C’est à n’y plus rien comprendre : il y a quelques semaines seulement, l’Allemagne a mis la Commission européenne sous pression au sujet de l’interdiction de la vente de nouvelles voitures à moteur thermique dès le 1er janvier 2035. Pour l’Allemagne – soutenue par quelques pays dont l’Italie et la Pologne ou la République tchèque –, il s’agissait de défendre son industrie en imposant le principe des carburants synthétiques neutres en CO2 et qui pourraient donc continuer à alimenter les nouveaux moteurs thermiques au-delà de l’échéance fatidique.
Et ça a marché : la Commission a plié et accepté de faire une proposition de texte autour de l’usage de ces carburants synthétiques, au plus tard pour l’automne 2024. Porsche, Mercedes, Audi sont autant de marques qui, naturellement, soutiennent l’usage de ces e-fuels pour pouvoir continuer à vendre certaines voitures, dont les plus puissantes.
Porsche oui, Volkswagen non
Au sein du groupe Volkswagen, Porsche est particulièrement actif dans la défense des carburants synthétiques. La marque a d’ailleurs déjà investi dans une usine pilote au Chili. Sauf que la politique de Porsche ne semble pas être la politique du groupe… En effet, le patron de la marque Volkswagen Thomas Schäfer vient de critique vertement les carburants synthétiques dans une longue interview donnée à Automotive News Europe.
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Pour lui, « ces travaux sur le carburant synthétique font beaucoup de bruit pour rien. Les moteurs thermiques seront de toute façon morts en 2035. Chez Volkswagen, ils s’éteindront en 2033 et d’ici 2030, nous vendrons déjà 80% de voitures électriques en Europe. Alors, pourquoi dépenser des fortunes dans une vieille technologie qui n’offre aucun bénéfice ? », a déclaré Thomas Schäfer qui précise encore que « nous n’avons déjà pas assez d’énergie, alors pourquoi la gaspiller avec des e-carburants ? »
On comprend la prise de position. Car il faut se souvenir que l’homme ne fait en réalité que défendre la nouvelle stratégie de Volkswagen initiée par Matthias Müller dans la foulée du Dieselgate et qui vise coûte que coûte le passage à la voiture électrique.
Le cas de Porsche – et de la 911 pour ne citer qu’elle – est naturellement très différent, même si le CEO de VW évite de s’en prendre directement aux dirigeants de Porsche : « je ne crois pas que Oliver Blume [le PDG de Porsche] soit à l’origine du travail de lobbying allemand en faveur des biocarburants. Par ailleurs, le débat sur les biocarburants est souvent mal compris. Ils ont un rôle à jouer dans la décarbonisation des voitures existantes, mais ils ne remplaceront pas les véhicules électriques. » Bel esprit d’équipe, mais difficile à croire…
Euro 7
Cela dit, Thomas Schäfer indique que 2035 sonnera la mort du moteur thermique, il compte toutefois exploiter cette technologie jusqu’en 2033, date laquelle VW introduira ses derniers modèles thermiques sur le marché.
De quoi rebondir sur la norme Euro 7 qui provoque… le lobbyisme de Volkswagen auprès de l’Europe. En effet, la marque allemande a demandé que l’introduction de la nouvelle norme Euro 7 soit retardée au moins jusqu’à l’automne 2026 (un an de retard donc) pour les nouveaux modèles, afin que tous les modèles déjà sur le marché puissent également s’y conformer à partir de l’automne 2027.
Thomas Schäfer avoue à moitié ses discussions avec la Commission puisqu’il a déclaré que « nous avons eu beaucoup de discussions par l’intermédiaire du VDA [la fédération automobile allemande] et je dois dire qu’il y a eu beaucoup de malentendus. […] J’ai le sentiment qu’une solution à l’amiable se profile à l’horizon. »
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