Cette semaine, les PDG de Mitsubishi Motors, de Nissan et de Honda ont lancé officiellement les pourparlers visant à faire de ces trois marques (ou groupes) une entité fusionnée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet est ambitieux, car les marques ont pour objectif de finaliser un accord d'ici juin 2025 et de créer la société holding avant août 2026 ! Habituellement, les processus de fusion de cette envergure prennent plusieurs années.
On peut donc dire qu’on est sur un temps très court. D’ici août 2026, les protagonistes voudraient bien aussi introduire la nouvelle entité en bourse, sous réserve de l’approbation des actionnaires. L’idée est probablement d’aller vite pour perdre le moins de temps possible dans un marché tendu et une domination technologique en passe de tomber en main des constructeurs chinois. Ça se comprend. Et si cela se réalise, c’est même plutôt malin.
Un poids lourd, mais un leader
Le PDG de Honda, Toshihiro Mibe, a déclaré que « nous avons le potentiel pour devenir une entreprise leader de classe mondiale dans le domaine de la nouvelle mobilité. D'ici 2030, nous avons besoin de l'artillerie nécessaire pour être compétitifs sur le champ de bataille. Nous commençons donc aujourd'hui. »
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Dans le montage imaginé – certes encore de manière embryonnaire –, ce serait Honda qui devrait nommer la majorité des administrateurs ainsi que le CEO de la nouvelle société. On n’a évidemment pas encore les détails, mais cela signifie que ce serait donc Honda qui deviendrait le leader dans la nouvelle société, ce qui s’explique par sa position de force, alors que Nissan est en difficulté. Le capital boursier de Honda est d’ailleurs supérieur. C’est donc la logique du plus fort qui l’emporte. Cela dit, cette association ne sera toutefois pas un sauvetage de Nissan, car chacune des parties attend une stabilisation des activités du partenaire. C’est d’ailleurs pour cette raison que Nissan va licencier 9.000 personnes.
De multiples avantages
Pour le PDG de Honda qui a présenté le projet à la presse, la fusion permettrait aux trois marques (si Mitsubishi accepte toutefois de faire partie de l’entité en rejoignant la holding) de se positionner de manière bien plus concurrentielle dans tous les domaines, de la production à la recherche en passant par le développement de véhicules, le financement, l'électrification et, chose aujourd’hui incontournable, le développement des logiciels. Cela dit, il faut rester réaliste et, malgré l’empressement, il ne faudra pas attendre les bénéfices de ce regroupement avant la fin de la décennie, donc vers 2030.
Si la fusion se concrétise, elle va donner naissance à un colosse automobile avec un chiffre d’affaires supérieur à 174 milliards d’euros et un bénéfice d’exploitation supérieur à 18,4 milliards d’euros.
Un avenir basé sur la croissance
L’objectif de Honda, Nissan et Mitsubishi n’est pas de rationaliser les trois marques, mais au contraire de croître et d’élargir l’échelle. Exemple : le PDG de Honda a indiqué la possibilité de lancer un pick-up avec l’expertise de motoriste de Honda et celle de Nissan pour la partie châssis et franchissement.
Cette fusion est une évidence pour les trois constructeurs. « Si nous n'avons pas le courage de nous transformer, nous ne pourrons pas continuer », a déclaré Makoto Uchida, PDG de Nissan. Une idée qu’on a du reste déjà entendu précédemment dans la bouche de Carlos Tavares qui a prédit cette année encore de grandes consolidations. Stellantis était d’ailleurs aussi en recherche, mais les mauvais résultats de ces derniers mois en ont décidé autrement. De même, Luca de Meo, PDG assez visionnaire de Renault, a indiqué tout récemment que des partenariats avec les constructeurs chinois étaient inévitables. L’homme avait d’ailleurs aussi invité ses homologues européens à créer un Airbus automobile. Mais cet appel pourtant intelligent est resté lettre morte. Manifestement, l’idée a trouvé une résonance chez les Japonais.
Course contre la montre ?
Pour Makoto Uchida, « si nous parvenons à entamer des discussions rapidement, même face aux nombreux acteurs émergents, nous pourrons devenir des gagnants. » L’objectif est là : relever la tête et concurrencer valablement les constructeurs chinois en réduisant les coûts et en partageant les dépenses énormes en termes de R&D.
Cela dit, rien n’est fait pour autant, car la structure pourrait être très complexe. Comment par exemple intégrer les marques de luxe Acura et Infiniti ? Mais les responsables ont tenu à rassurer en indiquant d’une potentielle fusion ne changerait pas la vision actuelle ni les partenariats déjà en cours comme entre Honda et GM et Nissan et Renault.
Si le projet se concrétise, Honda et Nissan pourraient peser pour 7,2 millions de ventes annuelles et même 8 millions si Mitsubishi se joint à l’entreprise. Certes, ça reste encore loin du numéro un Toyota (11,1 millions d’unités annuelles) et même des 10 millions de Volkswagen, mais le constructeur allemand prévoit de réduire la voilure face aux difficultés. L’avenir nous dira ce qu’il en est, mais en se positionnant de la sorte, Honda et Nissan choisissent leur destin et semblent donc bien décidés à ne pas le subir. Les constructeurs européens devraient probablement réfléchir à cette initiative.
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