Récemment, trois constructeurs japonais – Honda, Nissan et Mitsubishi – se sont associés. Leur objectif ? Devenir partenaire pour travailler ensemble sur les véhicules électriques, les véhicules définis par logiciel, mais aussi pour la passation de marchés communs (achats groupés). Autrement dit, il s’agit d’investir plus vite et plus fort ensemble et de récolter plus rapidement les bénéfices. C’est du reste ce que fait Volkswagen avec XPeng, ou Audi avec SAIC pour ne citer que ceux-là.
Il faut se souvenir que Nissan et Mitsubishi étaient jusqu’il y a peu liés à Renault. Mais ce partenariat a finalement échoué en raison de réorganisation au sein des deux entités, mais aussi de reproches dans la manière de travailler de chacune des marques – on peut logiquement se demander pourquoi les Zoé et les Leaf ont été développées chacune de leur côté, sans justement partager les coûts. Dans ce cadre, Nissan a continué sa route de son côté et s’est associé à Honda. Et Mitsubishi vient de rejoindre ce duo. L’objectif est de développer notamment des logiciels communs pour qu’ils soient opérationnels dès 2027.
Carlos Ghosn sort du bois
A priori aligné avec ce qui se pratique dans le secteur aujourd’hui, ce partenariat est aujourd’hui vivement critiqué par… Carlos Ghosn, presque aussi célèbre aujourd’hui pour son évasion du Japon dans le cadre de malversations que pour la direction de main de fer qu’il a imposé au groupe franco-japonais pendant plusieurs années. Réfugié au Liban (qui n’extrade pas), l’homme a tenu une conférence avec nos confrères d’Automotive News pour donner son avis sur ce rapprochement entre les trois constructeurs japonais qu’il considère comme une prise de pouvoir de Honda.
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Ghosn a ainsi expliqué qu’il sera très difficile à mener à bien ce partenariat, et ce quelle que soit la forme qu’il prendra : « la signature d’une alliance est la partie la plus facile. Maintenant, faire fonctionner l’alliance est une tout autre histoire. » Jusqu’ici, de nombreux détails de la nouvelle alliance restent inconnus, comme les moyens de financement ainsi que les investissements. Mais pour Carlos Ghosn, il n’y a pas photo : « Honda est de loin le plus fort des trois », a déclaré l’ancien homme fort de Renault-Nissan. Et il n’hésite pas non plus à tirer à boulets rouges sur son ancien employeur, Nissan qu’il accuse d’essayer de « trouver un sauveur. La signature d’un accord avec Honda ressemble à une initiative visant à détourner l’attention des résultats déplorables », a encore précisé Calos Ghosn. Il est vrai que les bénéfices de Nissan ont fondu ces derniers mois tandis que les ventes ralentissent.
Cavalier seul ?
Cette situation n’est pas celle de Honda qui a, au contraire, vu ses résultats exploser grâce à des ventes records. « Je ne peux pas imaginer un seul instant comment cela va fonctionner entre Honda et Nissan, à moins qu’il ne s’agisse d’une prise de contrôle déguisée par Honda sur Nissan et Mitsubishi », a encore déclaré Ghosn qui, rappelons-le, est considéré comme un très grand gestionnaire pour avoir sauvé Nissan de la faillite à la fin des années 1990 – indépendamment des détournements à des fins personnelles de Carlos Ghosn. La nouvelle alliance qui se dessine pourrait donc être difficile à concrétiser et d’autant plus quand on prend en considération l’histoire de Honda qui a toujours fait preuve d’une très grande indépendance. Bien que Honda ait entretenu des liens étroits avec GM, le constructeur japonais n’a jamais eu de lien capitalistique significatif avec un autre constructeur automobile.
Marchera ou pas ? Pour Ghosn, c’est une question de posture : « dire qu’ils vont travailler ensemble ne représente que 5% du défi. Les 95% restants relèvent de domaines où il faut vraiment s’asseoir, avoir une position forte et répartir le travail. Il faut travailler sur les synergies. Vous devez vous assurer que vous n’êtes pas obnubilés par votre identité ou votre appartenance nationale. Vous devez vraiment vous préoccuper de vos résultats, de l’augmentation de vos revenus et de la réduction de vos coûts », estime Carlos Ghosn. Sur cet aspect, il a certainement raison. À voir comment les trois partenaires gèreront leur alliance. Ils ont tout pour réussir, sauf si…
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