Économie

Les futures usines européennes de batteries déjà menacées

Si l’Europe ambitionne d’organiser rapidement sa propre production de batteries, l’ONG Transport & Environment estime que la majorité des projets d’usines est déjà menacée. En effet, ces méga-usines pourraient être en fait construites aux États-Unis, où l’Inflation Reduction Act prévoit de plantureux subsides.

David Leclercq David Leclercq | Publié le 10 mars 2023 | Temps de lecture : 7 min

Si l’Europe est un des leaders politiques mondiaux dans la transition vers la voiture électrique, il n’en va pas tout à fait de même pour son industrie qui, bien qu’elle multiplie les modèles électriques, reste largement dépendante de l’extérieur pour se fournir en composants et notamment en batteries. Cette dépendance est naturellement identifiée et aussi problématique puisqu’elle la liberté de nos industriels.

Ces derniers mois, l’Europe s’est donc lancée dans un vaste processus de réindustrialisation qui concerne la production des batteries. Les engagements ont été nombreux tout comme les promesses de construction de nouvelles gigafactories. Très bien, sauf qu’à l’heure de passer aux actes, les engagements peinent à se concrétiser.

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En effet, les investissements prévus par les industriels pourraient en fait ne jamais être réalisés sur les terres européennes, mais détournés vers les États-Unis. C’est en tout cas ce que prédit Transport&Environment (T&E) dans un communiqué. L’organisme avance que « plus des deux tiers (68%) des usines de batterie lithium-ion sont menacées d’être retardées, réduites de taille ou annulées ».

Tesla, mais pas seulement

Le responsable de cette situation, c’est Joe Biden et son fameux Inflation Reduction Act (IRA) qui entend créer des conditions idéales pour les industriels qui viendraient fabriquer leurs batteries sur le sol américain. À la clé, de gros subsides qui en font manifestement réfléchir plus d’un. Tesla n’a pas hésité d’ailleurs très longtemps. Le constructeur vient d’annuler son projet d’usine de batteries près de Berlin. Et Elon Musk n’est pas le seul à penser comme cela : les projets de Northvolt au nord de l’Allemagne et d’Italvolt pourraient si pas être annulés, perdre l’essentiel de leur capacité.

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La Belgique n’a pas encore de gros projet de production de batteries. Nous ne serons donc pas affectés par la situation. Cela dit, notre territoire ne pourra pas non plus se créer l’opportunité d’accueillir ce type d’installation et les emplois qui vont avec.

L’Europe en mauvaise posture

L’IRA qui accorde des avantages (tant aux industriels qu’aux acheteurs de véhicules électriques) aux voitures « made in USA » est particulièrement handicapant pour l’Europe et pour notre activité économique. Même Volkswagen a stoppé un projet d’usine géante et envisage désormais de produire aux États-Unis puis de rapatrier ses véhicules en Europe pour bénéficier des largesses financières américaines.

Dans son analyse, T&E indique que l’Europe se trouve prise entre le feu des USA et de la Chine pour ce qui touche à la fabrication de batteries. Et l’organisme est clair : « L’Europe doit agir ou elle risque de tout perdre. » La tendance est claire : BloombergNEF, les nouveaux investissements dans des usines de batteries lithium-ion a chuté de 41% en 2021 à 2% en 2022, sauf sur ces deux territoires, où ils continuent de croître…

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L’Europe doit s’organiser

Mais le plus regrettable est sans doute l’incapacité actuelle de l’Europe de répondre de manière coordonnée à ce risque industriel. Pourtant, la Commission avait proposé que les États membres accordent des aides à ces projets, acceptant donc de revenir sur les règles du marché unique qui interdisent les subsides susceptibles de déboucher sur de la concurrence déloyale.

Selon T&E, il faudrait que l’Europe arrive à coordonner une réponse avec, par exemple, la constitution d’un fonds d’investissement central accessible à tous les pays membres en priorité pour les chaînes de valeurs des batteries. Le 14 mars 2023, la Commission devrait d’ailleurs présenter son Net Zero Industrial Act doublé du Critical Raw Materials Act qui devrait ouvrir des pistes de solution pour assurer l’accès aux matières premières essentielles. Mais si ces initiatives ne sont pas suffisamment ambitieuses, l’industrie européenne pourrait payer très cher la transition vers la voiture électrique. Car si notre marché devait se réduire à un marché d’importation, cela signifierait aussi une fuite des cerveaux et une mise à genoux des consommateurs qui devront se contenter des produits étrangers importés et qui ne prendront plus – ou si peu – leurs préoccupations en compte… Rendez-vous le 14 mars !

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