Les voitures chinoises sont davantage vendues dans ces pays et ce n’est pas en Europe

Pendant des mois, les économistes et les observateurs ont fait planer le spectre d’une invasion de voitures chinoises sur les routes européennes. Mais cette déferlante n’a pas eu lieu. Une analyse de Bloomberg montre les pays où les voitures chinoises sont les plus présentes. De quoi casser les idées reçues...

Publié le 10 avril 2025
Temps de lecture : 5 min
Les voitures chinoises sont davantage vendues dans ces pays et ce n’est pas en Europe

L’industrie automobile chinoise a connu une montée en puissance phénoménale et probablement inédite ces dernières années, particulièrement dans le secteur de la voiture électrique. Cette ascension a fait peur, au point que de nombreux observateurs ont rapidement avancé l’idée que les voitures chinoises allaient littéralement déferler sur les routes de la vieille Europe, condamnant par la même occasion les constructeurs européens.

Mais ce scénario n’a pas eu lieu. Certes, les voitures chinoises s’infiltrent de plus en plus, mais elles ne le font finalement pas plus vite que ce que l’on a connu avec les voitures japonaises, puis coréennes il y a quelques dizaines d’années. Mais quelle est la stratégie des constructeurs de l’empire du Milieu ? Car ceux-ci ont grand besoin d’exporter leur production étant donné leurs ambitions de croissance, mais aussi la faiblesse de la demande intérieure.

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En Asie et ailleurs ?

On croit toujours que l’endroit où l’on vit est – ou ressemble – au centre du monde. Les Européens aussi. Or, il ne faut pas oublier que l’Europe, comme les États-Unis ne sont pas les marchés les plus accueillants pour les voitures chinoises. Car il faut se souvenir que l’Europe a récemment levé des droits de douane sur les voitures électriques (variables en fonction de la marque concernée) en provenance de cette partie du monde tandis que de l’autre côté de l’Atlantique, Joe Biden avait augmenté les droits de douane à 100% en mai 2024.

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De ce fait, les constructeurs chinois ont cherché d’autres débouchés pour leurs produits. Et ils en ont trouvé. Selon une étude de Bloomberg et de S&P Global Mobility, il apparaît que les marchés inondés de voitures chinoises sont la Thaïlande, l’Afrique du Sud ou encore le Brésil. Et ça marche, car les voitures chinoises sont, comme on peut d’y attendre, moins chères et mieux équipées que les valeurs établies sur ces marchés tandis qu’elles font moins l’objet de vols. Great Wall, BYD, Chery Automobile et SAIC Motor y font donc des affaires. Au Chili, autre pays d’accueil pour les voitures chinoises, celles-ci représentent aujourd’hui 30% des ventes globales et, plus près de chez nous, la Turquie constitue aussi un territoire de choix avec une augmentation des parts de marché de +8% au cours d’un seul trimestre en 2024. Notons que la Belgique est répertoriée, mais uniquement parce que nos ports sont des plaques tournantes pour la distribution des véhicules.

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© Bloomberg

Selon l’association des constructeurs automobiles chinois, les constructeurs locaux ont exporté près de 4,9 millions de voitures particulières en 2024, un volume en hausse de +20% par rapport à l’année précédente. En 2020, le pays n’exportait même pas un million de voitures. Le contraste est donc saisissant.

Une croissance qui ne fait que commencer ?

Pour certains analystes, cette croissance chinoise à l’exportation dans le secteur automobile n’est qu’un début. Selon le cabinet AlixPartners, la part de marché mondial des marques chinoises à l’export pourrait atteindre 13% d’ici 2030, contre 3% aujourd’hui. Certaines régions du monde connaîtront une pénétration plus soutenue que les autres. En Afrique et au Moyen-Orient, la croissance pourrait même atteindre les +39% ! N’oublions pas que l’essentiel de la production des voitures chinoises est toujours à moteurs thermiques.

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© Bloomberg

Les constructeurs européens sont conscients de cette conquête. Et certains d’entre eux n’hésitent pas à faire de la place aux Chinois. Ford a stoppé ses ventes au Brésil par exemple et cédé ses outils de production à... BYD. Idem en Allemagne où Volkswagen ferme certaines de ses usines et songe toujours à les céder à des constructeurs de l’empire du Milieu, particulièrement désireux de s’installer chez nous, notamment pour éluder les droits de douane.

La force électrique

L’étude de Bloomberg montre que les pays comme la Thaïlande ou le Brésil ne sont pas clients que des voitures thermiques ou hybrides. La progression des voitures électriques chinoises y est en effet fulgurante alors qu’on aurait pu penser ces pays moins développés autour de cette technologie, notamment pour le réseau de recharge. Mais ce n’est pas le cas, car la Thaïlande par exemple offre des subventions et toutes sortes d’incitants fiscaux. Résultat : les ventes d’électriques ont bondi de +600% en 2023, atteignant 9,5% du volume des ventes. Et en 2024, on est même passé à 12% du volume global. Et la domination des marques chinoises est écrasante : elles détiennent 71% du marché !

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© Bloomberg

Mais en Europe aussi, les marques chinoises convainquent de plus en plus. MG a par exemple livré l’an dernier 240.000 voitures sur le vieux continent, soit une croissance de +20% en l’espace d’un an. Si ce n’est pas encore officiel, BYD devrait avoir atteint les 186.000 véhicules vendus chez nous l’an dernier et il compte atteindre les 400.000 unités d’ici 2029. Pas de déferlante en Europe donc, mais une implantation qui sera clairement durable.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile
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