : Stellantis a mis ses usines canadiennes à l’arrête, ce qui promet des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement tandis que Nissan a annoncé pour sa part qu’il ne commercialiserait plus que les modèles de sa marque premium Infiniti (QX50 et QX55), produits dans son usine mexicaine d'Aguascalientes. Stellantis irait même plus loin et supporterait les droits de douane provisoirement des pièces et composants en provenance du Mexique ou du Canada. Mais pas éternellement : les fournisseurs devront détailler leur stratégie d’amortissement des droits de douane et présenter un plan de réduction des coûts.

Tous les constructeurs agiront-ils de la sorte, ce qui aura pour effet de tarie l’offre sur le marché américain ? Non, car Volvo va réorganiser sa production locale pour répondre à la demande américaine tandis que le groupe Kia/Hyundai a promis de réinvestir aux États-Unis, comme le demande Trump. Mais rien n’est encore fait. Et toute la question est de savoir s’il sera plus compétitif de produire aux États-Unis, avec un marché devenu plus faible, ou de payer des droits de douane ? Bonne question en effet...
À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be