Fin 2023, le ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo), semblait avoir donné un coup fatal aux ambitions belges pour la voiture autonome. « Les voitures autonomes sont aussi bloquées dans les embouteillages et elles polluent. Pour les longs trajets, il vaut mieux encourager les gens à prendre le train », avait-il déclaré. Plusieurs spécialistes avaient à l’époque soutenu le ministre, arguant que notre réseau routier est trop chargé, qu’il comporte trop de bretelles d’autoroute et que, en bref, l’environnement routier du plat pays était trop complexe pour expérimenter valablement cette technologie qui nécessite encore d’importants développements avant de pouvoir être considérée comme fiable et viable.
Mais c’était sans compter sur la ministre flamande de la Mobilité, Lydia Peeters (Open Vld), dont l’avis était sensiblement différent. En clair, l’initiative sera régionale si elle ne peut pas être fédérale. Un groupe de travail s’est donc réuni pour définir une feuille de route flamande autour de la conduite autonome. Et celle-ci envisage que celle-ci puisse être effective dès 2026 pour le nord du pays. La Flandre souhaite ainsi rejoindre le peloton de tête du secteur en Europe. Car, petit à petit, des initiatives émergent. La semaine dernière par exemple, le gouvernement britannique a approuvé la loi autorisant les véhicules autonomes tandis qu’en Allemagne certains modèles Mercedes sont désormais autorisés à utiliser la conduite autonome en situation d’embouteillage et jusqu’à 60 km/h. C’est un premier pas. La task force flamande n’est pas nouvelle puisqu’elle a été mise en place en septembre dernier, mais, déjà, on constate que ses travaux deviennent de plus en plus concrets.
Une source pour nos futures réglementations
L’ouverture de la Flandre offre en effet des perspectives pour des marques comme Mercedes, Audi, Ford ou même le constructeur de camions Einride, des industriels qui restent déjà tous des véhicules autonomes ailleurs en Europe. Le gouvernement régional semble donc suivre l’idée de Renault ainsi que celle de Tesla, pionnier du genre. Cela signifie donc que la conduite autonome est aujourd’hui surtout envisagée dans le cadre des transports en commun et beaucoup moins dans le cadre des transports individuels comme les voitures particulières. Le focus est donc mis sur les robots taxis (Tesla) ainsi que sur les navettes (Renault). Lydia Peeters explique que « des pays comme les États-Unis et la Chine sont des leaders en matière de transport autonome. Des centaines de véhicules autonomes circulent actuellement dans de nombreuses villes. Ces expériences doivent servir d’inspiration pour nos réglementations. »
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L’ambition de la Flandre est là : pouvoir disposer de licences pour l’exploitation de robots taxis et de robots-navettes d’ici la fin du mois de juillet 2026. Cela dit, si la Flandre veut prendre les devants, elle ne pourra toutefois pas jouer les cavaliers seuls et elle devra coopérer avec le pouvoir fédéral pour élaborer ces futures réglementations. En cela, les résultats des élections du 9 juin prochain (et les futurs ministres de la Mobilité) seront déterminants dans la poursuite ou non de cette politique favorable à la conduite autonome et à son aboutissement en 2026.
Le Limbourg se place sur la carte
Plusieurs acteurs flamands sont intéressés par cette volonté politique régionale. La société de transport public De Lijn a déjà mis en place un projet pilote de bus autonome du côté de Louvain et elle vise à déployer une quinzaine de véhicules dès 2026 en espérant passer à 80 dans une seconde phase. Bien entendu, ces véhicules ne seront pas lâchés dans la nature et ils suivront un itinéraire strictement défini. Le Limbourg – qui n’est pourtant pas la province natale de la ministre Peeters – a même réalisé une première européenne et exploitant 5 navettes autonomes dans les parcs des terrils et qui transportent les visiteurs sans aucune intervention humaine. Le projet a déjà passé haut la main la phase de test et il est tout simplement sans équivalent ailleurs en Europe.
Bien sûr, déployer des navettes sur un site minier totalement clos à la circulation est très différent que de les faire circuler sur des routes ouvertes et fréquentées. Mais la Flandre marque sa volonté d’avancer et de ne pas attendre, comme Georges Gilkinet le souhaitait, le niveau 5 de la conduite autonome, c’est-à-dire le plus évolué qui n’arrivera certainement pas avant 20 ou 25 ans. S’il arrive…
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