Plan Climat flamand : bon plan ou plan catastrophe ?

Même dans sa version adoucie, le Plan climat flamand reste très ambitieux. Mais il suscite aussi encore beaucoup d’incompréhension, car toutes ces mesures vont coûter cher aux citoyens. Dès lors, pourquoi une solution plus réaliste n’a-t-elle pas été privilégiée ?

Publié le 5 novembre 2021
Temps de lecture : 7 min

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Plan Climat flamand : bon plan ou plan catastrophe ?

Le Sommet climatique COP26 a suscité beaucoup d’agitation dans le monde politique et pas seulement dans les sphères internationales. Au niveau national, les discussions en cours ont fait pas mal de remous.

La ministre flamande de l’Énergie, Zuhal Demir (N-VA), n’entendait pas partir pour Glasgow avec un Plan Climat flamand boiteux, ce qui a débouché in extremis sur quelques propositions spectaculaires qui ont suscité pas mal de réactions. Parmi les mesures qui font l’objet d’un consensus, il faut notamment citer l’obligation de mener des travaux énergétiques pour les logements (isolation notamment), mais aussi – et surtout – l’obligation du passage à la voiture électrique dès 2029.

Un nouveau profilage des libéraux flamands

Cette dernière mesure émane en réalité de la ministre flamande de la Mobilité, Lydia Peeters (Open Vld), qui, avec son parti, semble soudain prise de grandes ambitions de verdissement. Alors que l’Europe a déroulé cette année des plans visant à bannir le moteur à combustion d’ici 2035, les libéraux flamands ont soudain voulu se profiler comme les premiers de classe.

Certes, il est évident qu’un véritable plan d’action est nécessaire pour sauver le climat, mais imposer au sein d’une région seulement des mesures aussi radicales ne fera probablement aucune différence sur le résultat final. Le reste de l’Europe vise en effet l’échéance de 2035 tandis que d’autres régions du monde comme l’Asie… poursuivent leur croissance sans relâche !

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La seule stratégie logique et réaliste qui tiendrait la route tiendrait dans l’élaboration d’un plan climatique au moins au niveau européen, le niveau mondial étant naturellement encore mieux. À l’heure actuelle, les libéraux semblent surtout engagés dans une bataille idéologique et politique qui génère beaucoup d’incompréhension, d’inquiétude et qui ne reçoit que très peu de soutien de la part de la population.

C’est d’ailleurs cette dernière qui devra supporter le coût de ces ambitions climatiques. Il est par ailleurs aussi très étonnant qu’il n’y ait eu aucune concertation avec les autres Régions, Bruxelles ou la Wallonie, qui mèneront dès lors la transition à leur propre rythme.

Sur les traces de la Norvège

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Les libéraux flamands citent la Norvège comme le parfait exemple à suivre en matière de transition vers la voiture électrique. Car dans ce pays, aucune nouvelle voiture à moteur à combustion ne sera plus vendue à partir de 2025.

Cela dit, cette transition a déjà été amorcée depuis longtemps. Elle se fait donc en douceur, et, d’ici à la fin, 2022, la quasi-totalité du parc automobile sera déjà électrifiée. C’est certes là une merveilleuse histoire environnementale, mais que le gouvernement norvégien a fortement encouragé par le biais de généreuses subventions, de primes et toutes sortes d’avantages.

Cette politique a donc coûté beaucoup d’argent à l’État, que celui-ci a pu payer grâce aux revenus tirés de… l’exploitation des gisements de pétrole et de gaz en mer du Nord. Le gouvernement flamand ou belge ne dispose pas d’une telle ressource. Dès lors, chez nous, ce seront les citoyens devront payer la totalité de la facture !

Des voitures électriques alimentées par des turbines à réaction ?

Pousser la population flamande dans une voiture électrique est probablement une bonne chose pour l’environnement. Sauf si, naturellement, l’électricité stockée dans les batteries est produite par des centrales à gaz ou, aux heures de pointe, par de vieilles turbines à réaction une fois que les centrales nucléaires seront fermées.

Encore une fois, le problème réside dans un manque de vision à long terme avec l’idée présentée comme indéboulonnable qui veut que les centrales nucléaires doivent être absolument fermées, même en l’absence d’alternatives valables. Le fait est que, plus que probablement, Engie continuera à fournir de l’électricité (chère) à partir des centrales nucléaires… françaises. Nos voisins du sud n’ont absolument pas la même réflexion que nous sur le sujet : ils prévoient la construction de six nouvelles centrales nucléaires supplémentaires dans les années à venir pour garantir leur autonomie électrique.

En outre, l’infrastructure de recharge dans notre pays est toujours balbutiante, qui plus est dans l’optique où chaque citoyen devait brancher son automobile. Rien qu’à court terme, il faudrait construire des dizaines de milliers de points de recharge rapide, répartis sur l’ensemble du pays et de l’Europe au risque de devoir faire une croix sur les week-ends à la mer ou dans les Ardennes.

Le Plan Climat flamand va forcer les citoyens à changer leurs habitudes et cela aura immanquablement un coût très important. La meilleure isolation des habitations, le passage au chauffage tout électrique par pompe à chaleur, l’achat d’une voiture électrique et les mesures qui s’en suivront encore vont générer une croissance de la demande en électricité. On peut donc s’attendre à ce que cette électricité devienne de plus en plus chère. Comment faire dès lors pour que cette situation ne se répercute pas sur le citoyen ? En réalité, cette variable ne semble pas du tout faire partie de l’équation. Certes, le Gouvernement promet bien quelques subventions. Mais quel intérêt si ce sont les citoyens qui doivent eux-mêmes les payer par le biais d’augmentation d’impôts ? Il n’est finalement pas très surprenant qu’une majorité de personnes et d’observateurs ne soient pas favorables à ce Plan Climat construit un peu trop rapidement.

Il est également troublant que, dans la lutte contre les émissions de CO2, l’accent soit mis uniquement sur la transition vers la voiture électrique. Car on sait que cette voiture à électrons est chère et qu’elle le restera longtemps en raison du prix élevé des matières premières nécessaires à la fabrication de ses batteries.

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Alors, pourquoi ne pas investir davantage dans le développement des transports en commun ? Il semble évident que le Gouvernement peut avoir une action forte sur ce levier et que cela soit aussi plus porteur en matière de durabilité ou d’accessibilité du territoire. Il serait même possible de doubler l’intérêt du transport public en ajoutant une tarification routière intelligente. Car si les transports publics constituent une solution de meilleur choix et qui plus est moins chère, les gens n’hésiteront pas longtemps et ils laisseront leur voiture au garage.

Il va de soi que cela entraînera une forte diminution des émissions de CO2, des substances nocives et de la congestion sur nos routes. Logique, non ?

Scénario de changement modal et d’extinction

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Si ce transfert modal devient effectif, il sera alors beaucoup plus facile de travailler avec un scénario de suppression progressive des voitures privées. Les usagers pourront se tourner spontanément vers les transports publics tandis que ceux qui possèdent encore une vieille voiture pourront continuer à les utiliser.

Cela permettra d’éviter nombre de désagréments, parmi lesquels les zones à faibles émissions où ceux qui ne conduisent que sporadiquement et/ou sur quelques kilomètres sont obligés d’acheter une nouvelle voiture pour rentrer chez eux. L’impact positif sur l’environnement de ces zones de basses émissions est en outre très limité, car la plupart des voitures sont à l’arrêt 95 % du temps et elles n’ont d’importance finalement que pour leurs propriétaires afin que ceux-ci puissent effectuer leurs trajets absolument nécessaires. À suivre.

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Par Alain De Jong journaliste, rédacteur publicitaire, spécialiste de la communication

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