Depuis janvier dernier, la guerre des prix fait rage en Chine pour les voitures électriques. C’est Tesla qui a initié ce mouvement afin d’augmenter ses volumes de ventes et acquérir une taille critique (c’est-à-dire, la taille en dessous de laquelle l’entreprise n’est pas considérée comme viable).
Cela dit, cette guerre des prix n’est pas sans conséquences. Certes, celui dynamise le marché des voitures électriques autant qu’elle bénéficie aux consommateurs qui peuvent acheter moins cher. Par contre, cette guerre des prix a un coût non négligeable pour les ouvriers chinois du secteur automobile qui sont en première ligne face aux industriels qui doivent trouver des solutions pour réduire leurs coûts afin de rester rentables.
Une colère qui gronde ?
Dans ce contexte, toutes les économies sont bonnes à prendre pour les constructeurs. Les ouvriers sont les premiers à souffrir des coupes sombres et ils sont littéralement sacrifiés sur l’autel du profit. Ainsi, selon Automotive News et Reuter, les ouvriers ont du passer en travail de nuit en pleine canicule à Shanghai, car la joint-venture Volkswagen-SAIC avait décidé de réduire les coûts de climatisation.
Publicité – continuez à lire ci-dessous
Les gifles se multiplient selon plusieurs sources, car les ouvriers ont déjà vu leur salaire versé pour les heures supplémentaires divisé par trois. En réduisant les heures et en supprimant les primes, certains ouvriers ne touchent plus que 50% de leur salaire. Du coup, ceux qui étaient jusqu’ici fiers de travailler pour l’industrie automobile se disent désormais en colère. Quand on pense que les salaires de base oscillent entre 2 et 4,5 dollars de l’heure…
40 marques
Au total, ce sont plus de 40 marques automobiles qui se sont lancées dans la guerre des prix qui fait rage depuis janvier 2023. Le problème, c’est que ces économies drastiques du secteur automobile portent aussi préjudice à d’autres secteurs qui sont entraînés malgré eux dans cette spirale.
Le pire, c’est que cette guerre des prix n’a pas entraîné un boom de la demande. Au contraire. Ces derniers mois, la demande a stagné. De janvier à août 2023, la Chine a écoulé 11,4 millions d’automobiles et elle en a exporté 2 millions (+81%). Et la majorité de la croissance provient de l’étranger. La hausse enregistrée sur le marché intérieur n’a en effet atteint que +1,7%. Maigre pour une guerre des prix acharnée. À ce sujet, le prix d’une transaction moyenne pour une voiture électrique ou hybride a baissé de -15% en juin par rapport à janvier, pour atteindre 185.100 yuans (23.620 euros).
Des licenciements aussi
Ce déséquilibre entre production et consommation est complexe à gérer pour la Chine qui avance un taux d’utilisation moyen de ses usines automobiles de 54,5%, en baisse par rapport aux 66,6% de 2017. Naturellement, les constructeurs licencient aussi massivement dans ce contexte de faible production. On estime que l’emploi généré par le secteur auto tourne autour des 30 millions de personnes, mais ce chiffre ne cesse de baisser dans ce contexte défavorable.
Mitsubishi Motors et Toyota ont licencié des milliers de personnes en Chine après l’effondrement des ventes selon Automotive News Europe tandis que d’autres constructeurs comme Tesla ou le fabricant de batteries CATL ralentissent les embauches. D’autres encore, comme Hyundai, tentent de revendre des usines.
Les constructeurs chinois comme Tesla mettent aussi la pression sur leurs fournisseurs qui doivent désormais revoir leur prix à la baisse avec un objectif colossal de –15%. Par exemple, les batteries au phosphate de fer lithié (LFP) utilisées par Tesla Chine étaient -21% moins chères en août qu’il y a cinq mois. Et les batteries nickel-cobalt étaient de -9% à -18% moins chères, selon les données de RealLi Research. Le modèle à prix cassé peut-il tenir ? Pas certain. Et finalement, si c’était les constructeurs européens qui avaient raison de refuser cette guerre des prix pour préserver un certain équilibre ?
À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be