Il y a à peine 20 ans, la direction de Volkswagen a mis en route la ligne de production de la toute nouvelle usine de Dresde. On se croirait pourtant à une autre époque car un optimisme progressiste avait conduit les Allemands à construire cette « Gläserne Manufaktur » (usine de verre en allemand), dans un lieu étrange : au centre de la ville culturelle de Dresde.
Aujourd’hui, l’atmosphère est différente à l’étage des directeurs à Wolfsburg. La contraction du marché européen signifie que le groupe VW se retrouve avec une capacité de production excédentaire. En outre, il est beaucoup moins dominant sur le marché de l’électricité qu’il ne l’était il y a dix ans sur celui des moteurs à combustion interne (diesel), avec des modèles comme la Golf ou la Passat. Le parc d’usines est donc en train d’être désherbé, et il est généralement admis que Dresde est dans le collimateur, même si Wolfsburg n’a encore rien communiqué officiellement à ce sujet.
Limousine de luxe
Au tournant du siècle, les choses vont bien pour le groupe Volkswagen : le marché de l’Europe de l’Est est en pleine expansion et l’avenir économique de la Chine est radieux. Le chef Ferdinand Piëch encourage ses troupes à réaliser des prouesses techniques et ajoute des marques comme Bugatti, Lamborghini et Bentley à son portefeuille. Pour Volkswagen lui-même, il nourrit de grandes ambitions : rivaliser avec Mercedes en fabriquant un équivalent de la Classe S. Cette ambition a été interprétée plus tard comme une riposte au fait que Mercedes avait pleinement ciblé l’acheteur de la Golf quelques années plus tôt avec la Classe A.
Le résultat fut la Phaeton, et Volkswagen construisit spécialement une usine séparée pour sa limousine de luxe. Aujourd’hui, la Phaeton n’existe plus et la Gläserne Manufaktur est plutôt une curiosité intéressante.
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Parquet magnétique
Plus qu’intéressant même. Situé à l’orée d’un parc municipal, l’objet est entièrement revêtu de verre. L’idée était que les visiteurs n’aient même pas à coller leur nez à la fenêtre pour voir la chaîne de production. Il ne s’agit pas d’un dispositif ordinaire, mais de postes de travail qui se déplacent de manière autonome d’un poste à l’autre, alimentés par des aimants situés sous le beau parquet. L’usine de Dresde n’est pas plus qu’un hall d’assemblage, car elle ne possède pas d’atelier de carrosserie ou de peinture.
Les carrosseries de la Phaeton provenaient d’une autre usine. Les autres pièces ont été livrées par tramway depuis un entrepôt situé à la périphérie de la ville.
Le modèle a impressionné lors de son lancement en 2002, notamment grâce à son moteur diesel V10, mais il a été un échec. Les conducteurs affables de Mercedes et de BMW préféraient acheter une nouvelle Classe S ou Série 7 plutôt que de passer à une Volkswagen, quelle que soit sa qualité. À la fin de sa vie, les ventes ont brièvement rebondi car le marché automobile chinois avait des vues sur le modèle de luxe, mais en 2016, les Allemands ont cessé de le construire pour de bon.
Entre-temps, Dresde a également assemblé des exemplaires de la Bentley Continental Flying Spur. Pour les amateurs d’histoire, Dresde a été bombardée par l’armée de l’air britannique (et américaine) pendant la Seconde Guerre mondiale. Les moteurs de leurs Lancaster, entre autres, étaient construits dans une usine de Crewe, qui fabrique aujourd’hui… des Bentley.
Au chômage
Depuis la fin de la Phaeton, l’usine de Dresde est au chômage technique. Elle a été autorisée à produire des Golf électriques pendant un certain temps et sert aujourd’hui de capacité excédentaire pour la construction de l’ID.3. Cependant, l’usine principale pour ce modèle est celle de Zwickau, et cette capacité est plus que suffisante aujourd’hui. Dresde construit encore des voitures à petite échelle, et les visiteurs peuvent suivre des visites guidées le long de la ligne presque tous les jours. De toute façon, seules 340 personnes y travaillent aujourd’hui.
En ce sens, la Gläserne Manufaktur est déjà principalement un centre d’accueil des visiteurs et un lieu d’événements.
Egalement Emden et Osnabrück ?
La Gläserne Manufaktur est mentionnée comme l’une des trois usines allemandes que le groupe VW veut fermer, avec celles d’Osnabrück et d’Emden. L’ancienne usine Karmann d’Osnabrück n’aura bientôt plus à s’inquiéter, puisque la production des Porsche 718 Boxster et Cayman y sera arrêtée en 2025.
L’usine d’Emden, située dans le nord de l’Allemagne, près de la Frise, a toujours produit la Passat. Toutefois, ce modèle provient depuis peu de la République tchèque. La génération actuelle ayant la même carrosserie que la Superb, Skoda pourrait également assembler cette Volkswagen.
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