Les marques automobiles chinoises vont-elles se dévorer entre elles ?

Comme si l’étau occidental des droits de douane à l’importation ne suffisait pas à leur couper l’herbe sous le pied, la saturation interne du marché intérieur fait également office de bombe à retardement pour la prolifération des marques automobiles chinoises. L’une triomphe, mais pas sans piétiner l’autre. Tentative d’explication.

Publié le 3 septembre 2024
Temps de lecture : 4 min

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Les marques automobiles chinoises vont-elles se dévorer entre elles ?

Les derniers chiffres financiers des marques automobiles chinoises sont on ne peut plus contrastés. D’une part, les grands acteurs affichent des ventes record, qui font suite à d’importants bénéfices, et semblent pour l’instant à l’abri du refroidissement du marché des véhicules électriques et des barrières imposées par les droits de douane en Europe, aux États-Unis et au Canada. Mais derrière ces chiffres, c’est un marché unique qui ralentit et qui pèse sur les petites marques automobiles.

Les grands noms BYD et Geely font partie des béliers imparables. Au terme des six premiers mois, ce dernier groupe automobile a vendu environ un million de voitures, soit une hausse de 41 % et un bénéfice record de 1,3 million d’euros. Fort de ce vent favorable, le groupe automobile a déjà revu ses objectifs à la hausse et pense trouver 100 000 clients de plus qu’initialement prévu d’ici la fin de l’année.

BYD plus grand que Nissan et Honda

La marque automobile la plus connue de Chine connaît également une période faste. Au cours du seul deuxième trimestre, BYD a vendu près d’un million de voitures, soit deux fois plus que son rival Geely, et la marque prévoit de vendre 3,6 millions d’unités d’ici à la fin de l’année. BYD est déjà plus important que Nissan et Honda et occupe la septième place dans le classement des plus grandes marques automobiles au monde. Mais cette croissance impressionnante s’accompagne d’une ombre qui montre clairement que le secteur automobile chinois se divise en un camp de gagnants et de perdants.

La semaine dernière, Xpeng a annoncé des ventes pour le troisième trimestre bien inférieures aux attentes des analystes, et Li Auto s’est jointe à eux avec des résultats décevants. Elle a vu ses bénéfices chuter de plus de 70 %, ce qui est nettement plus grave que prévu. Ces marques avaient pour objectif de se hisser parmi les dix plus grands fabricants chinois de véhicules électriques. Grâce à ces ambitions, Xpeng a également réussi à attirer les investissements de Volkswagen, mais il existe un risque d’une affaire tumultueuse si la marque ne parvient pas à se redresser.

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Les marques de prestige s’en sortent

Jiong Shao et Lian Xiu Duan, analystes chez Barclays, commentent le résultat de BYD dans Automotive News : « C’est impressionnant, étant donné que la plupart de ses concurrents dans le secteur des véhicules électriques en Chine et dans le reste du monde subissent des pertes importantes et sont confrontés à des problèmes potentiels de liquidités depuis un certain temps ». L’image devient également révélatrice lorsque l’on examine de plus près les comptes de Geely, pourtant pleins d’espoir : pour les marques de prestige au sein du groupe, c’est la débandade. Lotus a réussi à doubler ses ventes cette année, mais les pertes ont également augmenté pour atteindre 225 millions de dollars cette année.

Il en va de même pour Polestar, qui a dû se contenter du seul Model 2 pendant bien trop longtemps en raison de problèmes de production. Le constructeur de véhicules électriques haut de gamme a également dû passer 242 millions de dollars dans le rouge et la marque se prépare à un changement de cap sous un nouveau régime. Le grand patron de la première heure, Thomas Ingenlath, laisse la place à Michael Lohscheller. Vous vous souvenez peut-être de lui chez Opel, où il a réussi à rendre la marque rentable après des décennies de pertes. Un autre point noir pour Geely est qu’il dispose de la plus grande capacité de production de toutes les marques chinoises, mais cela pourrait devenir un boulet si les marchés restent à la traîne.

En plus des vents contraires internationaux – bien que seule une poignée de groupes automobiles soient pleinement actifs en dehors de la Chine – la guerre des prix dans leur pays d’origine reste le plus gros problème des marques chinoises. BYD a également vu son bénéfice par modèle diminuer malgré la croissance des ventes, mais la marque parviendra néanmoins à renforcer sa position, car elle ne dépend pas uniquement des voitures électriques. Selon le cabinet de conseil AlixPartners, moins de 20 marques chinoises de véhicules électriques seront rentables d’ici la fin de la décennie. Les premiers consolideront le marché et les marques de rang inférieur commenceront à disparaître d’ici deux ans par manque d’argent. La guerre des prix est une méthode cruelle mais efficace pour corriger le marché.

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