Pour les autorités européennes, mais aussi chinoises et, dans une moindre mesure, américaines, le passage à la voiture électrique est nécessaire afin de protéger l’environnement à la fois des polluants atmosphériques (particules, oxydes d’azote, etc.), mais aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre (CO2 essentiellement) qui contribuent au réchauffement climatique. Pour rappel, les experts du climat s’accordent tous à dire depuis un certain temps déjà qu’il faudrait limiter le réchauffement climatique à +1,5°C afin d’éviter de grosses catastrophes comme une montée brutale du niveau des océans, mais aussi les périodes de sécheresse ou les intempéries violentes.
Dans cette optique, l’Europe a choisi (comme la Chine) : il faut obligatoirement passer à la voiture électrique, seule solution pour réduire notre empreinte rapidement et de manière efficace. D’accord, sauf que l’ONG InfluenceMap, un centre de réflexion spécialisé sur les rapports entre monde économique et financier et la crise climatique, indique que ce passage à la voiture électrique sera nettement insuffisant pour influencer positivement le climat. Pourquoi ?
Données croisées
Pour arriver à cette conclusion, InfluenceMap a croisé les données de la production automobile mondiale du cabinet spécialisé IHS Markit (S&P Global) avec une étude de 2021 publiée par l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et qui traitait les scénarios pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
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Dans ses projections, l’AIE a calculé que pour que l’objectif de la neutralité carbone soit atteint, il fallait que les ventes de voitures électriques (ou zéro émission) soient de 57,5% en 2030 (soit 20% du parc total) et de 86% en 2050. Or, en 2021, les ventes de voitures électriques n’ont représenté que 5,9% des ventes (2,4% pour les hybrides).
Partant des scénarios, InfluenceMap a alors analysé les données de la production automobile et de ses perspectives. Et le constat est amer : en 2029, il semblerait que 68% des véhicules vendus soient encore thermiques (hybrides compris). La part des électriques monterait à 32% et celle des véhicules à hydrogène à… 0,1%.
En gros, sur les 12 grands constructeurs mondiaux recensés, seuls Tesla et Mercedes seraient en ligne avec les objectifs. Les autres marques ou groupes automobiles seraient à la traîne : InfluenceMap a calculé une part de 46% de voitures électriques pour VW, de 45% pour BMW, de 22% pour Nissan, de 22% pour Nissan et de 14% pour Toyota. Stellantis qui a annoncé une gamme 100% électrique en 2030 serait à 40%, Ford à 36%, Renault à 31%, GM à 28% ou encore Hyundai à 27%. Des résultats qui s’expliquent bien entendu par le fait qu’il n’y a pas que l’Europe, la Chine ou l’Amérique du Nord qui comptent des automobiles. Les autres parties du globe les plébiscitent aussi et, eux, ils n’ont évidemment aucun plan pour stopper le thermique…
InfluenceMap relève en outre que l’engouement pour les SUV ne fera que croître dans les années qui viennent (part de 47% en 2029 contre 39% aujourd’hui), alors que leur consommation d’énergie est évidemment supérieure ce qui n’aidera pas à faire progresser les choses dans le bon sens.
L’automobile comme seul responsable ?
Affirmer que le passage à la voiture électrique ne résoudra pas le problème du réchauffement climatique, c’est un peu comme enfoncer une porte ouverte. En effet, le secteur du transport/déplacement routier pèse pour 20% des émissions à effet de serre. Ce qui signifie qu’il reste 80% des autres sources de production à débusquer et à traiter. Dans ce contexte, le chauffage domestique ou certains pans de l’industrie devraient constituer de bonnes pistes d’amélioration, mais jusqu’ici, personne n’a eu le courage de s’y attaquer valablement. On se demande bien pourquoi ?
Le fait est que l’automobile est probablement la partie la plus visible et l’immense iceberg du CO2. C’est donc aussi la plus facile à capter (taxes) et à mettre au pas puisqu’elle nous entoure plus que n’importe quel autre objet ou secteur. Ce que InfluenceMap oublie probablement aussi, c’est que le déploiement de la voiture électrique a toutes les chances d’être fortement ralenti dans les années qui viennent.
En effet, les constructeurs automobiles se montrent eux-mêmes aujourd’hui très sceptiques sur la vitesse de la transition vers la voiture électrique qui est aujourd’hui largement optimiste. Car les pénuries de matériaux et de minerais qui se profilent à l’horizon ne permettront pas de construire le nombre de véhicules électriques escomptés ni d’abaisser leur prix de manière à les rendre compétitifs face à un modèle thermique. Comme disait l’autre de manière ironique, on vit une époque formidable. Elon Musk, le patron de Tesla, est souvent fantasque. Mais il a certainement raison en avançant que la transition vers la voiture électrique prendra pas loin de 40 ans !
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