L’histoire de l’automobile est riche en collaborations entre différents constructeurs. Mais la liste des échecs est au moins aussi longue. Il suffit de penser au mariage entre Mercedes et Chrysler, aux problèmes entre Nissan et Renault ou à la douloureuse entente entre Fiat et GM à l’époque. Au Japon, un nouveau triangle industriel est en train de naître. Mitsubishi a annoncé qu’il s’associerait à Nissan et Honda, qui avaient déjà conclu un accord, pour relever les défis et les changements de l’avenir.
Rattraper le retard
Pour ce qui est de la nature de ce défi, il n’y a pas à chercher bien loin. Il s’agit, bien sûr, du développement et de la construction de véhicules électriques. C’est un trou dans le budget de tous les constructeurs pour l’instant, surtout si l’on considère les ambitions floues maintenant que le marché privé de l’e-car ne décolle pas. Les Japonais feront dans ce domaine ce que Volkswagen fait déjà avec Ford, et récemment Rivian, ou Aston Martin avec Lucid : répartir les coûts de développement, augmenter le pouvoir d’achat et récolter plus rapidement les bénéfices de l’échelle. Cela implique de se concentrer non seulement sur les batteries mais aussi sur les logiciels, deux sous-domaines dans lesquels les marques classiques ont moins d’expérience. Elles sont donc à la traîne. Le passage à la conduite électrique change beaucoup de choses. Souvent trop pour qu’une marque puisse y faire face seule.
Bien que Nissan soit un pionnier en matière de véhicules électriques (il suffit de penser à la Leaf 2012), les Japonais ont aussi un retard à rattraper. Le pourcentage de nouvelles voitures électriques vendues n’atteint encore que 4 % sur le marché intérieur, alors qu’il est cinq fois plus élevé en Belgique, par exemple. Mais il y a une autre raison pour laquelle les rivaux japonais perdent leur avantage concurrentiel et se tendent la main : La Chine.
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La peur d’être balayé par les bulldozers
À l’instar des marques allemandes, les Japonais craignent également que leur glorieuse industrie automobile ne soit menacée par les marques chinoises, qui s’implantent elles aussi au compte-gouttes sur l’île, et qui développent à toute vitesse les VE et la technologie des batteries. L’importance du marché chinois n’est pas des moindres. Il est également crucial pour le flux de revenus des marques japonaises, mais si les Japonais continuent à viser leur technologie hybride, ils seront complètement balayés par les marques locales de la République populaire. Ce processus est en cours. « Le marché chinois n’est pas seulement le plus grand du monde, c’est aussi l’un des plus compétitifs », a déclaré Tatsuo Yoshida, analyste japonais chez Bloomberg. Le Japon regarde son grand voisin avec une certaine envie. En effet, le pays lui a ravi le titre de premier exportateur mondial de voitures l’année dernière, et augmentera considérablement son avance cette année avec une exportation prévue de 6 millions de voitures.
Les patrons respectifs des différentes marques automobiles expriment des espoirs dans cette alliance. Mais elle devra rapidement passer à la vitesse supérieure. L’évolution vers la nouvelle technologie des véhicules électriques se fait à la vitesse de l’éclair et la collaboration doit également donner naissance à des solutions pour des choses comme les mises à jour en direct et la conduite autonome. Il s’agit là de technologies délicates pour lesquelles différentes cultures d’entreprise doivent s’aligner. Si l’on se souvient des retards enregistrés avec le Volvo EX90, l’Audi A6 et, plus récemment, avec la C3 de Stellantis, les logiciels sont souvent le bouc émissaire de ces temps modernes. L’alliance visera d’abord le marché chinois, mais il n’est pas improbable que les voitures développées conjointement finissent aussi en Europe, étant donné l’interdiction des moteurs à combustion interne en 2035.
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