Après avoir tenté de percer le marché haut de gamme avec une berline classique Safrane, un original monovolume-coupé Avantime, une inclassable Vel Satis ou encore le transfuge d’une berline coréenne du partenaire Samsung, la Latitude, Renault tente à nouveau l’expérience avec une Talisman. Histoire de mettre toutes les chances de son côté, Renault proposera ainsi d’ici quelques mois une gamme complète de quatre modèles destinés à grappiller des parts de marché aux insolentes marques germaniques sur le premium. Outre le monovolume Espace lancé il y a quelques semaines et les déclinaisons berlines et break Grandtour (attendu pour le début de l’année prochaine) de la Talisman, Renault élaborera en effet sur base de la même plateforme un grand SUV d’ici quelques mois.
Style charismatique
Censée reprendre le flambeau à la fois de la grande Latitude du segment D et de sa petite sœur Laguna, dont les ventes se sont révélées décevantes par rapport à celles des deux premières générations, la Talisman affiche une carrosserie qui ne lésine pas sur les centimètres. Elle s’étire sur 4,85 mètres, soit l’encombrement très généreux de la nouvelle Ford Mondeo (4,87). A titre de comparaison, le mètre étalon Volkswagen Passat, pourtant pas du genre chétive, s’étire sur « seulement » 4,76 mètres. Sous l’égide du designer hollandais Laurens van den Acker qui, modèle après modèle, donne un nouveau souffle au style Renault, cette nouvelle berline statutaire affiche une allure charismatique. Son rapport partie tôlée/surface vitrée de 2/3-1/3 confère l’impression de s’installer à bord d’un coupé. Par contre, l’habitabilité à bord est plutôt royale. Et le coffre, très généreux avec plus de 600 litres disponibles, acceptera également d’avaler des valises pour un périple de quinze jours sans problème. Cela dit, les déménageurs assidus attendront tout de même le début de l’année prochaine pour pouvoir commander la variante break Grandtour (moyennant 1.500 euros supplémentaires) dont le hayon se montrera plus pratique d’usage que la malle assez étriquée.
4Control
Même si la voiture semble assez encombrante à première vue, en route, on n’a jamais l’impression de conduire un si long paquebot. Du moins sur les versions équipées, comme nos modèles d’essai, des quatre roues directrices chères à Renault. En ville et sur les trajets sinueux, quand les roues arrière braquent dans le sens contraire des roues avant, cette technique confère une réelle agilité à la Talisman. Et dans les longues courbes rapides, lorsque les roues braquent dans le même sens que les roues avant, la stabilité devient également impériale. Bref, côté efficacité, la Talisman se pose en référence du segment. Sur les routes sinueuses entourant Florence, notre destination d’essai, on s’est vraiment régalé. Configuré en mode Sport, le commutateur de conduite Multi-sense repris de l’Espace rend la Talisman incroyablement incisive dans les courbes serrées et stable dans les enchaînements rapides. Après quelques kilomètres, on optera toutefois pour le mode « perso » qui permet de configurer la voiture à sa main… Et, dans notre cas, supprimer la sonorité artificielle censée « enjoliver » le chant du bloc diesel…
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Même s’il paraît plus à son avantage que sur l’Espace (il a tout de même environ 200 kg de moins à digérer…), l’amortissement piloté optionnel se montre un peu moins convaincant en ne maîtrisant pas toujours parfaitement les battements de roues en conduite soutenue.
Par contre, peu importe le mode retenu, le filtrage reste toujours excellent même avec les grandes roues de 19 pouces réservées à la finition haut de gamme Initiale Paris. Et comme l’insonorisation (du moins avec les vitres latérales feuilletées de nos voitures d’essai) est également très soignée, la Talisman invite vraiment aux voyages. Seul bémol : l’intégration du système des roues arrière directionnelles impose, peu importe la version, de se contenter d’un réservoir de 52 litres. Pour une grande routière, c’est très peu.
En attendant « plus »
Afin de séduire les clients professionnels, dont Renault attend beaucoup, la Talisman peut s’équiper du 1.5 dCi 110ch homologué à seulement 95 g/km. Le reste de l’offre diesel se complète avec le 1.6 dCi, avec un seul turbo et 130 chevaux ou avec une double suralimentation, 160ch. C’est ce dernier que Renault a apporté dans ses valises jusqu’en Italie. Souple et performant, il anime vigoureusement la grande berline et se montre bien accordé avec la boîte à double embrayage à six rapports qui lui est obligatoirement couplée.
Par contre, cette offre se montrera un peu « juste » pour séduire les Allemands habitués aux grosses cylindrées. Et si une mécanique plus puissante pourrait arriver au cours du cycle de vie de la Talisman, il ne faut tout de même pas l’attendre pour demain.
Mais même si la clientèle ne devrait pas se bousculer pour le commander, on trouve également un 1.6 turbo essence proposé en version 150ch (boîte 6 manuelle) ou 200ch (boîte double embrayage 7 rapports). Egalement testée, cette dernière version s’est révélée assez enthousiasmante à manier même si, parfois, la boîte tricote en conduite soutenue.
Sur la bonne voie
Histoire de convaincre des clients évoluant généralement dans l’univers du premium, Renault soigne la présentation et la finition de sa Talisman. La grande tablette verticale implantée sur la console centrale attire directement le regard. Permettant un réglage complet tout azimut (un peu trop, peut-être) de la voiture, elle ne se laisse pas facilement appréhender. L’ergonomie aurait pu être plus simple. L’équipement proposé par Renault poursuit la volonté de montée en gamme : sièges ventilés et massant, volant chauffant, éclairage LED, freinage automatique, régulateur adaptatif… Même si l’armada se montre au final moins complet/efficace que sur les concurrentes les plus établies du segment, comme une Volkswagen Passat par exemple, la Talisman a tout de même le mérite d’offrir un rapport équipement/prix globalement plus alléchant. Son tarif oscille de 25.850 (1.5 dCi Life) à 38.850 euros (1.6 dCi 160 Initiale Paris).
Conclusion
Difficile de se tailler une place au soleil sur le segment des grandes berlines. D’autant plus que celui-ci perd des plumes au profit d’autres déclinaisons de carrosserie plus exotiques. Avec son Talisman, Renault risque tout de même de convaincre nettement plus de clients qu’avec sa Latitude, totalement transparente. Si certains détails (finition, motorisation, équipement, autonomie, amortissement piloté…) montrent que Renault doit encore progresser, d’autres (habitabilité, rapport équipement/prix, comportement dynamique, insonorisation) démontrent que le chemin n’est plus si long !
La Talisman 1.6 dCi 160 en quelques chiffres
Moteur : 4 cylindres en ligne, turbo diesel injection directe à rampe commune, 1.598cc; 160ch à 4.000 tr/min; 380 Nm à 1.750 tr/min.
Transmission : aux roues avant.
Boîte : double embrayage à six rapports.
L/l/h (mm) : 4.848/1.869/1.463
Poids à vide (kg): 1.593
Coffre (l) : 608
Réservoir (l) : 52
0 à 100 km/h (sec.) : 9,4
Points positifs
Efficacité avec les quatre roues directrices
Habitabilité/coffre
Confort de marche
Insonorisation
Rapport prix/équipement
Points négatifs
Petit réservoir
Tablette multimédia peu intuitive
Quelques détails d’équipement et de finition
Amortissement piloté à peaufiner
Prix : 33.850€ TVAC
Puissance : 160 ch
V-max : 215 km/h
Conso. mixte : 4,5 l/100km
CO2 : 115 g/km
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