La prometteuse aventure des batteries Northvolt, c’est fini. L’entreprise vient en effet de déposer définitivement le bilan après des mois de difficultés et diverses tentatives de sauvetage. Créée en 2016, la start-up avait pourtant réussi à mobiliser des investisseurs de premier plan, comme Volkswagen et Goldman Sachs, et à lever plus de 10 milliards de dollars pour développer ses activités. Sauf que l’entreprise n’est jamais parvenue à concrétiser ses objectifs de production.
Mais qu’est-ce qui a mal tourné ? Les raisons sont multiples, mais en premier lieu, il faut pointer la concurrence asiatique. Les coûts de production étaient chez Northvolt nettement supérieurs, ce qui a compliqué l’atteinte de la rentabilité. L’an dernier, BMW a annulé un contrat de 2 milliards de dollars avec le fabricant, ce qui avait aggravé une situation financière qui périclitait déjà. Au final, l’endettement s’est élevé plus de 8 milliards de dollars, une somme colossale qui a été impossible à résorber. L’entreprise s’était mise sous protection du chapitre 11 aux États-Unis et elle a donc finalement déposé le bilan en Suède cette semaine.

L’Europe toujours à contretemps ?
Face à cet échec, l’Union européenne réagit tardivement. Celle-ci vient en effet d’annoncer un vaste plan d’aide au secteur automobile, avec des subventions destinées aux fabricants de batteries européens et étrangers (pour autant pour ces derniers qu’il y ait des partenariats avec les entreprises européennes). Une initiative qui arrive bien trop tard pour Northvolt. Ce retard chronique – qui s’applique aussi à d’autres secteurs, comme celui de l’armement actuellement – révèle un problème plus profond : une incapacité de l’Europe à anticiper les tendances industrielles et à mettre en place une stratégie cohérente pour développer une autonomie technologique.
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Le marché des batteries pour véhicules électriques est dominé à plus de 90% par les fabricants asiatiques, principalement chinois et coréens. Plutôt que de structurer un véritable écosystème européen capable de rivaliser avec ces géants, Bruxelles a trop longtemps misé sur la main invisible du marché. Cette absence de politique industrielle volontariste a laissé Northvolt se battre seul face à des acteurs soutenus par des stratégies nationales solides et des investissements massifs de la part des pays concernés.

Un modèle à repenser d'urgence
L’affaire Northvolt illustre l’urgence d’une refonte du modèle économique européen en matière d’industries stratégiques. Contrairement aux États-Unis et à la Chine qui subventionnent massivement leurs industriels, l’Europe reste prisonnière de dogmes libéraux qui l'empêchent d’agir avec la rapidité et l’ambition nécessaires. Les choses ont tendance à changer avec des plans de soutien annoncés pour l’automobile, la défense (mais dont les deux tiers sont surtout des autorisations pour les États à s’endetter plus) ou l’intelligence artificielle. Mais encore une fois, quelle sera la stratégie déployée ? S’agit-il simplement d’acheter les technologies étrangères ou de se doter de vrais écosystèmes autonomes ? Il est temps en tout cas que l’Europe développe une véritable stratégie industrielle fondée sur l'innovation et la souveraineté technologique.
La faillite de Northvolt inquiète les dirigeants d'autres entreprises du secteur, notamment ACC. Cette dernière appelle à un soutien immédiat pour assurer la montée en puissance de sa Gigafactory, un processus plus long et coûteux que prévu. Yann Vincent, patron d'ACC, a souligné les prérequis nécessaires pour une production efficace de batteries en Europe, incluant une main-d'œuvre qualifiée et des coûts maîtrisés. Il sollicite une aide financière de la France et de l'Europe pour traverser la « vallée de la mort » industrielle. Il ne faudrait pas qu’il y ait d’autres cas Northvolt...
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