En tant que « vieux pilote », on me demande souvent quelle est la meilleure manière de débuter en sport automobile. Ma réponse est toujours assez décourageante : « Si tu n’es pas riche, pense à autre chose ». Car c’est bien de rêver mais il faut aussi être clairvoyant : aujourd’hui, trouver des sponsors, surtout lorsqu’on débute, est quasiment mission impossible. Encore plus depuis un an ! Mais cette nouvelle formule de promotion pourrait donner espoir à quelques jeunes certes loin d’être pauvres mais ne roulant pas sur l’or. Car une saison en Clio Trophy devrait coûter moins de 50.000 euros tout compris dans les « grands teams », et les meilleurs pilotes bénéficieront de belles primes de la part de Renault lorsqu’ils réaliseront de bons résultats. De quoi envisager une saison à moins de 40.000 euros.
Si le copilote met la main à la poche et que des amis aident pour l’assistance et la préparation, pourquoi ne pas envisager une saison à 20 ou 25 mille euros pour le pilote ? OK, cela reste évidemment beaucoup d’argent, mais ce n’est peut-être pas tout à fait utopique d’essayer de trouver ce budget, surtout que cette formule permet d’envisager de vraies retombées médiatiques, et que l’encadrement de Renault Belgique devrait aussi permettre d’inviter des relations sur les épreuves. En tout cas, cette initiative de la marque au losange mérite d’être saluée, surtout que la voiture proposée (à 43.000 euros prête à courir) est très sympa à piloter et que sa compétitivité devrait permettre aux meilleurs de viser des places honorables au classement général des rallyes belges. D’ailleurs, on parle déjà de plus de dix voitures cette saison, ce qui serait un grand succès par les temps qui courent.
Bien conçue
C’est à Mettet, sur une petite « spéciale » tracée dans le cadre du circuit cher à Freddy Tacheny, que Renault m’a convié à essayer cette auto par une belle journée ensoleillée du mois de février. Le service communication a bien fait les choses, prévoyant même des autocollants avec mon nom pour identifier l’auto. La seule fois que cela m’était arrivé sur un essai « presse », c’était lors du test d’une BMW DTM, le très sérieux championnat d’Allemagne Tourisme. Cela situe déjà le niveau de professionnalisme de l’opération « Clio Trophy » montée par Renault Belgique !
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A part cela, extérieurement, rien de spécial à signaler, si ce n’est qu’avec ses autocollants, la Clio a de la gueule. L’habitacle, lui, a été particulièrement soigné. Ca sent la préparation « usine » : il est clair que c’est Renault Sport qui a développé l’engin, et pas le bricolo du coin !
On démarre la voiture avec une simple clé, ce qui manque peut-être un peu de glamour mais bon, on oublie vite ce détail. Le moteur ronronne gentiment et ne devrait pas effrayer les badauds. Pour découvrir la spéciale tracée spécialement pour ces essais « presse », je monte à côté du champion de Belgique des rallyes 2020, Adrian Fernémont. De quoi me souvenir pourquoi je suis pilote et pas copilote car se faire secouer dans le baquet de droite n’est vraiment pas mon truc. Je dois me concentrer pour éviter de me faire mal au cou avec toutes ces bosses. Pourtant, la Clio semble bien les amortir, mais à froid, ça réveille !
Comme une horloge
Je ne sais pas comment ce garçon fait pour rouler aussi loin du volant. Il arrive à peine à débrayer en étendant sa jambe à fond et pilote bras tendus. Malgré mon mètre nonante, je dois donc demander qu’on rapproche le siège, afin d’obtenir une position de pilotage plus ou moins convenable. Pour cela, il faut démonter le baquet mais les mécanos font le changement en cinq minutes à peine. Damned, toujours trop loin, avec un volant trop haut. Mais bon, je ne suis pas là pour rouler des heures, ni pour péter un chrono, donc avec un gros coussin sous les fesses, ça fera l’affaire.
L’embrayage n’est pas plus difficile à doser que sur une voiture de route, donc me voilà parti pour quelques tours de manège. La boîte séquentielle traditionnelle (sans commandes au volant) est parfaite de précision, que ce soit à la montée ou à la descente des rapports. Elle accepte très volontiers d’être utilisée sans embrayage, du moment que l’on donne un petit coup de gaz au moment où l’on rétrograde. Cela permet de freiner du pied gauche, un avantage évident en rallye. Le résultat est d’une précision chirurgicale : pas une seule fois la boîte n’a hésité, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Cela participe grandement au plaisir du pilotage, et je trouve le système du levier plus intéressant que les palettes car il permet de freiner sur le moteur exactement quand et comme le pilote le veut.
Juste à-côté du levier de vitesses se trouve le frein à main, très efficace. Au début, il faut juste faire attention de ne pas se tromper entre lui et le sélecteur de vitesse mais il est certain qu’après quelques spéciales, le maniement sera tout à fait naturel.
Le moteur ? Un 1,3 litre turbo de 180 chevaux. Assez pour se faire plaisir et montrer qu’on est meilleur que ses concurrents ! Il a du couple (300 Nm) mais dans les épingles, repasser le premier rapport permet quand même de gagner du temps. Il faut alors compter sur l’excellente motricité de l’auto, qui bénéficie en effet d’un différentiel autobloquant très efficace. Globalement, le châssis est extrêmement réussi, parvenant à être à la fois rassurant et stable et pas trop sous-vireur. Au lever de pied, l’arrière aide en effet à tourner, malgré des réglages certainement prudents pour cette journée de découverte. Seul petit problème : les freins qui avaient tendance à bloquer les roues avant lorsque j’essayais d’aller chercher les derniers mètres. Mais il y a bien sûr moyen de régler cela. Ah, si j’avais 20 ans, je me lancerais bien à l’assaut de ce Clio Trophy !
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