Une étude britannique menée par un des leaders des tests d’émissions en conditions réelles, Emissions Analytics, démontre que les pneumatiques des automobiles émettent une quantité non négligeable de particules. Selon l’organisme, l’Europe n’aurait focalisé sa législation ces dernières années que sur la réduction des émissions des groupes moto propulseurs, mais pas d’autres éléments mécaniques constitutifs des automobiles.
En l’absence de législation et de contraintes, les pneumatiques – notons que c’est aussi le cas des freins, mais une réglementation les concernant pourrait arriver avec la norme Euro 7 – seraient aujourd’hui devenus la première source de particules fines. Elles seraient ainsi jusqu’à 3.500 fois plus nombreuses que celles émises à la sortie des pots d’échappement tandis qu’elles seraient aussi jusqu’à 2.000 fois plus toxiques selon Emissions Analytics.
300.000 tonnes dans la nature
Selon l’organisme anglais, un pneu neuf émettrait jusqu’à 73 mg de particules fines par kilomètre alors qu’un pneu usé n’en émettrait « que » 36 mg/km, ce qui fait encore beaucoup par rapport aux moteurs thermiques (0,02 mg/km). Selon Nick Molden cité par le journal anglais The Guardian les pneus éclipsent les émissions des groupes moto propulseurs et constituent aujourd’hui la source majeure d’émissions des véhicules.
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Nous sommes arrivés à une quantité ahurissante de matière rejetée dans l’environnement : 300.000 tonnes de caoutchouc chaque année rien qu’au Royaume-Uni et aux États-Unis et ce uniquement pour les voitures particulières et les utilitaires légers. Or, il existe encore des centaines d’autres produits chimiques intégrés dans les pneus, dont beaucoup sont cancérigènes. »
Les particules produites par les pneus polluent évidemment l’air, l’eau et le sol indique encore Emissions Analytics et elles pèsent donc sur la santé publique. Les tests ont en effet démontré que le roulement des pneumatiques produisent des particules d’une taille inférieure à 23 nanomètres, c’est-à-dire des agents tellement microscopiques qu’ils sont capables de pénétrer non seulement les voies respiratoires, mais aussi les organes dont donc pénétrer directement dans le sang des personnes exposées. Or, aucune législation, pas même aux USA, n’impose de limite sur ces particules ultra fines, tout simplement parce qu’elles sont difficilement mesurables.
Changer de composés ?
Emissions Analystics plaide donc pour un grand recensement des pneumatiques existants sur le marché et de leurs composés chimiques afin de pouvoir prendre rapidement des mesures au sujet des gommes les plus polluantes étant donné que les choix techniques et chimiques varient d’une marque à l’autre.
Le problème semble d’autant plus préoccupant que le nombre de particules émises par les pneus est croissant ces dernières années en raison de l’augmentation de poids des véhicules. Le passage à la voiture électrique n’arrangera donc pas les choses de ce côté, sauf si, évidemment, les voitures électriques deviennent moins lourdes, ce qui serait possible avec les nouvelles technologies de batterie comme les batteries solides notamment.
Certaines autres recherches tendent à démontrer que les particules issues du roulement des pneus finissent dans l’océan et qu’elles seraient à l’origine de la disparition des saumons notamment en Californie. Cet état connu pour ses positions écologistes fortes a d’ailleurs prévu d’interdire certains composés dans les pneumatiques neufs dès ce mois de juin. Selon Emissions Analytics, l’Europe est nettement en retard sur les États-Unis pour légiférer dans ce domaine. Probablement, mais n’oublions pas non plus que nos besoins en termes de comportement pour les pneumatiques sont aussi nettement différents de ceux des Américains qui roulent sur des routes majoritairement droites. Harmoniser les choses ne sera donc pas si facile, même si ce sera évidemment nécessaire.
Il est intéressant de noter que les résultats de cette étude ont été publiés juste avant la décision prise par l’Europe d’interdire la vente de moteurs thermiques en 2035, et ce précisément pour les problèmes liés à la pollution et donc à la santé publique. Il semble que, comme souvent, les autorités éprouvent bien des difficultés à se coordonner pour légiférer globalement dans une matière pour que le résultat soit efficace à tous les niveaux.
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