Électrique

La voiture solaire est-elle un projet irréaliste ?

Ces derniers temps, les projets de voitures solaires ont pris l’eau. Après la faillite de Lightyear, ce sont les fonds nécessaires au financement de la Sono Sino qui n’ont pas été réunis. La voiture solaire est-elle un concept irréaliste – et irréalisable ?

David Leclercq David Leclercq | Publié le 6 mars 2023 | Temps de lecture : 7 min

L’avènement de la voiture solaire est-il compromis avant même d’avoir été exploré ? On serait tenté de répondre par l’affirmative, car en quelques jours seulement, deux projets de voiture solaire ont été réduits à néant, faute d’investisseurs convaincus par le concept. Il est vrai que l’idée est séduisante, du moins sur le papier : rouler gratuitement grâce à une ressource énergétique inépuisable et totalement propre.

Cette approche constitue évidemment le rêve de n’importe quel développeur et il a été déjà largement exploré, comme avec la voiture à air comprimé qui ne pouvait être qu’une chimère puisque cet élément est le résultat d’une combustion. Il n’y a donc plus de carbone – et donc pas d’énergie – à en tirer.

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Deux échecs

Après la faillite de Lightyear il y a quelques semaines, c’est le projet de Sono Motors qui a fait pschit ! Et ça se comprend, car passer du concept à la réalité n’est clairement pas une tâche facile. Mais encore faut-il qu’elle soit possible. Après des années de tergiversations et de promesses, la Sono Sion ne verra ainsi pas le jour, ce monospace qui promettait une augmentation de son autonomie grâce à des panneaux solaires.

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Pourtant, l’histoire avait l’air très belle : 300 millions d’euros levés, 45.000 réservations et précommandes, tout semblait se mettre en place pour ce projet qui, rappelons-le, avait commencé avec la modification d’une voiture achetée sur eBay ! Mais rien n’y a fait et les 300 employés de Sono vont être licenciés. Les brevets de la Sion restent toutefois et les fondateurs vont essayer de les valoriser en espérant qu’un constructeur s’en saisisse pour relancer et finaliser le projet.

Problème de rentabilité

Le vrai problème de ces marques est de ne pas avoir (et tenir) un plan financier viable. En effet, ces entreprises souhaitent d’emblée séduire les masses avec un véhicule abordable. Mais ce n’est évidemment pas réaliste. Exemple avec Lightyear qui avait imaginé la Lightyear 0 à 250.000 euros l’unité (1.000 unités maximum), un projet un peu ambitieux compte tenu des performances du prototype et qui avait rapidement été rejoint par la Lightyear 2 qui aurait été vendue à seulement 40.000 euros pour 800 km d’autonomie, dont une partie réalisée au moyen des panneaux solaires.

Ce genre d’approche est évidemment totalement irréaliste, car c’est d’abord avec des véhicules à forte rentabilité qu’on rend une entreprise viable. Tesla l’a largement démontré avec son Model S qui a longtemps été le seul proposé. Et Sono marchait dans les mêmes traces que Lightyear…

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Tromperie sur la marchandise

En outre, il faut aussi épingler la communication qui accompagne ces projets de voitures solaires qui, il faut bien l’avouer, n’en sont pas. La dénomination relève en effet plus de considérations marketing que d’une vraie réalité. Car les voitures solaires sont surtout des voitures électriques équipées de batteries de faible capacité et pour lesquelles les panneaux solaires font office de prolongateur. Il n’est donc pas question de rouler à l’électricité solaire. En outre, il va de soi que la part de propulsion à l’énergie solaire sera très variable selon que l’on roule en Californie ou dans le nord de la Suède, ou encore en Belgique !

En outre, la production d’électricité via les panneaux solaires est beaucoup trop faible pour faire avancer la voiture. C’est mathématique et les évolutions technologiques d’aujourd’hui, bien que nombreuses, ne permettent pas de concentrer davantage d’énergie. Le véhicule fonctionne dès lors plutôt à la façon d’une hybride et si la batterie est vide, celle-ci n’avancera plus, soleil ou pas.

Il ne faut donc pas se voiler la face : la voiture solaire est aujourd’hui plus une utopie et un concept marketing qu’une réalité et une solution d’avenir pour la mobilité électrique. Pas étonnant dès lors que les investisseurs se désintéressent de ces projets, comme on peut encore le constater avec Aptera, un nouveau constructeur qui table sur un véhicule à trois roues censé se déplacer uniquement sur l’énergie récupérée par ses panneaux solaires, et pour lequel aucun budget n’a encore pu être réuni.

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