Tout ça, c'est la faute au Porsche Cayenne. C'est lui qui a commencé. Quand les gens de Porsche ont fait la balance entre des finances pas vraiment au beau fixe et le succès incroyable des BMW X5, VW Touareg et Audi Q7, ils se sont dit qu'il y avait peut-être un coup à jouer, et ils avaient raison. Le carton ne s'est pas fait attendre et comme on l'a souvent répété, si Porsche a aujourd'hui les moyens de développer encore la 911, c'est grâce au Cayenne.
Une part du gâteau
Le Cayenne a donc fait voler en éclat une sorte de tabou. Oui, une marque sportive haut de gamme a le droit de produire un SUV. Ca ne choque que les puristes arriérés comme, par exemple, les journalistes automobiles (bon, pas tous hein !). Le public, lui, adore. Du coup, tous les constructeurs ont été touchés par l'illumination divine, et s'y sont mis pour mieux revendiquer leur part d'un gâteau SUV qui ne cesse de grandir. Jaguar, Bentley, bientôt Rolls-Royce et Lamborghini. Tous sauf Ferrari et McLaren. Mais combien de temps le petit cheval et le, heu… “Logo Nike à l'envers” résisteront-ils encore ? Le Trident, lui, n'a pas résisté. Pour la simple raison qu'il y va de son avenir!
Fois deux
Car pour Maserati plus encore que pour Porsche à l'époque, il y a urgence. Certes les ventes de la marque se portent mieux que jamais, mais elles restent insuffisantes et le joli soufflé Ghibli et motorisations diesel est vite retombé. La solution pour une stabilité à long terme, c'est le SUV. Stabilité, et même de préférence croissance. Car grâce au Levante, Maserati entend doubler ses ventes d'ici à la fin 2018
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En Europe et plus particulièrement chez nous, c'est la version diesel qui doit se charger de ce défi, avec le V6 3.0 turbo diesel qui anime déjà les berlines Ghibli et Quattroporte. Le Levante diesel a clairement un bon potentiel de succès commercial. Parce que quoi qu'on en dise, le nom Maserati n'a rien perdu de son aura et pour bien des conducteurs, quel meilleur alibi pour faire passer une Maserati auprès du fisc et du comptable qu'un SUV homologué à 189g CO2/km?
Sexy
Il faut bien l'avouer, quand on voit le Levante, on a bien envie de craquer. Quel look! Comme il sied à la marque, il est sportif, agressif mais ne perd pourtant pas sa faculté à dégager un certain glamour. A notre avis, Maserati rejoint Jaguar au palmarès des seules marques ayant réussi à créer un SUV réellement bourré de sex-appeal. Nous ne disons pas que tous les autres sont moches. Certains, oui, mais pas tous. Il y en a qui dégagent de la noblesse, d'autre du statut, d'autres leur propre interprétation de la sportivité. Mais des SUV sexy, il y en a combien? Cherchez pas, en attendant l’Alfa Stelvio il n'y en a que deux, dont celui-ci. Et ce n'est pas que dehors…
Dans le Levante aussi, c'est du Maserati pur jus. Les formes sont sensuelles, les matériaux sont nobles et bien assortis, surtout si on choisit la fameuse finition Ermenegildo Zegna, qui associe soie et cuir d'une façon divine. En fait, parmi toutes les marques transalpines, il n'y a que Maserati qui parvienne à transposer dans une automobile ce sens de la mode à l'italienne. C'est chic, c'est beau, de bon goût, jamais surfait ou exagérément ostentatoire. Juste la classe ! En bonus, il y a la vraie progression de la qualité. Pas tout à fait au niveau d’Audi mais comprenons-nous bien : quand on parle qualité, c'est une question d'ajustements millimétriques, d'intégration de l'une ou l'autre commande et peut-être de quelques plastiques moins flatteurs si on cherche la petite bête. Mais non, vous n'allez pas prendre des éléments de la planche de bord sur les genoux.
Technologie
Avec le Levante, Maserati refait aussi un peu plus son retard sur ses concurrents en matière d'équipements technologique. Côté multimédia, le système est tout à fait complet, même s'il ne permet pas de connecter autant d'appareils en wifi que d'autres. Un détail. Un autre détail, mais qui compte plus à notre avis dans la faculté à convaincre ou non un client haut de gamme, c'est la présentation de ce système. D'abord le graphisme, qui ne nous inspire guère plus qu'un “mouais” indulgent, sans que nous puissions vraiment l'expliquer. Et puis il y a le format de l'écran, 4/3, voire presque carré. Qui fait encore des écrans comme ça, de nos jours? Mercedes, BMW, Audi, Jaguar, Lexus : tous ont des écrans ultra-larges, pour la simple raison que c'est un symbole de modernité technologique et de luxe. C'est dommage, car alors que tout ce qu'il y a derrière l'écran est “up to date”, quand on voit cet écran qui a beau être tactile, on se dit “Ouh là, bienvenue en 2005”. Un simple détail donc, mais qui fera tiquer les clients habitués à cette catégorie de voitures, et qui ne reflète pas le beau chemin accompli par Maserati en quelques années, avec des moyens somme toute limités par rapport aux concurrents. Gageons que si le Levante rencontre le succès escompté, les progrès vont s'accélérer.
Côté aides à la conduite enfin, on trouve les incontournables, comme les avertissements de collision, d'angle mort et de franchissement de bande, etc. Par contre, rien qui se substitue au conducteur. Correction de cap active, assistant d'embouteillage avec fonction Stop&Go, ébauche de conduite autonome, désolé, c'est pas ici. Les cyniques y verront un manque de moyens. Nous, nous penchons plutôt pour le parti pris assumé d'une marque qui met toujours le conducteur en avant!
Allô, les sensations?
Il ne nous reste plus beaucoup de place pour parler des sensations de conduite mais hélas, ça suffira. Car sur la route, les impressions sont mitigées. D'abord à cause de la mécanique. Malgré l'excellente et bien connue boîte auto 8 ZF, le moteur, si prometteur sur papier, ne tient pas la comparaison face aux récents V6 diesels de Jaguar ou Porsche. On sent le poids de ses années, et on sent surtout son poids tout court sur le train avant. Du coup, la direction manque de feeling, et le manque de sensations est le reproche majeur à adresser au Levante. La cause est la même : le poids, probablement à attribuer à la plateforme qui, elle non-plus, n'est pas de prime jeunesse. C'est le genre d'infos difficiles à obtenir chez Maserati, mais il semble que la plateforme soit encore une énième évolution de celle de la Chrysler 300C, elle-même évolution de celle d'une ancienne Classe E, du temps du mariage Mercedes-Chrysler. Les prochaines Maserati devraient profiter de la remarquable et légère plateforme Giorgio inaugurée par l'Alfa Giulia. Ca, ça devrait tout changer !
Cela dit, quand on le chatouille, le Levante est efficace sans être trop propre. C'est un véhicule de caractère comme on l'attend du Trident, et le fait que la transmission intégrale privilégie énormément le train arrière y est pour quelque chose. Nous aimerions aussi parler de preuve de caractère pour le fait que les suspensions pilotées Skyhook (optionnelles) ne sont pas notablement plus confortables et filtrantes en mode Confort qu'en mode Sport mais soyons francs, c'est plutôt une question de raffinement des réglages. En même temps, on n'attend pas d'une Maserati qu'elle soit un gros coussin moelleux !
Conclusion
A défaut de grosses sensations, l'alibi diesel donne accès à un véhicule sexy et à un nom de rêve. Et aider une des plus belles marques du monde à remonter la pente, c'est aussi une façon d'exprimer sa passion !
+
Pouvoir de séduction ravageur
Classe de l'habitacle
Performances plus qu'honnête
Comportement efficace mais pas clinique
–
Moteur un peu daté
Manque général de sensations
Présentation du système multimédia
Le Levante diesel en quelques chiffres
Moteur : V6 turbo diesel, 2.987cc; 275ch à 4.000tr/min; 600Nm de 2.000 à 2.600tr/min
Transmission : aux 4 roues
Boîte : auto 8 rapports
L/l/h (mm) : 5.030/1.968/1.679
Poids à vide (kg) : 2.130
Volume du coffre (l) : 530
Réservoir (l) : 80
0 à 100 km/h (sec.) : 6,9
Prix : 73.200 € TVAC
Puissance : 275 ch
V-max : 230 km/h
Conso. mixte : 7,2 l/100km
CO2 : 189 g/km
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