Le débat autour de la limitation de vitesse sur les autoroutes wallonnes n’est pas nouveau. Lors de la précédente législature, l’ancien ministre régional Philippe Henry (MR) avait déjà tenté d’abaisser la vitesse à 100 km/h sur ces axes structurants. Cette proposition avait toutefois suscité une vive opposition de la part de ses partenaires de coalition, le MR et le PS. Mais aujourd’hui, la nouvelle coalition MR-Engagés propose une approche différente, axée sur une gestion dynamique de la vitesse.
Dans sa déclaration de politique régionale (DPR), le gouvernement a annoncé son intention de mettre en place des dispositifs permettant d’adapter les limitations de vitesse en fonction des circonstances, comme cela existe déjà en Flandre, et, plus largement encore aux Pays-Bas par exemple. Ces dispositifs seront installés progressivement et permettront de moduler la vitesse autorisée selon les conditions climatiques, les moments de la journée (heures de pointes ou non), ou encore les situations de circulation spécifiques.
La fin de la limitation uniforme à 120 km/h
Concrètement, cela signifie que la limitation de 120 km/h, qui est actuellement la norme sur les autoroutes wallonnes, pourrait ne plus être appliquée partout et tout le temps. Cette flexibilité est perçue comme un moyen d’améliorer la sécurité routière et de fluidifier le trafic. En effet, les limitations de vitesse jugées plus crédibles par les usagers sont généralement mieux respectées, ce qui devrait avoir un impact positif sur la sécurité.
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Cette mesure n’est pas totalement nouvelle en Wallonie. Déjà, sous le précédent gouvernement, la ministre Valérie De Bue (MR) en charge de la Sécurité routière avait obtenu un budget pour étudier les modalités pratiques de cette approche. Un projet pilote avait même été lancé, bien que sa mise en œuvre n’ait pas encore vu le jour.
Des projets pilotes en préparation
Les projets pilotes actuellement en préparation sont financés par la SOFICO, le gestionnaire du réseau autoroutier wallon, dans le cadre du Plan de Relance Wallon. Un budget global de 5 millions d’euros a été alloué à ces initiatives, selon la porte-parole de la SOFICO, Héloïse Winandy, interrogée par Sud Info. L’un des premiers projets consistera à détecter les véhicules lents, comme les tracteurs, circulant sur les voies rapides. Les usagers seront informés de leur présence en amont, et la vitesse maximale sera alors réduite pour prévenir les accidents. Cependant, ce projet ne sera pas opérationnel avant 2025.
Un autre projet pilote vise à gérer la vitesse à hauteur des chantiers. Il est prévu d’adapter la vitesse sur certaines portions en fonction de divers critères tels que la présence d’ouvriers, les conditions météorologiques, ou encore la densité du trafic. Ce système sera testé à la fois sur un chantier autoroutier et sur un chantier routier, avec une mise en œuvre prévue également pour 2025.
Une stratégie inspirée de la Flandre
Il faut être honnête : la Wallonie s’inspire ici largement de la Flandre, qui a déjà mis en place des dispositifs similaires sur certaines de ses autoroutes. Par exemple, sur l’E40 à hauteur de Gand, des portiques permettent de moduler la vitesse en fonction de la densité de la circulation. Des systèmes comparables existent aussi sur le Ring de Bruxelles, notamment près du carrefour Léonard, où la vitesse peut être abaissée à 70, voire 50 km/h selon les conditions de trafic.
Cette approche vise à uniformiser la vitesse des véhicules en cas de circulation dense, pour ainsi éviter les effets « accordéon » qui engendrent des embouteillages. L’Institut VIAS souligne d’ailleurs que ces mesures ont démontré leur efficacité pour fluidifier le trafic et améliorer la sécurité routière. En effet, la réduction progressive de la vitesse limite les coups de frein brusques et les accélérations, ce qui a également un impact positif sur l’environnement en réduisant les émissions de particules fines. Selon les études précédemment menées, l’efficacité de ces mesures semble évidente : une gestion dynamique des limitations de vitesse permettrait de réduire de -6% le nombre de tué sur les routes, de -30% l’ampleur des embouteillages et encore de -7% les émissions de particules fines. Pour les conducteurs wallons, le changement sera donc important lorsqu’il surviendra et ceux-ci devront adapter leurs comportements, sous peine probablement de sanctions à l’heure où nos routes sont de plus en plus surveillées par les nouvelles technologies – et les hommes qui se cachent derrière.
Photos : Vlaams Verkeerscentrum & wegenenverkeer
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