«Je suis seulement là pour intervenir en cas de besoin, parce que c’est une obligation légale pour mener des tests sur la voie publique» m’explique d’emblée Yvan, l’un des ingénieurs en charge de la conduite autonome chez Renault, un poste de commande miniaturisé avec joystick et volant sur les genoux, tandis que je prends place à bord du concept Symbioz. Dans le démonstrateur Symbioz plutôt, puisqu’à la différence du concept découvert au Salon de Francfort, celui-ci fonctionne vraiment !
Autonome Niveau 4
Le concept Renault Symbioz est le premier véhicule conçu par la marque pour atteindre un niveau de conduite autonome de niveau 4 ou «Mind off». Cela signifie que la voiture est capable de se mouvoir sans qu’aucune intervention humaine ne soit nécessaire sur voies rapides et autoroutes. Le conducteur est donc libéré de toutes les tâches de conduite, et peut vaquer à ses occupations sans même qu’il soit nécessaire de garder un œil sur la route. Un niveau que Renault prédit comme une réalité commerciale dès 2023. Autant dire demain !
Pourtant, étrangement, ce n’est pas vraiment un sentiment futuriste qui domine en prenant place derrière le volant tout ce qu’il y a de plus classique. De même, si la console centrale et les cadrans ont cédé leur place à des écrans haute définition personnalisables, et si la boîte de vitesses automatique se commande par des touches tactiles (D, N, R), ce n’est pas la grande révolution non plus. Cette relative sobriété permet de retrouver facilement ses habitudes lorsqu’il est question de conduire la voiture, quand le système autonome ne peut être activé.
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Sans les mains !
C’est d’ailleurs ainsi que début notre essai. Après quelques kilomètres passés à conduire comme n’importe quelle voiture, nous nous insérons sur l’autoroute pour le moment tant attendu ! Une fois calé aux environs de 130 km/h, il faut poser les pouces sur les boutons de conduite autonome au volant, et les presser simultanément pendant deux secondes. Ca y est, nous sommes à bord d’une voiture autonome ! Les premiers instants sont étranges. On garde un œil sur le trafic, sur les écrans qui servent de rétroviseurs, et sur le camion duquel on s’approche, avec une légère appréhension. L’afficheur tête haute permet d’anticiper les mouvements de la voiture. Ainsi, une fois le camion détecté devant nous, l’écran «dessine» un changement de voie alors que s’activent, seuls, les clignotants.
Et voilà la voiture qui se déporte sur la bande du milieu, après avoir pris soin de laisser passer d’autres véhicules, sans que personne à bord n’ait touché à rien. C’est tout bonnement étonnant, et très vite, les inquiétudes s’effacent, et on prend pleinement confiance dans notre mouture. Notre accompagnateur nous tend alors un smartphone. Connecté au véhicule, celui-ci permet de garder un œil sur les données de conduite, mais aussi de gérer la clim, le multimédia ou encore la position des sièges. Je passe en mode «zéro gravité» : le dossier s’incline, l’assise bascule et me voilà confortablement assis en position «chaise longue», regardant défiler le paysage normand à 130 km/h. Mais déjà nous arrivons au point le plus crucial de notre essai : le franchissement d’une barrière de péage comme il en existe des centaines en France et en Europe. Se conformant à la signalisation, notre Symbioz décélère et vient se ranger dans les bandes réservées au télépéage. Elle s’insère entre les rails, ralentit jusqu’à environ 20 km/h et s’approche de la barrière, qui se lève une fois le paiement effectué à distance par le boîtier électronique intégré. La voiture réaccélère alors pour se réinsérer dans le trafic, en toute sécurité ! Impressionnant !
Essai concluant, mais…
Un test comme celui-ci est absolument bluffant, et témoigne de l’avancée à pas de géants dans la technologie autonome. Car malgré un manque de fluidité dans certaines manœuvres, tout cela semble fonctionner à merveille. Et pour pallier à toute avarie, Renault annonce avoir dédoublé la majorité des systèmes (freinage, direction…) pour éviter qu’une défectuosité ne cause un accident. Toutefois, l’objectif de proposer une telle voiture dès 2023 nous semble optimiste, ne serait-ce que par l’ensemble des technologies et infrastructures nécessaires.
Ainsi par exemple, pour la portion d’autoroute qui a servi à ces tests, Renault et Sanef (l’une des sociétés privées de gestion des autoroutes françaises) avaient installé des antennes relais avant et après le péage, indispensables pour communiquer à la voiture les informations à son franchissement (voies ouvertes, télépéage…). Et l’absence de marquage à certains endroits nécessite une cartographie à très haute précision (50 cm longitudinalement et 15 cm latéralement !) fournie par TomTom pour aligner la voiture précisément avec ces voies. Bref, ce n’est pas demain que l’ensemble des routes et des voitures en seront équipées. Si le système semble au point, reste à le perfectionner !
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