Les ambitions européennes en matière de réduction des émissions de CO2 sont claires : d’ici 2035, toutes les nouvelles voitures vendues sur le vieux continent devront être électriques. Certes, la Commission évoque des aménagements, mais ceux-ci devraient être limités. Ils concernent essentiellement l’acceptation des carburants synthétiques neutres en CO2, mais cela ne devrait s’appliquer qu’à certaines voitures et pas à l’ensemble du parc. Cependant, Luca de Meo, qui dirige Renault et préside également l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), appelle à la prudence. Il estime dans une interview donnée au média économique L’Express que, même en optimisant les ressources et en accélérant la transition, l’industrie automobile ne pourra pas dépasser les 50% de véhicules électriques en circulation d’ici 2035. Un échec ?
C’est que les objectifs fixés par Bruxelles se heurtent à une réalité industrielle et économique plus complexe que prévu. « Nous n’atteindrons pas 100% de véhicules électriques à moins d’un changement radical », a encore déclaré Luca de Meo à nos confrères.
Une transition lente
Les disparités régionales freinent considérablement le passage à l’électrique. Tandis que certains pays, comme les Pays-Bas, affichent des chiffres encourageants, d’autres, notamment en Europe du Sud, peinent à suivre. En Espagne, par exemple, seulement 4% des ventes concernent des voitures électriques, contre plus de 30% aux Pays-Bas et près de 25% en Belgique (mais c’est surtout de fait des voitures de société ou d’entreprise).
Publicité – continuez à lire ci-dessous
Ces écarts compliquent la tâche des constructeurs qui doivent équilibrer les ventes de véhicules thermiques et électriques pour respecter la réglementation sur les émissions. Luca de Meo souligne que Renault, grâce à son offre de petits véhicules électriques abordables comme la Renault 5, est bien placé pour répondre à la demande. Mais même avec ces efforts, le marché européen n’évolue pas assez rapidement pour atteindre les 15% de réduction des émissions imposés dès 2025. Si l’Europe maintient sa réglementation sans ajustements, les constructeurs risquent de se voir infliger des amendes massives dès 2025. On parle de 15 milliards d’euros, une sanction qui viendrait encore un peu plus fragiliser les constructeurs européens qui sont déjà dans le rouge. Il faut dire que les objectifs actuels ont été fixés avant la pandémie de Covid-19 et se basent sur des données datant de 2016 qui ne tiennent plus compte des nouvelles réalités économiques et industrielles. Le PDG de Renault plaide donc pour une approche plus flexible et pragmatique.
Une flotte électrique à 50% en 2035 ?
Si rien ne change, la moitié seulement de la flotte européenne pourrait être électrifiée d’ici 2035. Un sacré écart donc entre l’ambition de départ et la réalité. La transformation est certes en marche, mais elle est aussi bien plus lente que ce que les autorités européennes avaient imaginé.
Ce que pointe de Meo du doigt, c’est aussi le manque de coordination au niveau européen, ce qui contraste avec la Chine où tous les acteurs – gouvernement comme entreprises – travaillent en symbiose pour atteindre les objectifs communs. C’est d’ailleurs probablement ce qui a poussé Pékin à subventionner massivement ses constructeurs. L’Europe, elle, se contente d’essayer d’être plus catholique que le pape en promouvant une saine concurrence. A tort, car persévérer dans cette politique, c’est se mettre hors-jeu face au reste du monde.
À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be