Économie

Aux États-Unis, les droits de douane vont faire doubler le prix des voitures chinoises

Les États-Unis adoptent des mesures fortes de protectionnisme vis-à-vis des voitures chinoises importées sur leur territoire. Joe Biden et son administration ont décidé de quadrupler les droits de douane concernant celles-ci. Une décision qui va inspirer l’Union européenne ?

Piet Andries | Publié le 15 mai 2024 | Temps de lecture : 9 min

Le Président des États-Unis, Joe Biden, vient de résoudre un problème qui n’existait pas encore. En effet, celui-ci vient de décider de presque quadrupler les droits de douane sur les voitures chinoises importées sur le territoire américain, et ce alors qu’il n’y a encore qu’une poignée de modèles disponibles à la vente. En effet, à part la Polestar 2 et la nouvelle gamme de Lotus, la Chine est encore absente de ce marché.

Joe Biden prend donc les devants et, avec cette décision, il anticipe la prochaine déferlante attendue de voitures chinoises. Car des constructeurs comme Nio ou BYD s’apprêtent à frapper à la poste du marché nord-américain, le deuxième plus grand du monde après la Chine, car il représente une très belle opportunité pour résoudre les problèmes de surstocks actuellement rencontrés par tous les constructeurs de voitures électriques.

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L’arrivée des marques automobiles chinoises sur le sol américain serait certainement un succès, et ce pour des raisons évidentes : un prix de vente (dû aux coûts de production nettement inférieurs) et des subventions publiques octroyées par le gouvernement américain.

Des droits de douane plus élevés

La Maison-Blanche a donc décidé de mettre des limites à cette perspective d’invasion. Et la question qui se pose aujourd’hui, c’est de savoir si cette mesure américaine pourrait influencer la position de l’Europe dans cette matière ? Concrètement, le gouvernement américain augmente les droits de douane sur les voitures chinoises de 25% à 100% – ainsi que d’autres produits, tels que les panneaux solaires. Et si on ajoute la taxe supplémentaire de 2,5% appliquée à chaque voiture construite en dehors du territoire nord-américain, la taxe totale s’élève désormais à 102,5%.

Ce qui signifie que tout modèle de BYD ou de Nio qui débarquerait sur le sol américain verra pratiquement son prix multiplié par deux. De cette façon, les voitures chinoises seraient aussi chères à l’achat que les voitures des constructeurs occidentaux.

La solution d’une production locale ?

L’objectif de Joe Biden est naturellement de préserver son industrie et l’emploi américain. Et, bien entendu, la levée de cette taxe a aussi une dimension électorale puisque les campagnes présidentielles battent leur plein. À ce sujet, Donald Trump, l’opposant républicain, a comme à son habitude renchéri et indiqué qu’il demanderait, lui, une taxe de 200% sur les voitures chinoises importées, un impôt aussi imaginé sur les voitures chinoises qui seraient fabriquées au Mexique. Il faut savoir que les États-Unis possèdent un accord commercial avec leur voisin du sud avec des règles d’importation allégées. En toute logique, les constructeurs chinois lorgnent donc sur ce territoire pour construire leurs futures usines – même si le Mexique s’est engagé à ne pas subsidier les industriels chinois. Dans ce contexte, produire localement semble constituer l’unique solution pour les Chinois. C’est d’ailleurs ce que fait Polestar pour son clone du Volvo EX90, la 3, qui est construite en Caroline du Sud et donc non plus en Chine.

Une enquête

Cette décision de Joe Biden ne tombe pas non plus de nulle part et elle fait en réalité suite à une enquête qui a duré 4 ans au sujet des aides d’État de Pékin à son industrie et jugées déloyales. Une enquête menée par la Commission européenne vient d’arriver aux mêmes conclusions (le document final est attendu pour novembre de cette année), détaillant même les pratiques du gouvernement chinois. Des mesures ont d’ailleurs été prises.

Ainsi, toutes les voitures chinoises entrant dans l’Union seront enregistrées et pourront faire l’objet d’un droit d’importation complémentaire sur lequel une décision est attendue en juillet 2024. Actuellement, les taxes douanières sur les produits des marques automobiles chinoises sont fixées à 10% alors que les Européens quoi vendent en Chine sont soumis à des droits de douane de 15%. Le déséquilibre n’en est que plus grand encore.

Entre le marteau et l’enclume

Cela dit, l’Europe n’est pas l’Amérique. Et, contrairement au pays de Biden, de nombreuses marques automobiles chinoises sont déjà implantées chez nous. En outre, les projets pour assembler localement et contourner les droits d’importation sont déjà aussi beaucoup plus avancés chez nous. BYD construira ainsi une usine en Hongrie, Chery en Espagne, tandis que les modèles Leapmotor sortiront de la chaîne de montage de Stellantis en Italie. Un quadruplement des droits de douane est donc peu envisageable chez nous, d’autant que les sanctions chinoises ne se feraient sans doute pas attendre, notamment vis-à-vis des constructeurs allemands qui exportent vers la Chine. Si l’Europe durcit le ton, Pékin le fera sans doute tout autant. Et comme l’empire du Milieu est le premier marché automobile du monde, on sait (presque) déjà qui aura le dernier mot. Une guerre commerciale engendrerait donc trop de dommages collatéraux.

Enfin, il faut aussi noter que de nombreuses marques automobiles chinoises détiennent des participations importantes dans des marques européennes. C’est notamment le cas de Geely, qui a non seulement acheté Volvo, Lotus et, en partie, Smart, mais qui est également l’un des grands actionnaires de Mercedes (9,6%). Il n’est donc pas étonnant que le grand patron Ola Källenius demande aux autorités européennes de réduire les droits d’importation sur les marques chinoises. Mais, la bataille de Joe Biden montre surtout la réalité et le déséquilibre qu’il existe : même avec une taxation à l’entrée de 25%, les marques chinoises parviennent à rester plus compétitives. L’Europe se trouve donc pile entre le marteau et l’enclume.

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