Avec la transition vers la voiture électrique et l’interdiction de vendre des nouvelles voitures thermiques dès le 1er janvier 2035 en Europe, tout porte à croire que le moteur à combustion interne est condamné à mourir après avoir animé nos déplacements depuis plus d’un siècle. Mais que les inquiets soient rassurés : ce ne serait en fait pas du tout le cas, comme l’a indiqué à La Tribune, Jean-Dominique Senard, Président du Conseil d’Administration du groupe Renault.
L’homme qui officie à la tête du groupe Renault – et qui valide avec son board ses orientations stratégiques (Senard a aussi dirigé d’une main de maître le groupe Michelin pendant des années) – pense en effet que le moteur thermique a encore de très beaux jours devant lui.
« Au moins 70 ans »
Bien que Jean-Dominique Senard reconnaisse que la période de transition est « extraordinaire » et « qu’il n’y aura pas de retour en arrière », il ne croit en revanche pas que le moteur thermique sera remisé de sitôt. « Nous allons [vers la fin du moteur thermique] avec détermination : vous le savez, Renault sera électrique en 2030, on sait le faire. Ce que nous faisons aussi, c’est que nous gardons aussi [les voitures thermiques], car je pense, qu’on le veuille ou non, que le moteur thermique va continuer à vivre dans le monde entier pendant au moins 70 ans. Et nous voulons garder la capacité de fournir ce marché dans les meilleures conditions possibles environnementales », a-t-il déclaré.
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Pour Renault, il est donc clair que des moteurs thermiques continueront à être développés. Et pas seulement pour le reste du monde selon Senard. Car Renault entame aussi des recherches dans les carburants alternatifs qui, selon l’homme fort du Conseil d’Administration du groupe, sont imminents. « La victoire sera de pouvoir ramener le prix du carburant alternatif à l’équivalent de 1 euro, 1,50 euro le litre. Les grands experts qui nous accompagnent disent que c’est possible. Cela va arriver plus tôt qu’on ne le croit : peut-être que dans quatre, cinq, six ans, on y sera ». Bref, les consommateurs pourraient donc compter sur 2027 ou 2028 pour une production de carburants synthétiques à grande échelle.
Une position de bon sens
Senard indique aussi que le passage rapide à la seule voiture électrique est un non-sens industriel. En effet, si l’Europe n’y arrive pas, il ne faudrait pas que toute une entreprise ou un groupe soit en péril. Il faut donc se ménager des alternatives et, précisément, par le biais du moteur thermique.
Jean-Dominique Senard estime que toutes les conditions nécessaires pour le passage au 100% électrique ne sont pas réunies. Et il pense en particulier aux matières premières dont les filières d’approvisionnement ne sont absolument pas sécurisées. « « Je ne suis pas absolument certain qu’on ait anticipé les crises géopolitiques : je pense qu’on ne les a pas anticipées du tout. » Et, à l’heure où la Chine soumet ses exportations de gallium et germanium à l’aval de son gouvernement, il met en garde : « les guerres du futur sont des guerres de matières premières. »
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