Vous connaissez peut-être le Zoute Grand Prix, cette grande fête de l’automobile classique et moderne qui a lieu chaque année (l’événement fêtait son 10e anniversaire en 2019) à Knokke, lors du deuxième week-end d’octobre. Etant donné le contexte sanitaire, il n’y a pas vraiment eu de fête cette année. Du 8 au 11 octobre derniers, la digue de Knokke était vide alors qu’habituellement, les constructeurs de sportives et de voitures prestigieuses y présentent leurs derniers bébés sur des podiums et dans de jolis pavillons.
En d’autres termes, le Zoute Grand Prix 2020 a été annulé. Mais les organisateurs ont tout de même maintenu, avec la complicité de Bonhams, une vente aux enchères – en partie online – ainsi qu’un rallye strictement privé, avec un nombre restreint de participants et dans le plus strict respect des règles sanitaires. D’habitude, un rallye est même réservé aux GT modernes mais cette fois, le GT Tour était, lui aussi, annulé. Nous nous sommes donc contentés de suivre les « mamies », toutes d’une rare élégance.
Au-delà de nos frontières
En effet, Lamborghini Brussels avait généreusement mis à notre disposition l’Huracán la plus récente, l’Evo. Il faut dire que pour les marques automobiles d’exception, le Zoute Grand Prix est une merveilleuse vitrine dont les reflets se propagent bien au-delà de nos frontières. Pour preuve : Maserati y aurait volontiers présenté sa nouvelle supercar MC20. Et même en l’absence de public, Bugatti a frappé très fort en amenant l’exemplaire unique du record de vitesse : le prototype d’une Chiron Super Sport qui file à… 490 km/h, et dont on dit qu’elle aurait pu faire mieux si la piste de 8,8 km n’avait pas été trop courte ! Dingue ! Cette voiture, qui aura marqué l’histoire de l’automobile, était exposée dans la propriété privée du CWART – magnifique endroit, à visiter – aux côtés d’une Touring Superleggera Aero 3, d’autres nouveautés encore, et des modèles vendus aux enchères. Bref, ce salon de l’auto à ciel ouvert, où était donné le départ du rallye privé, était digne d’un royaume enchanté. Quelle tristesse que le public n’ait malheureusement pas pu l’admirer…
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Des sensations… malgré les ralentisseurs
Tout cela me ferait presque oublier que je dois vous parler de la Lamborghini Huracán Evo. Il faut dire qu’entre cette supercar et… les autres supercars, on ne savait plus trop où donner de la tête. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une évolution de l’Huracán, directement identifiable aux sorties d’échappement qui ont été remontées pour une meilleure répartition des masses et une efficacité optimale du diffuseur. Les plus grands observateurs remarqueront également un petit spoiler suspendu à l’arrière, et un nouveau splitter à l’avant, qui facilite l’entrée d’air mais qui reçoit surtout de nouveaux déflecteurs pour augmenter la charge aérodynamique. En théorie, l’Huracán Evo est donc meilleure en accélération, au freinage et en virage.
On n’en doute pas mais entre Knokke et La Panne, sur les petites routes étroites et cabossées, décorées de méchants ralentisseurs, difficile d’en juger ! Il n’empêche, notre essai nous a quand même donné quelques certitudes. Avec sa puissance gonflée à 640 chevaux, le V10 atmosphérique, bien aidé par la très rapide boîte à 7 rapports, est une machine à sensations à lui tout seul. Il prend 8.500 tr/min avec une sonorité de voiture de course (quel bonheur, ce bloc positionné juste derrière vos oreilles) et vous colle violemment au siège à chaque accélération musclée : comptez 2,9 secondes pour le 0 à 100 km/h. Avec ses quatre roues motrices (elle existe aussi en propulsion, dégonflée à 610 ch), cette Huracán Evo offre une motricité incroyable et croyez-nous, nous avons connu des conditions plutôt grasses. Pourtant, pas l’ombre d’une intervention électronique n’a été détectée, témoignant de l’excellent châssis (aluminium et fibre de carbone) et d’une technique de pointe.
L’adhérence en virages est tout aussi incroyable. Mais là, l’Evo fait appel à un artifice : les roues arrière directrices. À haute vitesse, il faut avouer que c’est assez déconcertant car plus on accélère, plus on a l’impression que le train arrière veut passer devant. Mais en réalité, le train arrière ne fait que resserrer la trajectoire pour vous permettre de passer encore plus vite. Pour en découvrir les limites, pas le choix, il faudrait un circuit.
Au défi
Un circuit serait également bien utile pour découvrir la plus grande innovation de cette Huracán Evo : le LDVI, pour Lamborghini Dinamica Veicolo Integrata. En quelques mots, il s’agit du cerveau de cette Lamborghini « d’entrée de gamme », qui anticipe tous vos faits et gestes. En étudiant vos impulsions (accélération, freinage, direction), votre mode de conduite (Strada, Sport, Corsa) et l’environnement extérieur, le LDVI fait tout mieux que vous. Sans vous en rendre compte, ce cerveau automobile vous transforme en pilote, quel que soit votre niveau de compétences. Mais attention, cela ne veut pas dire que le comportement de cette Lamborghini est aseptisé. Loin de là ! Elle fait partie des engins les plus impressionnants que nous avons eu à essayer. Et avec autant d’efficacité, cette Huracán Evo vous lance un défi : « Emmenez-moi sur circuit. Vous découvrirez vos propres limites à très haute vitesse. » Rien que d’y penser, ça donne le frisson.
Frustration
Mais pardon, on s’emballe. Car dans la réalité, nous avons dû composer avec des ralentisseurs, des trous et des dénivelés nous forçant à rouler au pas et à actionner trop souvent le « lifting system », option bien utile (3.000 euros) permettant de relever le nez de la voiture de 4 centimètres. Il faut dire que cette Huracán Evo est très basse (1.165 mm de haut, seulement !), témoignant encore de ses capacités de pistarde.
Avion de chasse
Nous sommes donc assis au ras du sol, ce qui nous amène à vous présenter l’univers dans l’habitacle. Il n’y a pas de doutes, dans une Lambo’, vous êtes comme dans un avion de chasse. Le sélecteur de trois mode de conduite sont au volant, comme les clignotants d’ailleurs, ce qui demande de l’habitude, surtout en sortie de rond-point. Pour démarrer, avant de pousser sur le bouton « Start », il faut lever un clapet rouge, comme si la voiture disait : « Etes-vous sûr de ce que vous faites ? ». Et pour avancer, il faut enclencher la première à l’aide de l’énorme palette droite, fixe. Autant de signes que cette Huracán Evo a beau être l’entrée dans l’univers Lamborghini, c’est une voiture à manier, à piloter. Pas question de se mettre en « Drive » et de rouler… Même pour enclencher la marche arrière, il faut tirer un levier vers l’arrière, à nouveau comme dans un jet. Quelle expérience !
Conclusion
Si vous deviez hésiter entre cette Huracán Evo et la concurrence directe (un indice : elle est aussi italienne…), nous vous dirions ceci : bien au-delà de l’univers, de l’historique, en compétition ou non, le choix se joue sur la technique. Vous êtes plutôt turbo, ou atmosphérique ?
La Huracan Evo en quelques chiffres
Moteur : V10, essence, atmosphérique, 5.204cc ; 640ch à 8.000 tr/min ; 600Nm à 6.500 tr/min.
Transmission : aux quatre roues.
Boîte : auto 7 rapports.
L/l/h (mm) : 4.720/1.933/1.165
Poids à vide (kg) : 1.422
Volume du coffre (l) : 100
Réservoir (l) : 83
0 à 100 km/h (sec.) : 2,9
Prix : 225.665 € TVAC
Puissance : 640 ch
V-max : 325 km/h
Conso. mixte : 13,7 l/100km
CO2 : 332 g/km
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