La Flandre récidive avec une prime à l’achat pour les particuliers désireux d’acquérir une voiture électrique. Ça avait déjà été le cas auparavant, mais cette aide s’était éteinte en 2019. Jusqu’ici, il n’y avait que les entreprises et les indépendants qui pouvaient trouver un avantage dans l’achat d’une voiture électrique. Ce sera donc aussi le cas pour les acheteurs privés. La prime pour l’achat d’une voiture neuve sera de 5.000 euros en 2024 et descendra à 4.000 euros en 2025 et à 3.000 euros en 2026. Pour l’acquisition d’une voiture d’occasion, la prime sera de 3.000 euros en 2024, de 2.500 euros en 2025 et de 2.000 euros en 2026.
Sur le papier, c’est une avancée, surtout pour une région qui entend ne plus vendre que des voitures électriques à partir de 2029, soit 6 ans avant l’échéance fixée par l’Europe. Mais est-ce malgré tout une bonne idée ? Car la prime à l’achat sur les voitures neuves ne sera octroyée qu’aux véhicules de moins de 40.000 euros. Dans l’absolu, c’est aussi bien, car ça évitera de favoriser ceux qui ont les moyens. Mais là où le bât blesse, c’est que cette prime sera aussi versée majoritairement à des acheteurs de voitures chinoises qui sont aujourd’hui les plus concurrentielles sur le marché.
20 millions de budget
Il apparaît que le gouvernement flamand a provisionné 20 millions d’euros dans son budget pour cette prime. Un rapide calcul nous indique que cela correspond à environ 4.000 véhicules, ce qui est peu en regard des ambitions de transition et de l’échéance de 2029, surtout que la Flandre reste la région la plus peuplée avec 6,5 millions d’habitants.
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Cela dit, le geste est malgré tout fort. Et salué, notamment par la FEBIAC qui s’exprime dans La Libre et indique que si quelques achats seront probablement postposés pour attendre la prime, cela devrait donner un coup de boost au marché puisque les voitures électriques sont encore aujourd’hui plus chères de 10.000 euros par rapport à un modèle thermique de taille équivalente. L’effort financier à consentir serait donc divisé de moitié.
Des avis partagés
L’initiative de la prime est à mettre au crédit de la ministre de la Mobilité flamande, Lydia Peeters (Open VLD), mais dont la vision n’est pas partagée par certains autres collègues régionaux. C’est le cas à Bruxelles où la ministre de la Mobilité n’épouse pas cette position, préférant investir dans les transports en commun. Pour Elke van den Brandt (Groen), remplacer les voitures thermiques actuelles par des électriques ne constitue pas la solution aux problèmes de mobilité, ni au problème de consommation des ressources, a indiqué son cabinet à La Libre.
La porte ouverte aux Chinois ?
Cette prime pose toutefois aussi une question de politique économique pour la Flandre et l’Europe en général. La Commission voit en effet d’un mauvais œil l’arrivée massive des voitures électriques chinoises qui sont produites à des prix impossibles à concurrencer pour notre industrie. De ce fait, l’Europe envisage d’imposer des droits de douane sur les voitures chinoises et on se demande si l’argent des primes ne devrait pas plutôt aller à la réindustrialisation de nos régions et notamment au secteur automobile pour qu’il parvienne à se rendre moins dépendant de ses fournisseurs asiatiques.
Or, en subventionnant les voitures chinoises, c’est peut-être le contraire qui se produit : l’Europe continue de se rendre dépendante de l’Asie et elle ne parviendra pas à relever la tête et à produire aussi des voitures (ou d’autres produits) fabriqués à prix raisonnables, tout simplement parce qu’elle doit s’alimenter en pièces de l’autre côté du monde. Ce n’est pas l’avis de la FEBIAC qui indique que ce sera l’ensemble du marché qui sera stimulé, car la prime flamande profitera aussi à des marques comme Dacia (la Spring est construite en Chine toutefois), Renault, Fiat, Mini, Peugeot, Opel, etc.
C’est vrai que la prime profitera au marché dans un premier temps, mais quid sur le long terme, lorsque les prix reviendront « à la normale » et que les constructeurs chinois pourront conserver leur avance si les Européens n’investissent pas une bonne fois pour toutes dans leur industrie ainsi que dans le développement de leurs propres chaînes d’approvisionnement ? Bien entendu, cela nécessiterait bien plus que 20 millions d’euros. Mais en attendant mieux et une vraie politique industrielle, saluons le geste du gouvernement flamand qui prend en considération les difficultés des acheteurs particuliers, même si on se dit que l’ouverture de la période préélectorale a peut-être aussi à voir avec cette décision…
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