Chaque été, des dizaines de milliers de familles prendront la route du Sud et cette année encore, les autoroutes françaises, italiennes ou espagnoles verront défiler une armada de véhicules chargés jusqu’au toit. Mais depuis l’essor de la mobilité électrique, une nouvelle angoisse s’ajoute au stress du bouchon : l’autonomie sera-t-elle suffisante ? Combien de temps faudra-t-il attendre à la borne ? Et surtout, parmi les accessoires de vacances, lequel choisir : le coffre de toit, le coffre d’attelage ou aucun des deux ?
Pour répondre à ces questions, nous avons suivi Auto5 dans un test grandeur nature mené avec le plus grand sérieux sur les autoroutes belges. L’objectif : mesurer l’impact ces deux types d’accessoires sur la consommation d’un véhicule électrique en conditions réelles.
Une Audi, trois scénarios et une méthode stricte
Le cobaye de cette expérience est une Audi Q4 Sportback e-tron 45 de 2024. Un modèle bien connu avec une puissance de 286 ch sous le capot, une batterie de 82 kWh (dont 77 kWh réellement utilisables) et une silhouette soignée. Mais qu’en est-il lorsqu’on vient perturber ces caractéristiques aérodynamiques avec un coffre volumineux ?
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Tout a été entrepris pour réduire les variables parasites : pas de passagers ni de bagages, climatisation désactivée, recharge toujours bloquée à 80% pour préserver la batterie et cruise control adaptatif activé pour maintenir une vitesse stable. Les limitations de vitesse ont évidemment été scrupuleusement respectées, y compris dans les zones de travaux. Chaque parcours a été minuté et mesuré à l’aide de l’application Speedtracker, afin d’assurer une traçabilité totale des conditions et des consommations.
+23% de consommation avec le coffre de toit
Les résultats sont sans appel. Sur les 107,8 km du parcours, la configuration sans accessoire s’en sort avec une consommation moyenne de 16,5 kWh/100 km. Ajoutez un coffre sur attelage et la consommation grimpe légèrement à 16,8 kWh/100 km. Une hausse infime – moins de 2% – qui pourrait même être neutre sur d’autres véhicules. Car la traînée aérodynamique du Q4 Sportback est probablement ici plus perturbée qu’avec un modèle à la poupe plus droite.
Une fois le coffre de toit installé, le profil aérodynamique de l’Audi en prend un coup. La consommation bondit à 20,3 kWh/100 km, soit une hausse de +23%. Une surconsommation importante et qui s’accentue naturellement à vitesse plus élevée, comme l’application a pu le relever : sur les portions autoroutières limitées à 120 km/h, l’écart se creuse davantage encore comparativement aux portions limitées du Ring de Bruxelles ou aux zones de travaux. Rien de vraiment étonnant, car lorsqu’on double la vitesse, la résistance à l’air est quadruplée. C’est un principe physique de base. En France, se caler à 130 km/h fera donc fondre l’autonomie encore plus vite. Dans notre cas de figure, on perd déjà un quart de l’autonomie de la batterie. Un véhicule qui propose un rayon d’action de 400 km n’en proposera plus que 300, et même moins puisqu’ici, les trajets ont été effectués sans bagages.
Sur la route du sud, à quoi s’attendre ?
Notre test a été effectué sur un trajet d’un peu plus de 100 km. Mais qu’est-ce que cela représente sur la vraie route des vacances ? On peut le savoir en extrapolant les résultats au moyen de l’application EVNavigation. Résultats : un véhicule électrique comme la Q4 e-tron sans coffre aura besoin de quatre arrêts pour rallier Bruxelles à Nice, soit un total d’environ deux heures dix minutes de pauses cumulées. Avec un coffre de toit, c’est un arrêt supplémentaire qu’il faudra prévoir avec un temps total de recharge qui grimpe alors à deux heures cinquante-cinq. Une demi-heure de plus donc à répartir entre les bornes, si toutefois elles sont disponibles.
Côté énergie, le trajet aller-retour sans accessoire nécessitera environ 257 kWh. Mais avec le coffre de toit, il faudra 316 kWh, soit 59 kWh supplémentaires par trajet, et donc 118 kWh de plus pour l’aller-retour. Au tarif moyen des recharges autoroutières, cela représente un surcoût d’environ 80 euros, ce qui n’est pas la mer à boire sur un budget total de vacances.
Coffre ou pas coffre ?
Premier enseignement de ce test : tous les coffres ne se valent pas. L’impact presque négligeable du coffre d’attelage en fait une alternative de choix pour les départs en vacances. Il offre un espace de rangement supplémentaire tout en préservant l’autonomie. Seule ombre au tableau : cet accessoire est sensiblement plus cher qu’un coffre de toit, à l’achat comme à la location – dans notre cas, ça va même du simple au double : 1.100 euros contre 450 euros au coffre de toit. Le coffre de toit grève pour sa part le trajet dès que les kilomètres s’accumulent, mais sans non plus précipiter l’utilisateur dans une situation inextricable.
Deuxième enseignement : la planification semble impérative. En électrique, improviser un long trajet s’avère risqué, a fortiori en périodes de forte affluence. Il faut repérer les bornes – et éventuellement les réserver avec les opérateurs qui le permettent –, prévoir les arrêts, anticiper les ralentissements et rester flexible, car le temps de trajet peut vite s’allonger.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que de nombreux Belges aient décidé de prendre l’avion pour leurs vacances 2025. La voiture perd du terrain au profit des vols low cost, notamment en raison des craintes vis-à-vis des voitures électriques et de leur autonomie.
Cela dit, ce serait probablement une erreur de renoncer trop vite à la voiture, même électrique. Certes, cette dernière demande un peu plus de préparation, un soupçon de discipline et quelques euros de plus si l’on choisit le confort d’un coffre de toit. Ce test le prouve : l’électrique n’est pas incompatible avec les grandes transhumances estivales. Et elle offre toujours une souplesse inégalée sur place. En outre, l’acquisition d’un coffre ou d’un tow box n’est pas une obligation, car nombre d’enseignes (comme Auto5) en proposent à la location. Les demandes explosent d’ailleurs, preuve que la voiture n'a pas dit son dernier mot pour les vacances pour lesquelles, finalement, tout le monde attend aussi un ralentissement du rythme. Non ?
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