Les constructeurs chinois sont puissants, dominent toute la chaîne de valeur de la voiture électrique et vont écraser le reste du monde : voilà ce que beaucoup pensent, estimant que l’industrie automobile occidentale accuse aujourd’hui un retard en la matière qu’il est impossible de rattraper. Ce n’est par contre pas tout à fait l’avis des analystes et notamment ceux du consultant économique Alixpartners. Pour eux, les constructeurs chinois sont plutôt en état de grande fragilité tandis qu’ils vont peiner à atteindre le seuil de rentabilité. Ce ne serait pas avant 2030.
Selon Alixpartners, seules 19 des 137 marques chinoises seront rentables… d’ici à la fin de la décennie. Et les autres ? Ils disparaîtront, se consolideront (absorbé par un plus gros) ou ne capteront qu’une part de marché symbolique.
Les raisons de la fragilité
Mais pourquoi les constructeurs chinois seraient-ils tous au bord des difficultés ? Tout simplement parce qu’en Chine, la guerre des prix fait rage. Elle dure en effet depuis près de deux ans maintenant et elle pèse logiquement sur les marges. En clair : les constructeurs chinois sont loin de bien gagner leur vie. Cette guerre des prix est en outre entretenue par les grands acteurs, comme Tesla ou BYD. Et tant que ces constructeurs ont encore des (petites) marges brutes, ils continueront à se faire la guerre, ce qui ne manque évidemment pas d’affaiblir encore plus les marques moins solides financièrement.
En Chine, le prix moyen de vente d’une voiture a chuté de -13,4% l’an dernier, mais dans le même temps, la marge des constructeurs a progressé de 7,8%, ce qui démontre la maîtrise évidente des processus de production chinois. Les Chinois parviennent donc continuellement à réduire leurs coûts en mettant la pression sur leurs fournisseurs et en développant des véhicules dans des temps toujours plus courts.
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33% du marché mondial en 2030 ?
D’ici 2030, les analystes estiment que la Chine détiendra 33% du marché mondial des voitures et 45% des voitures dites « à énergie nouvelle », c’est-à-dire les électriques et les hybrides rechargeables. Inquiétant ? Oui et non, car les modèles ont été aussi revus et il apparaît que le taux de pénétration des marchés étrangers ne sera finalement pas aussi brutal que prévu au départ, notamment en Europe (12% au lieu des 15% prévus) où les droits de douane devraient ralentir la progression de l’empire du Milieu.
Les observateurs estiment que la prise de risque des constructeurs chinois et la stratégie de conquête rapide paient néanmoins : développer et puis s’occuper des réglementations en vigueur pour aller plus vite, disposer d’aides d’État ou encore permettre au personnel d’effectuer jusqu’à 140 heures supplémentaires par mois alors que le niveau chez les autres constructeurs plafonne à 20 heures par mois – et encore.
Mais bien évidemment, c’est l’état de santé du secteur automobile chinois pose aussi question. On se doute que la consolidation de BYD sera inéluctable, de même que la croissance d’un certain Leapmotor associé à Stellantis ou d’un Xpeng associé à VW. Le tout est dès lors de savoir pendant combien de temps le gouvernement chinois soutiendra ses industriels à coup de subsides, de prêt à taux plancher, de terrains acquis à bas coût, etc. En effet, si ces pratiques déloyales continuent, les constructeurs chinois n’auront pas besoin d’être rentables pour continuer à conquérir le monde.
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