Depuis la crise de la Covid, on a pu constater à quel point notre dépendance était grande aux autres pays du monde pour certains produits, notamment pour la chose automobile ce secteur s’étant retrouvé en bien mauvaise posture lors des pénuries de semi-conducteurs. A la suite de ces événements, les décideurs semblaient avoir pris conscience de l’importance de relocaliser certaines productions stratégiques et de préserver – voir relancer pour certains – les industries nationales.
Or les concrétisations ont peine à émerger, notamment pour tout ce qui relève des batteries, secteur sur lequel l’Asie (Chine, Corée, Japon) exerce un quasi-monopole, de l’extraction, à la production en passant par le traitement du lithium. Or, la maîtrise des maillons de l’industrialisation des batteries est un enjeu pour le moins essentiel pour l’avenir, car celle-ci pèse pour 40% du prix d’une voiture électrique. La maîtrise de son coût représente donc un levier essentiel.
Une guerre des aides d’État !
L’Europe a déjà pris des mesures pour les semi-conducteurs via 42 milliards d’euros mobilisés à travers le European Chips Act. Cela dit, il faudra du temps pour que les projets se concrétisent. Pour les batteries par contre, c’était jusqu’ici le grand flou et d’autant plus que les États-Unis a mis une solide pression avec son Inflation Réduction Act (IRA) qui promet 369 milliards de dollars de subventions aux industriels de la transition (dont les producteurs de batteries ou de voitures électriques) qui viendraient s’installer sur le sol nord-américain (Canada compris).
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Et en Europe ? Rien ou si peu semble-t-il, car la Commission n’a pas prévu d’enveloppe d’aides aux entreprises. Tout au plus les règles d’aides d’État ont été assouplies pour tenter de compenser l’offre américaine. Suffisant ? Difficile à dire, car Volkswagen a déjà décidé de quitter l’Europe et de construire une usine de batteries au Canada.
De bonnes nouvelles, enfin !
Initialement, on avait compris que Volkswagen n’était pas le seul à lorgner les aides américaines. En effet, Tesla a renoncé à construire une gigafactory de batteries à côté de son usine de Berlin tandis que les projets d’Italvolt (en Italie), de Inobat (Serbie) étaient aussi mis entre parenthèses. Même les Chinois s’étaient mis à réfléchir à l’intérêt de s’implanter outre-Atlantique (CATL et CALB). Au total, l’organisme T&E estimait en mars 2023 que 66% des projets industriels de batteries européens étaient hypothéqués.
Mais c’était sans compter sur de bonnes nouvelles qui sont tombées récemment : le Taïwanais ProLogium (spécialisé dans le développement des batteries solides) a choisi d’implanter sa première usine européenne à Dunkerque (France) tandis que le suédois Northvolt a finalement décidé de rester en Europe en construisant une gigafactory en Allemagne (Heide, dans le nord du pays).
Créer un écosystème
Il s’agit là d’excellentes nouvelles pour l’avenir et la démocratisation de la voiture électrique, car ces projets d’usines à batteries se marieront forcément très bien avec les projets d’extraction et de traitement de lithium en Europe, ce qui pourrait amener notre région à plus d’indépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Bien entendu, ces implantations ne se sont pas faites sans rien : l’État français s’est appuyé sur ces fameux assouplissements des aides d’État européennes et le gouvernement accordera à ProLogium des crédits d’impôt tandis que Macron envisage aussi que les subventions à l’achat d’une voiture électrique soient conditionnées à une fabrication sur le vieux continent. Scénario identique du côté allemand où on cite une aide substantielle du gouvernement allemand, sans toutefois encore citer de chiffres.
De l’emploi aussi
Ces projets ne sont pas seulement bons pour notre indépendance industrielle, mais aussi pour l’emploi. Car on estime que l’usine de Dunkerque créera 3.000 emplois directs et jusqu’à 12.000 indirects d’ici à 2030, des chiffres qui sont aussi ceux cités pour l’Allemagne. Les investissements se chiffrent eux autour des 5 milliards d’euros pour chaque projet.
Ces annonces sauveront-elles les voitures électriques européennes face à la menace chinoise où les constructeurs automobiles tirent précisément leur force de leur maîtrise de l’entièreté de la chaine de valeur de la voiture électrique ? Il est trop tôt pour le dire, mais ces projets redonnent l’espoir que les Européens peuvent eux aussi créer un véritable écosystème de la voiture électrique. Certes, les maillons manquants sont encore nombreux, mais c’est maintenant qu’il faut agir.
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