Voitures électriques : 12% de travail en moins pour les garagistes en 2030 ?

Si la transition vers la voiture électrique est sans doute une bonne chose pour le climat, il en va tout autrement pour l’emploi et notamment pour l’activité des garagistes qui selon Traxio pourrait déjà baisser de 12% d’ici 2030.

Publié le 2 novembre 2022
Temps de lecture : 5 min

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Voitures électriques : 12% de travail en moins pour les garagistes en 2030 ?

Le virage vers la voiture électrique est amorcé. Depuis ce mois d’octobre 2022, il n’y a même plus de suspens, les États membres de l’Union tout comme les eurodéputés ayant définitivement acté la fin du moteur thermique au 1er janvier 2035. On le sait, ce basculement vers la voiture électrique sera probablement douloureux, car on ne peut dire qu’on soit en avance sur le programme : les voitures électriques restent très (trop) chères, les sources d’approvisionnement sont limitées actuellement (notamment pour le lithium) tandis que le réseau de recharge public est aussi embryonnaire.

La transition est donc forcée et notamment par le biais de la fiscalité qui mise toute sur les entreprises pour assurer ce passage. En effet, la déductibilité des voitures thermiques sera rapidement réduite à peau de chagrin d’ici trois ou quatre ans (déductibilité de 50 % en 2026, de 25 % en 2027 et de 0 % par la suite) alors que celle des voitures électriques restera intéressante au moins jusqu’en 2031 (de 100 %, on glissera à 67,5 %). Cette transition plutôt rapide exercera dès lors une autre pression sur l’emploi et l’activité économique de tout un écosystème qui vit depuis des décennies de l’entretien des moteurs thermiques : les garagistes et réparateurs.

Un bain de sang social ?

Certaines voix s’élèvent déjà dans ce contexte, annonçant un bain de sang social dans le secteur. Car, c’est bien connu, une voiture électrique nécessite moins d’interventions : pas d’huile et donc pas de vidange, pas d’embrayage, moins d’usure des freins, etc. Plusieurs études ont déjà été menées pour tenter d’évaluer l’impact de ce changement de paradigme : l’observatoire français des métiers des services de l’automobile avait estimé en 2020 que 130.000 emplois pourraient être perdus en Allemagne d’ici 2036, 30.000 en France et même 4.000 en Belgique !

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Et ce n’est pas tout : le consultant PWC y est aussi allé de son étude cet été, prédisant une perte allant jusqu’à 500.000 emplois d’ici 2040 rien qu’en Europe. Chez Traxio, la fédération des métiers de l’automobile, on s’inquiète évidemment aussi de la situation et on s’est aussi essayé à pronostiquer la baisse de régime. La fédération reconnaît qu’il y a en effet un énorme risque que l’adoption de la voiture électrique entraîne des pertes importantes d’emplois.

Pour tenter d’évaluer au mieux les choses, Traxio s’est basé sur les statistiques de l’ICDP, une organisation internationale spécialisée dans la distribution et l’après-vente automobile. L’analyse livrée nous apprend que les opérations de maintenance et les réparations sur les véhicules électriques pourraient diminuer de 45 % par rapport à leurs homologues thermiques, un déficit que ne pourrait pas combler l’augmentation du remplacement des pneumatiques (+20%) plus fortement consommés par les voitures à batteries en raison d’un couple et d’un poids plus élevés.

6% du chiffre d’affaires en moins d’ici 2030 ?

Dans un premier temps, il est évidemment qu’une masse de voitures électriques neuves va débouler sur notre marché. Et qui dit voiture neuve dit aussi voiture avec moins de problèmes ou de réparations, ce qui entraînera inéluctablement une réduction des interventions dans les garages. Traxio estime cette baisse à 12 % d’ici 2030 (de 1,35 passage au garage par an en moyenne, on passerait à 1,12 passage).

Dans l’absolu, 12 % peuvent sembler peu, mais cela provient du fait que d’ici à 2030, les voitures électriques devraient représenter 23 % du parc automobile belge alors que 57 % resteraient des véhicules thermiques – le reste serait des voitures hybrides. Traxio estime donc que ce n’est qu’un début et qu’à terme, ce sont des milliers d’emplois qui seront menacés, mais il est encore impossible de les chiffrer précisément.

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Quels métiers demain dans le secteur ?

Cela pose aussi la question de la mutation du secteur et en particulier des profils spécialisés. Bien entendu, il y aura toujours des mécaniciens, car le changement des amortisseurs, des freins et d’autres consommables de ce type seront toujours d’actualité, mais ils devraient malgré tout fortement diminuer.

En outre, l’évolution des assistances à la conduite devrait aussi permettre de réduire le nombre d’accidents, ce qui devrait réduire aussi l’activité des carrossiers. Selon l’ICDP, les voitures électriques et leurs technologies embarquées devraient permettre de réduire de 16 % le nombre d’accidents d’ici 2030 et de 22 % les besoins de réparations.

De ce fait, Traxio pense que les métiers de l’automobile sont appelés à fortement évoluer et que de réparateur ou de vendeur de voitures, le secteur devra se muer en fournisseur de mobilité et probablement aussi en certificateurs, par exemple pour vérifier la santé d’une batterie (State of Health ou SOH). Et les mécaniciens devront eux aussi mettre à jour leurs compétences pour devenir davantage des électriciens.

Vu la rapidité de la transition, il est donc nécessaire d’entamer la mue du secteur dès à présent. Mais là aussi, il semble qu’on en parle peu et que l’anticipation ne soit pas de mise. Dommage, car cela met en péril des milliers d’emplois et entraînera aussi des pénuries de main-d’œuvre dans ce secteur émergent. Est-ce pourtant si difficile de réunir tous les acteurs d’un secteur, de s’organiser et de prendre des mesures ? Apparemment oui…

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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