Depuis 1999, Nissan et Renault ont formé une alliance qui a pesé sur le monde automobile, même si elle a naturellement été inspirée des ambitions stratégiques et financières. Ce modèle a encore été renforcé par l'arrivée d'un troisième partenaire : Mitsubishi. Mais il y a eu un point bascule du projet qui a fissuré cet édifice : lorsque son architecte, Carlos Ghosn, a été démis de ses fonctions pour de nombreux abus personnels.
Depuis lors, le partenariat s'est figé et c’est la voie de l’indépendance qui a été privilégiée par chacun des partenaires. Renault s’est développé, mais Nissan, lui, s’est effondré. Dans l’urgence, le Japonais a même cherché à se rapprocher de Honda pour fusionner. Une option que Renault n’a pas explorée, le Français étant même prêt à abandonner sa participation dans l’Alliance.
Lâcher prise sans renoncer
Les négociations autour d’une fusion entre Nissan et Honda n'ont pour l'instant pas abouti. Mais elles ont déjà coûté la tête du patron de Nissan, Makoto Uchida. Cela dit, Nissan ne peut pas continuer de vivre sur le même pied ou dans la même logique que son partenaire français. D’où l’intérêt pour les deux parties de conclure un nouvel accord. Cette signature n’est donc pas si inattendue. En réalité, les deux parties travaillent depuis 2023 à la « dissociation » de leur actionnariat, sans pour autant abandonner complètement l’idée d’une coopération industrielle.
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Concrètement, les deux constructeurs automobiles vont réduire leur participation mutuelle à 10%, contre 15% auparavant. Le constructeur japonais, peu performant, voit dans cet ajustement une opportunité de libérer une manne de cash bienvenue tandis que pour Renault, elle va garantir une plus grande marche de manœuvre sur les marchés en croissance.
Le nouveau contrat prévoit que Nissan a aujourd’hui la possibilité de vendre des actions Renault, pour obtenir de nouvelles liquidités. En outre, le constructeur japonais se libère aussi d'un engagement qui l’obligeait à investir 600 millions d'euros dans Ampere, la filiale de Renault spécialisée dans les véhicules électriques et les logiciels.
La Twingo aussi pour Nissan
Cela dit, même si Nissan n’investira pas, le projet Ampère restera un point central du partenariat. À partir de 2026, cette division construira en effet une nouvelle Nissan, conçue sur la base de la Renault Twingo. Il s'agira d'un modèle électrique d'entrée de gamme destinée au marché européen. Pour Renault, il s’agit d’un moyen de mieux utiliser ses capacités de production en Europe tandis que pour Nissan, cette alliance garantit le contrôle des coûts.
Parallèlement à ce réalignement financier et technologique, Renault va aussi entrer dans une coentreprise indienne avec Nissan. L'usine de Chennai, qui produit actuellement environ 130.000 voitures par an, sera détenue à 100% par le groupe français, ce qui ouvrira des perspectives pour Renault sur ce marché en croissance. L’objectif est à terme d’en sortir 400.000 véhicules par an, soit une capacité nettement supérieure à l’actuelle. La reprise de la participation de 51% de Nissan coûtera environ 200 millions d'euros.
Le nouveau PDG de Nissan, Ivan Espinosa, qui a pris récemment ses fonctions, a souligné l'importance de l'Alliance. « Nous restons attachés à ce partenariat stratégique pour améliorer notre efficacité et répondre à l'évolution des conditions du marché », a-t-il déclaré.
Le nouvel accord de cohabitation entre Renault et Nissan – de même que l’autorisation pour Nissan de ne pas investir dans Ampere – doit encore être approuvé. Ce devrait être chose faire d’ici la fin mai 2025. L’histoire qui avait commencé comme un partenariat symbiotique évolue maintenant vers une collaboration plus commerciale et plus agile. Mais au moins les liens ne sont pas rompus et chaque partie pourra y trouver son compte.
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