Selon l'organisme de surveillance italien, les constructeurs présenteraient aux clients des informations trop rares ou volontairement tronquées. L'autonomie promise ? Elle s'avère souvent irréalisable dans la réalité. L'impact du froid, le comportement de conduite et l'utilisation de la batterie ? Ils n'en parlent guère. Des batteries qui se dégradent plus vite que prévu ? Les brochures sont muettes à ce sujet. Les autorités italiennes sentent le danger et ont ouvert une enquête sur ce qu'elles appellent « d'éventuelles pratiques commerciales déloyales ».
Un brouillard d'informations contradictoires
Ce qui est particulièrement exaspérant, c'est que les informations figurant sur les sites web des marques automobiles sont parfois considérées comme non seulement vagues, mais aussi carrément contradictoires. Les consommateurs peuvent trouver une autonomie indiquée, mais nulle part il n'est expliqué à quelle vitesse cette autonomie fond comme neige au soleil dans certaines conditions de conduite. La question qui se pose alors est la suivante : dans quelle mesure les fabricants font-ils en sorte que leurs clients puissent choisir en connaissance de cause ?
Entre-temps, la Guardia di Finanza, la police financière italienne, s'est saisie de l'affaire et a effectué la semaine dernière des perquisitions aux sièges italiens des constructeurs automobiles concernés. Tesla, quant à lui, a une certaine expérience de ce type d'enquête : la marque a déjà dû répondre en Europe et aux États-Unis pour avoir fait de l'esbroufe à propos de son aide à la conduite autonome - une bataille juridique qu'elle a d'ailleurs gagnée à de nombreuses reprises.
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10 millions d'euros ou plus ?
Les conséquences de l'enquête pourraient être lourdes. Si les entreprises sont reconnues coupables de pratiques trompeuses, elles risquent une amende pouvant aller jusqu'à 10 millions d'euros. Mais il pourrait y avoir pire : l'affaire pourrait déclencher une réaction en chaîne dans d'autres pays européens, où les autorités de réglementation examinent de plus en plus attentivement la manière dont les constructeurs automobiles commercialisent leurs voitures électriques. Les services de marketing de plusieurs constructeurs pourraient se retrouver en consultation de crise.
Des quatre constructeurs poursuivis, seul Stellantis a déjà donné une réponse officielle. La société mère de Peugeot, Opel, Fiat et Alfa Romeo, entre autres, souligne qu'elle « coopère pleinement à l'enquête » et qu'elle a remis aux autorités tous les documents demandés. La satisfaction des clients est au cœur de notre activité et nous sommes convaincus que l'enquête le confirmera », a déclaré le constructeur. Tesla, Volkswagen et BYD gardent pour l'instant la bouche cousue.
Ce qui est frappant, c'est que cette affaire n'est pas seulement une question juridique, mais aussi le symptôme d'un problème plus profond : les ventes de voitures électriques sont en plein marasme en Italie. Seuls 64 983 véhicules électriques ont été vendus en 2024, soit une baisse de 2 % par rapport à l'année précédente. La part de marché des voitures électriques reste bloquée à un maigre 4,2 %. Compte tenu de ces chiffres, il n'est pas surprenant que les marques automobiles rendent leur stratégie de marketing aussi attrayante que possible - mais peut-être un peu trop attrayante ?
L'action en justice
Les organisations de consommateurs telles que Codacons sont déjà satisfaites de l'enquête. Elles affirment que les clients sont trop souvent confrontés à des demi-vérités. La communication sur les voitures électriques manque trop souvent de transparence, quand elle n'est pas carrément trompeuse », affirment-ils. L'organisation envisage une action en justice s'il s'avère que les constructeurs automobiles dissimulent délibérément des informations cruciales.
L'affaire continue d'évoluer, mais une chose est sûre : ce dossier pourrait avoir des conséquences considérables, tant sur le plan financier que sur celui de la confiance des consommateurs. Car si les voitures électriques sont l'avenir, les clients veulent aussi savoir ce qu'elles valent vraiment - et pas seulement ce qui figure dans une brochure bien léchée.
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