Si l'intention première était de capter l'attention, la première phase du nouveau départ de Jaguar est déjà réussie. La présentation du nouveau style maison et du logo modernisé de la marque - sans représentation d'un félin - a fait couler tellement d'encre que près de la moitié de la planète est désormais au courant.
Cependant, ce qui n'a pas été abordé lors des présentations initiales, écrit l'analyste Richard Truett dans un article d'opinion publié sur le site web spécialisé Automotive News, c'est « l'éléphant dans la pièce » : la qualité. Après tout, Jaguar et sa marque sœur Land Rover se débattent depuis des décennies avec des problèmes de qualité, qui conduisent trop souvent à des pannes et à une dépréciation prématurée.
Maintenant que la marque de luxe britannique souhaite gravir les échelons en construisant des modèles plus exclusifs à des prix plus élevés, avec un minimum de 120.000 euros, il devient plus important que jamais de fournir des produits qui font ce pour quoi ils ont été conçus en premier lieu : rouler. Les acheteurs de voitures s'attendent à une fiabilité opérationnelle, surtout lorsqu'ils ont dû débourser de telles sommes.
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Une vieille douleur
Au siècle dernier, on disait parfois en plaisantant qu'il valait mieux acheter une Jaguar en double, car on augmentait ainsi les chances qu'au moins l'une des deux ne tombe pas en panne. À l'époque, les constructeurs automobiles britanniques n'avaient généralement pas une bonne réputation en matière de qualité. Jaguar Land Rover n'a pas encore résolu ce problème, malgré les importantes modernisations opérées par les propriétaires Ford puis Tata.
Ce n'est pas une question de manque de ressources ou de personnel médiocre, écrit Truett. « Les problèmes de qualité qui hantent Jaguar depuis les années 1970 sont principalement le résultat d'une culture d'entreprise toxique qui exige des ingénieurs qu'ils utilisent les pièces les moins chères possibles. Les problèmes s'aggravent à mesure que les problèmes de qualité sont connus et que les clients restent à l'écart. Au lieu de prendre le taureau par les cornes, on se contente de faire des économies supplémentaires, avec des conséquences désastreuses.
Les moteurs Diesel de 2 litres, connus sous le nom d'« Ingenium », sont par exemple réputés pour leur consommation d'huile et leur courte durée de vie. Le fait que Jaguar prescrive un intervalle d'entretien de 2 ans, alors qu'une vidange annuelle s'avère nécessaire dans la pratique, ne lui rend pas justice non plus. Le boîtier du thermostat constitue un autre problème. Par souci d'économie, il est en plastique et non en métal. Cela ne semble pas être un bon choix de conception pour un composant qui chauffe et entre en contact avec l'eau de refroidissement, qui contient des liquides chimiques.
Des mauvaises points
Même si, à l'avenir, Jaguar ne construira que des voitures électriques, dont le groupe motopropulseur comportera moins de composants mécaniques, la qualité de la production devra devenir une priorité, même à cette époque. Avec la future gamme de véhicules électriques de Jaguar, une toute nouvelle culture d'entreprise pourrait se mettre en place, où au lieu de se demander « combien pouvons-nous économiser ici », la question sera « quelle est la qualité de ce que nous pouvons faire » », a déclaré Truett.
Dans les statistiques de fiabilité européennes et américaines, Jaguar et Land Rover, qui construisent des voitures techniquement très proches, obtiennent invariablement les notes les plus basses. Comme il s'agit de voitures de luxe, équipées de nombreux gadgets et d'une technologie souvent complexe, les réparations sont également compliquées et donc coûteuses.
Nouveau départ
Quoi qu'il en soit, en investissant dans une nouvelle gamme et une relance complète, il est clair que le propriétaire indien Tata croit toujours en son enfant en difficulté, malgré des chiffres de vente toujours médiocres. Il a même pris la décision radicale - et à vrai dire sans précédent dans le secteur automobile - de cesser la production de presque tous ses modèles. Seul le F-Pace est encore en production, mais il s'arrêtera lui aussi dans le courant de l'année 2025.
Début décembre, elle a ensuite présenté le Type 00, un prototype d'une nouvelle génération de modèles qui rompt radicalement avec le passé. L'avenir nous dira si ce nouveau départ peut redonner vie au félin, et s'il peut laisser derrière lui les mauvaises habitudes du passé.
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