ESSAI Ferrari GTC4 Lusso: l’anticonformiste

Cette Ferrari n’a jamais rien fait comme les autres. Longtemps en marge de sa famille, elle veut désormais rentrer un peu dans le rang, et change de nom pour l’occasion.

Publié le 22 septembre 2016
Temps de lecture : 7 min

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ESSAI Ferrari GTC4 Lusso: l’anticonformiste

Dans certains milieux, il est parfois de bon ton de changer de nom… Après avoir fait la révolution dans sa noble famille avec ses allures de break de chasse, ses 4 places, sa banquette rabattable et ses 4 roues motrices, la FF (pour Ferrari Four) veut renouer avec son rang et le prouve en adoptant un nom plus chargé de tradition : GTC4 Lusso.

Pour l’occasion, le modèle s’offre aussi un petit lifting, bien qu’il conserve son profil de grosse chaussure semi-haute… Un look qui a semble-t-il séduit, puisque la Ferrari FF s’est écoulée à plus de 3.000 unités depuis sa naissance, soit un peu plus que la 612 Scaglietti à qui elle succédé. Ferrari familiale et anticonformiste, la FF a aussi contribué à rajeunir l’image de la marque : elle a permis d’attirer des clients 10 ans plus jeunes que la moyenne d’âge habituelle du propriétaire Ferrari (55 ans). Et les conducteurs de FF parcourent aussi beaucoup plus de kilomètres (+50%) que les autres propriétaires de modèles au cheval cabré.

Modificata

Lancée début 2011, la Ferrari FF s’insérait donc dans la longue tradition des Ferrari de Grand Tourisme, même si son look de break de chasse (que l’on doit à Pininfarina) a heurté certains fanatiques de la marque. Cinq ans plus tard, le modèle change de nom. Ferrari aime brouiller les pistes, mais il s’agit d’une évolution plutôt que d’un tout nouveau modèle. En interne, les choses sont d’ailleurs claires : le nom de code du modèle est F151 (comme celui
de la FF) avec un «M» en plus, pour Modificata. Ce qui chez Ferrari indique que l’on a affaire à un lifting plutôt qu’à un véritable nouveau modèle. Ceci dit, sous la carrosserie, tout ou presque a été retouché. La ligne a aussi été redessinée et devient plus effilée et plus aérodynamique (Cx de 0,31 contre 0,33). Visuellement svelte, cette Ferrari, pourtant aussi longue qu’un break Audi A6, ne fait donc pas sa taille.

Break de classe

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A l’intérieur, Ferrari a totalement redessiné la planche de bord. La finition est globalement soignée et l’ambiance moderne avec, derrière le volant, deux petits écrans numériques entourant le gros compte-tours central. à l’arrière, deux adultes de grande taille peuvent prendre place confortablement, sans se tonsurer le crâne contre le ciel de toit ni devoir plier les genoux (Ferrari affirme que l’espace aux jambes a gagné 1,6 cm par rapport à la FF). Seul l’accès à ces places arrière pose problème. Tant qu’à jouer les anticonformistes, cette Ferrari aurait pu s’offrir 4 portes…

Côté soute, elle présente un coffre plus spacieux que celui d’une VW Golf et permet donc d’embarquer sans souci les bagages des quatre passagers. Les dossiers de banquette peuvent par ailleurs se rabattre. L’habitacle peut se couvrir d’un toit panoramique vitré (facturé en option à… 14.500 euros !). Quant au passager avant, il peut toujours disposer d’un petit écran perso, situé au-dessus de la boîte à gants et sur lequel s’affichent les données de navigation, mais aussi la vitesse ou le régime du moteur. Désormais en couleurs, cet écran (très gadget…) est facturé plus de 4.000 euros ! Pour riches geeks…

Un V12 à l’air libre

Sous le long capot avant, point de turbo comme sur les toutes dernières Ferrari (488 et California T). On retrouve ici le bloc 6,3 litres V12 de la FF, qui respire toujours à l’air libre. Mais ce bouilleur atmosphérique a profité de nombreuses modifications, dont un rapport volumétrique augmenté (qui est passé de 12,4:1 à 13,5:1). Au bout du compte, la puissance grimpe de 660 à 690 chevaux. Quant au couple, il passe de 660 à 690 Nm, dont 80% sont disponibles à 1.750 tr/min. L’engin a donc de la reprise… Et pour davantage de confort au quotidien, Ferrari annonce aussi avoir baissé le niveau sonore du moteur à faible charge. De fait, quand on effleure la pédale de droite, le propulseur de la GTC4 Lusso se fait très discret. Et en mode «Auto», la boîte de vitesses robotisée à double embrayage égrène ses 7 rapports sans à-coup. En conduite courante, on apprécie également l’excellent confort de suspension. Les amortisseurs pilotés (de type Magnaride) avalent les bosses et cassures sans nous faire sautiller sur notre siège. Une belle polyvalence, digne du statut d’une vraie GT.

4 roues motrices et… directrices

Mais bien sûr, une Ferrari (break ou pas…) doit pouvoir être menée sportivement sans se désunir. Pour cela, la GTC4 Lusso dispose des ingrédients fondamentaux (à part le poids, qui frôle les deux tonnes…). Ainsi, malgré son gros moteur posé sur le train avant, l’engin affiche une répartition des masses avant/arrière de 47/53%, gage d’une belle agilité. Cette Ferrari conserve aussi sa transmission intégrale très sophistiquée à deux embrayages pilotés, capable également d’assurer une répartition vectorielle du couple, pour renvoyer jusqu’à 90% de la puissance sur la roue avant extérieure au virage.

A cet arsenal, déjà connu de la FF, la GTC4 Lusso ajoute les roues arrière directrices, apparues pour la première chez Ferrari l’an dernier sur la F12tdf. Les roues postérieures pivotent légèrement (dans le sens des roues avant à haute vitesse et dans le sens opposé à faible allure), pour créer un effet de lacet en courbe qui favorise l’agilité sans déstabiliser l’auto. La GTC4 Lusso bénéficie également de nouvelles solutions aérodynamiques, comme un diffuseur à fentes et un aileron arrière intégré au hayon. Par contre, contrairement à d’autres GT, cette Ferrari fait toujours l’impasse sur les dernières assistances électroniques à la conduite, comme le régulateur de vitesse actif ou le système de freinage automatique d’urgence, par exemple.

Fort sage…

En pratique, la vivacité étonne au regard du gabarit. Certes, entre deux lacets de montagne, les freins ont du mal, malgré les gros disques (en carbone céramique de série), mais l’efficacité en courbe est bien réelle. Plus agile que la FF grâce à ses roues arrière directrices, la GTC4 Lusso saute d’une courbe à l’autre sans broncher et sans qu’il soit besoin de finement doser les gaz. La motricité est toujours au rendez-vous. Mais cette efficacité clinique lisse quelque peu les sensations, même si la poussée et la mélodie du V12, qui chante jusqu’à 8.250 tr/min impressionnent toujours. Peu jouette et pratiquement indéboulonnable de l’arrière, cette Ferrari ne procure pas le grand frisson. Mais elle nous épargne la tremblote à la vue des traces d’humidité qui jonchent le bitume… 

Conclusion 

Ce n’est sans doute pas la plus excitante des Ferrari, mais c’est la seule dans laquelle on pourrait presque glisser un VTT… Peu commune, cette GT a bien évolué, pour devenir plus efficace que jamais. De quoi aligner les kilomètres sereinement, d’autant que Ferrari offre garantie et entretiens pendant 7 ans !

La GTC4 Lusso en quelques chiffres

Moteur : 12 cylindres en V à 65°, essence, 6.262cc, 690ch à 8.000tr/min., 697Nm à 5.750tr/min

Transmission : aux 4 roues

Boîte : robotisée 7 rapports

L/l/h (mm) : 4.922/1.980/1.383

Poids à vide (kg) : 1.920

Volume du coffre (l) : de 450 à 800

Réservoir (l) : 91

0 à 100 km/h (sec) : 3,4

+

GT spacieuse, grand coffre

Confort au quotidien très correct

Moteur V12 atmo (le dernier ?) magnifique

Agilité, efficacité sportive

Sécurité 4 saisons 

Prix astronomique, options nombreuses

Gabarit, poids élevé (freinage)

Une peu trop sage pour une Ferrari ?

Cracheuse de CO2…

Prix : 268.414€ TVAC

Puissance : 690 ch

V-max : 335 km/h

Conso. mixte: 15,3 l/100km

CO2 : 350 g/km

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