Adrian Hallmark : ce nom n'est pas un inconnu du monde automobile. Avant de rejoindre Aston Martin il y a cinq mois, l’homme a supervisé une autre marque de luxe bien britannique : Bentley. Après une période d’acclimatation, le patron anglais vient de dévoiler à la presse ses futurs (grands) projets pour Aston Martin. Et on peut dire qu’ils semblent de bon augure pour les puristes.
Car Hallmark n'est clairement pas l'homme qui veut bouleverser l'ADN d'Aston Martin. Bien au contraire. Il sait mieux que quiconque que le nombre de riches clients est en constante augmentation et il entend bien en tirer profit dans toutes les niches où cela sera possible. Comme dans celle d’ailleurs des voitures de sport à boîte manuelle (dont Aston est absent depuis 2019 avec la disparition de de la Vantage) ou les séries spéciales « comme Porsche le fait avec sa 911 en proposant une nouvelle version au moins tous les deux ans », a-t-il indiqué. Ou encore une déclinaison plus somptueuse encore du DBX afin de se rapprocher de Rolls-Royce.
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En veilleuse
L’expérience de Hallmark chez Bentley possède aussi une influence sur sa vision pour l’électrification. De ce fait, il n’est pas étonnant que les plans pour le passage à une sportive à batterie aient donc été revus et, disons-le tout de go, remis à plus tard. Au départ, il devait y avoir quatre modèles électriques d’ici à 2030 – dont le premier l’an prochain –, mais ce qui arrivera en premier lieu, ce sont surtout des hybrides rechargeables.
M. Hallmark estime qu’Aston a été trop ambitieux en nouveaux modèles ces dernières années et il préfère faire les choses plus en douceur. Ce qui signifie aussi mieux de son point de vue. Il pense notamment que les clients ne sont pas si demandeurs pour acquérir une voiture de sport à batterie, même s’il reconnaît que le nombre de clients intéressés augmente. « Comme constructeur, vous devez avoir une longueur d’avance sur la tendance qui se dessine », a-t-il détaillé. Aston viendra aux voitures électriques, mais pas tout de suite donc.
Cependant, Aston-Martin souhaite aussi trouver des solutions pour l’électrification. Et ce n’est pas l’autonomie ou les sensations qui poseraient problème, mais plutôt le poids des batteries. « Une batterie comme nécessaire pèse quatre à cinq fois plus qu'un moteur à combustion interne », a expliqué M. Hallmark, « et on ne peut pas passer ce poids au bleu avec les subterfuges d’aujourd’hui ». Il y voit un problème.
Les Britanniques placent donc leurs espoirs dans les batteries à semi-conducteurs (ou semi-solides), qui seront beaucoup plus légères que les batteries lithium-ion conventionnelles. En outre, le surcoût et la faible production initiale de ce type de packs jouera un rôle nettement moindre pour une marque niche comme Aston Martin.
Des vibrations comme sensation ?
Pour renforcer le plaisir de conduire, Aston n’envisage pas que d’imiter les changements de vitesse ou les bruits de roulement, comme le font Hyundai avec la Ioniq 5 N ou BMW avec sa future M3 électrique. Non, les Britanniques projettent de cartographier le spectre vibratoire du V12 « maison » afin de les restituer dans leur modèle électrique. « Ainsi, on aura l'impression d'être dans une Valkyrie », a détaillé Adrian Hallmark.
Aston Martin n’aura en outre pas besoin de développer lui-même la technologie de ses GT électriques. Car, comme pour Lucid Motors, le propriétaire d’Aston Martin est le fonds d’investissement public arabe. Ce qui signifie que les moteurs électriques, les packs de batteries et toute la machinerie pourront être obtenus auprès du spécialiste américain. Il faut dire que cette fonction de fournisseur de composants pour voitures électriques est d’ailleurs l’une des pistes de développement et de diversification pour Lucid.
Les plans d’Adrian Hallmark ont-ils des chances de réussite ? Il semble évident que l'augmentation du nombre de versions ou de séries spéciales peut être rapide et générer du cash. Si l'on tient compte du temps d'homologation, cela peut se faire en un an. Mais la question est de savoir si une Vantage pourra égaler la réputation d'une 911 et surtout, sa valeur résiduelle sur le marché.
Les choses vont donc rester délicates pour Aston, car le nouveau siège de président d’Adrian Hallmark est aussi éjectable. Car il faut se souvenir qu’il est déjà le quatrième directeur faisant fonction en moins de cinq ans. Cela dit, on se dit qu’il peut toutefois compter que l’un des copropriétaires d’Aston Martin, le milliardaire canadien Lawrence Stroll, qui a asséné à Hallmark une bonne tape dans le dos, avouant au passage qu’il avait mieux dormi au cours des six dernières semaines qu'au cours des quatre années précédentes...
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