ESSAI Jaguar F-Pace : Une vraie Jaguar, pour patauger dans la boue !

En guise de découverte de son premier SUV, Jaguar nous a conviés au fin-fond du Pays-de-Galles, pour patauger dans la boue et nous lâcher à plus de 130 km/h sur un terrain miné, entre arbres et rochers.  Ces Anglais sont fous mais font de bien bonnes autos…

Publié le 2 mars 2016
Temps de lecture : 9 min

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ESSAI Jaguar F-Pace : Une vraie Jaguar, pour patauger dans la boue !

«ça fait quand même bizarre de faire du tout-terrain en Jaguar !» Alors que je monte une pente boueuse à au moins 20%, je ne peux m’empêcher de faire cette réflexion à mon accompagnateur, davantage chargé de me guider que de me surveiller. Nous sommes en effet sur un terrain d’essais privé, généralement loué par… Land Rover pour mettre au point ses modèles les plus extrêmes.

La voiture d’assistance présente sur place est d’ailleurs un bon vieux Defender… dont la production s’arrête deux jours plus tard. «Le roi est mort, vive le roi !», me lance mon nouveau copain briton avec des trémolos dans la voix. Sous-entendu, «On va le regretter notre Def, mais ce F-Pace arrive au bon moment pour penser à autre chose.»

Mystérieux

Autre chose… C’est sûr, le F-Pace n’est pas un franchisseur, sa garde au sol l’empêchant de passer partout, même si cette dernière est quasiment deux fois plus importante que celle de la berline XE partageant la même plate-forme (avec la XF aussi). De quoi, déjà, passer là où au moins 95% des acheteurs de Range Rover n’imaginent même pas un jour mettre les roues. Ce premier SUV Jaguar peut donc vraiment être considéré comme un «4×4»… du moins lorsqu’il est équipé de la transmission intégrale, évidemment (la version 2 litres diesel étant proposée en propulsion). Il reprend en effet une bonne partie de la technologie chère à Land Rover et, dès les premiers mètres hors des sentiers battus, on se rend compte qu’il a plus que largement bénéficié de l’expérience des ingénieurs de la maison «JLR» (Jaguar-Land Rover).

Tout est paramétrable et on dispose notamment d’un «hill descent control» (maîtrise électronique de la vitesse dans les très grosses descentes) extrêmement efficace. On peut aussi régler une vitesse déterminée et laisser faire le véhicule sur les terrains les plus défoncés. Je n’ai jamais vraiment compris à quoi pouvaient servir ces systèmes car il me semble personnellement plus facile de gérer freins et accélérateur soi-même plutôt que régler ces machins électroniques mais j’imagine que si les spécialistes du 4×4 continuent à les proposer en série ou en option, c’est qu’il y a une certaine demande en la matière. Comprenne qui pourra mais Jaguar n’est en tout cas pas passé à côté et c’est sans doute une bonne chose… même si elle reste mystérieuse pour moi.

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Pas dépaysés

A part le fait qu’accéder à bord se fait ici en montant plutôt qu’en descendant, le premier contact avec cette nouvelle Jaguar ne révèle aucune différence avec les nouvelles berlines de la marque. Assis au volant, on a l’impression de se trouver au volant d’une XE ou d’une XF surélevée. La présentation, les matériaux et l’ergonomie sont absolument identiques et c’est très bien comme cela puisque personne ne trouve à redire quoi que ce soit aux cockpits Jaguar. Bon, les matériaux sont un tout petit peu moins soignés que chez Audi mais ne pinaillons pas ! L’environnement est agréable, l’habitabilité correcte y compris aux places arrière, sauf au milieu (où le gros tunnel de transmission empêche de s’installer confortablement). Par contre, quatre adultes de 1,90 mètre ne se plaindront pas s’ils voyagent ensemble.

Le coffre ne semble pas gigantesque à première vue mais Jaguar annonce un volume impressionnant de 650 litres. Sans doute en comptant l’espace situé sous le plancher, mais qui était occupé par une roue de secours temporaire sur ces premiers exemplaires de pré-série.

Avant de passer aux choses sérieuses, mentionnons le fait que le F-Pace bénéficie évidemment des dernières technologies en matière de prévention des accidents, comme ses sœurs berlines. à défaut d’être vraiment utiles (ils sont même parfois dangereux car ils interviennent à tort et à travers dans la circulation, quelle que soit la marque), ces bidules devenus incontournables permettent aujourd’hui de bénéficier de primes d’assurance moins élevées. Je vous livre donc l’info, même si vous n’êtes pas obligés de la trouver très importante !

Confortable

Les choses sérieuses, disais-je. Enfin, sérieuses… Avec Jaguar, les choses sérieuses deviennent souvent fun, et cette fois c’est le sommet ! Mais avant de nous lâcher entre les arbres et les rochers à 130 à l’heure sur un terrain terriblement glissant et piégeux, les organisateurs de ces essais ont quand même fait les choses de manière progressive. On a donc commencé par un vrai parcours off-road, qui nous a permis de constater que cette Jag passait à des endroits étonnants, mais aussi d’apprécier son confort. Il faudra évidemment confirmer cette première impression sur un parcours plus classique mais le fait de ne pas être trop secoués sur ces petits chemins défoncés est plutôt bon signe : le F-Pace ne devrait pas vous briser les vertèbres sur les routes belges !

Après cette mise en bouche, Jaguar nous a emmenés sur une grande aire plane faite uniquement de boue et d’herbe détrempée, pour pousser sa nouveauté dans ses derniers retranchements et nous offrir quelques drifts aussi amusants qu’instructifs. Amusants vous vous doutez pourquoi… mais instructifs !?

Ce petit échauffement nous a en effet permis de constater que la transmission 4WD du F-Pace était d’humeur joyeuse ! En fait, Jaguar l’a voulue bien plus propulsion que traction, ce qui est une excellente nouvelle pour l’équilibre et l’efficacité. Et le fun, bien sûr…

En fait, lorsque vous roulez en ligne droite sur un terrain sec en mode «Normal», la transmission envoie plus de 90% du couple vers l’arrière. Mais en moins de deux dixièmes de secondes, 70% peut passer sur l’avant, si le besoin d’adhérence s’en fait sentir. Le résultat est très convaincant. Si vous passez au mode «Faible adhérence», c’est moins drôle : le sous-virage apparaît, en même temps que la réponse à l’accélérateur se fait plus paresseuse, donnant l’impression que le F-Pace a pris 300 kilos d’un coup. Mais bon, cela rassurera les conducteurs les plus placides… s’ils pensent à actionner ce mode lorsqu’ils évoluent sur la neige ou dans la boue, ce qui est loin d’être gagné. Mais cela n’a pas vraiment d’importance puisque le F-Pace est particulièrement agréable et équilibré en mode normal, en toutes circonstances.

Restait évidemment le mode «Sport» à tester, en déconnectant les aides électroniques. Là, l’esprit un peu déjanté des Anglais prend le dessus et vous pouvez vraiment vous amuser, en mettant l’engin à l’équerre et en entretenant de grandes glissades vraiment amusantes grâce au caractère «propulsion» de la transmission intégrale.

Un moment de bonheur qui se prolongera sur d’anciennes spéciales du Rallye de Grande-Bretagne, à haute vitesse entre les arbres. Je peux vous dire qu’en tant que passager pour le premier tour, je n’en menais vraiment pas large. L’ingénieur qui était chargé de me faire découvrir le terrain roulait en effet à une vitesse incroyable, en jouant constamment avec l’équilibre de l’auto et en en rajoutant un peu pour le show. J’étais donc doublement content de prendre le volant, même si le gars a un talent évident !

Une fois lancé sur ce terrain incroyablement piégeux suite aux grosses averses du matin, je me suis régalé comme jamais, en essayant à mon tour de pousser le F-Pace dans ses retranchements. Quel équilibre ! Quel bonheur que de l’inscrire dans les courbes grâce à un léger appel-contre-appel puis d’entretenir la dérive grâce à la puissance généreusement délivrée aux roues arrière ! La direction, vraiment agréable, participe au plaisir. Tout comme le moteur de mon véhicule d’essai, un 3 litres V6 turbo diesel de 300 chevaux et 700 Nm particulièrement réussi.

Très silencieux, coupleux, puissant… Rien à lui reprocher ! Comme, d’ailleurs, je n’ai franchement pas grand-chose à reprocher à cette auto dans son ensemble. Attendons toutefois un essai plus complet, sur un terrain plus catholique, pour nous prononcer définitivement. Mais ce premier SUV Jaguar semble particulièrement bien né !

CONCLUSION

Cette première prise en main est plus que prometteuse. Jaguar pourrait bien faire un véritable carton avec ce modèle. Un de plus !

La F-Pace 3.0D en quelques chiffres

Moteur : V6 turbo diesel, 2.933cc; 300ch à 4.000tr/min; 700Nm à 2.000tr/min.

Transmission : aux 4 roues.

Boîte : automatique 8 rapports.

L/l/h (mm) : 4.731/2.175/1.652

Poids à vide (kg): 1.884

Volume du coffre (l) : 650

Réservoir (l) : 66

0 à 100 km/h (sec.) : 6,2

Le détail positif

Jaguar laisse la possibilité au conducteur de régler sa F-Pace selon son humeur du moment : normal, sport, hiver, ESP off… Un peu comme chez Ferrari !

Le détail négatif

Le tunnel de transmission est encombrant. Si vous voyagez souvent à cinq, cela peut constituer un frein à l’achat.

Les autres motorisations

2.0D : 180ch, 4,9l/100km, 201km/h, 43.050 euros TVAC.

2.0D AWD : 180ch, 5,2l/100km, 208km/h, 45.700 euros TVAC.

35t AWD : 340ch, 8,9l/100km, 250km/h, 59.950 euros TVAC.

S AWD : 380ch, 8,9l/100km, 250km/h, 76.450 euros TVAC.

Prix : 58.600 € TVAC

Puissance : 300 ch

V-max : 241 km/h

Conso. mixte : 6 l/100km

CO2 : 159 g/km

 

 

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Par Stéphane Lémeret Éditeur

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