Contrôle technique automobile belge : une harmonisation entre les régions vraiment impossible ?

Alors que la Flandre travaille à l’ouverture du contrôle technique aux garages agréés pour fluidifier les files et alléger les coûts d’ici 2028, la Wallonie et Bruxelles s’opposent à cette réforme qu’elles jugent risquée pour la sécurité routière. Un débat qui esquisse une Belgique de plus en plus segmentée. Et tant pis pour les automobilistes ?

Publié le 17 juillet 2025
Temps de lecture : 5 min
Contrôle technique automobile belge : une harmonisation entre les régions vraiment impossible ?

À l’horizon 2028, la Flandre a prévu de bouleverser les règles du contrôle technique automobile. La volonté : permettre aux garages agréés d’effectuer les vérifications à la place des centres spécialisés et assouplir les modalités pour les automobilistes. La réforme a aussi prévu (et c’est déjà effectif) d’espacer les visites obligatoires : les véhicules de plus de 4 ans et qui n’avaient pas encore atteint les 160.000 km peuvent passer la visite tous les 2 ans plutôt que tous les ans. Les conducteurs qui se présentent en retard ont aussi deux mois pour se mettre en ordre, contre deux semaines auparavant.

L’objectif affiché est multiple : désengorger les centres actuels tout en faisant baisser les prix dans un marché perçu comme peu ouvert. Parmi les propositions connexes à cette réforme, il faut encore citer la suppression des contrôles supplémentaires obligatoires lors de la vente d’un véhicule d’occasion ou ceux relatifs à l’ajout d’équipements spécifiques comme les attelages.

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Des réticences fortes au sud du pays

Mais comment Bruxelles et la Wallonie voient-elles cette réforme ? Pourrait-elle s’en inspirer ? Les automobilistes wallons et bruxellois pourraient-ils eux aussi ne passer le contrôle que tous les quatre ans et éventuellement chez un garagiste de proximité ? Apparemment non, car la Wallonie comme la Région bruxelloise ont marqué clairement leur désaccord. Interrogé par Le Vif, le ministre wallon de la Mobilité, François Desquesnes (Les Engagés), reconnaît avoir pris acte des intentions flamandes, mais il adopte une posture prudente. Pour lui, il ne s’agit pour l’instant que d’un signal politique sans traduction concrète étant donné l’échéance de 2028. Il insiste néanmoins sur la nécessité pour les opérateurs wallons de poursuivre leurs efforts afin de répondre aux attentes des usagers, notamment en termes de rapidité et de qualité du service.

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À Bruxelles, la ministre sortante de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Ecolo), se montre encore plus catégorique. Elle voit dans la proposition flamande une menace directe pour l’indépendance des contrôles et pour la sécurité routière. Permettre à des garages de réaliser ces vérifications poserait, selon elle, un problème d’impartialité, même s’ils ne peuvent pas contrôler leurs propres réparations.

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© Groep Autoveiligheid

Mêmes préoccupations, réponses divergentes

Sur le terrain, les autorités wallonnes ont déjà introduit certains allègements. Un système de bonus permet, sous conditions, d’allonger la validité des visites techniques à deux ans pour les véhicules récents et peu kilométrés (moins de 8 ans et moins de 110.000 km). Une mesure qui vise à alléger les contraintes et les potentielles files (qui n’ont jamais été très longues). Mais en Wallonie, on est clair : aucune réforme structurelle de grande ampleur n’est à l’agenda.

À Bruxelles, la problématique des délais d’attente est aussi bien réelle, mais l’origine du problème est différente : il découle d’un manque criant de personnel qualifié. Les infrastructures sont jugées suffisantes, mais la pénurie de main-d’œuvre freine leur bon fonctionnement. Là aussi, la prise de rendez-vous a été généralisée, mais son efficacité reste conditionnée à un renforcement des équipes.

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Un contrôle technique à plusieurs vitesses

Mais cette différenciation des règles inquiète, surtout du côté francophone. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce type d’évolution va inciter encore davantage certains conducteurs à se rendre là où les normes sont les plus souples, engendrant une forme de « tourisme du contrôle technique ». Ce qui est déjà le cas. 

En effet, les normes environnementales sont moins strictes en Wallonie, notamment pour les contrôles des filtres à particules. De ce fait, les automobilistes bruxellois ou flamands se déplacent jusqu’en Wallonie où ils obtiennent une carte verte qu’ils n’auraient pas obtenue dans leur région. Et forcément, la technique étant de plus en plus connue, certains centres de contrôles wallons commencent aussi à être surchargés.

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Une concertation ? Pas à l’ordre du jour !

Les compétences relatives au contrôle technique sont régionales et, dans cette configuration, il semble évident que la coordination reste essentielle pour assurer une cohérence minimale à l’échelle du pays. Mais est-ce possible pour que tous les automobilistes soient traités sur un même pied ? Côté wallon, on évoque des échanges réguliers dans le cadre de la Conférence interministérielle de la Mobilité. Mais côté bruxellois, le ton est plus amer : la réforme flamande aurait été annoncée sans concertation préalable, ce qui génère une certaine frustration. Bruxelles dénonce un manque de dialogue et une réforme qualifiée de « populiste » qui ignore aussi les exigences croissantes imposées par l’Union européenne. Le cadre communautaire imposerait en effet une séparation stricte entre les activités de contrôle et les prestations commerciales, une exigence que la Wallonie et Bruxelles estiment compromise par le projet flamand. Avec ses réformes, la Flandre bouscule les équilibres. Mais elle met aussi à mal l’équité entre automobilistes tandis qu’elle pourrait aussi compromettre la sécurité sur les routes qui, elles, ne connaissent pas de frontière...

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Par David Leclercq Rédacteur automobile
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