Cette course au lithium dans laquelle l’Europe est à la traîne

Pour nos batteries, la course au lithium est lancée. Sauf que l’Europe semble nettement à la traîne dans cette bataille alors même qu’elle oblige le passage à la voiture électrique dès 2035. Faut-il s’inquiéter ?

Publié le 28 juillet 2022
Temps de lecture : 4 min

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Cette course au lithium dans laquelle l’Europe est à la traîne

Le passage à la voiture électrique ne sera pas seulement une révolution pour les automobilistes. Elle l’est aussi pour les industriels et leurs fournisseurs puisque les chaînes d’approvisionnement vont fortement évoluer. Et cette transition se fera à marche forcée, car l’Europe a décidé que dès 2035, il n’y aurait plus que des voitures neuves électriques qui seraient vendues sur notre continent. Cela laisse à peine 12 ans pour la transition, ce qui est peu.

Beaucoup d’observateurs, voire d’acteurs du milieu industriel automobile, s’inquiètent d’ailleurs de cette marche forcée. Et à raison, car les matières premières qui composent nos automobiles vont changer. Le lithium en particulier, ce minerai essentiel à la production de nos batteries (aussi pour nos ordinateurs, smartphones, etc.) est fortement convoité partout dans le monde et, problème, sa production n’est aujourd’hui pas suffisante pour répondre à la demande, et ce alors que les voitures électriques n’ont pas encore pris leur (total) envol. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que certains s’inquiètent, comme le patron de Stellantis d’ailleurs, Carlos Tavares, qui prédit déjà des pénuries de batteries dès 2024.

Que fait l’Europe ?

Le lithium est donc devenu en quelques années un enjeu stratégique avec des filières qui doivent absolument être sécurisées. Habituellement, l’Europe qui est l’un des continents à tirer la voiture électrique se fournissait à l’étranger, principalement en Chine. Sauf que l’empire du Milieu a lui aussi besoin de quantité astronomique de ce minerai. Le lithium n’est toutefois pas une denrée rare et on en trouve d’ailleurs à profusion dans nos sols.

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Trois sources d’extraction de lithium existent aujourd’hui : celle des roches dures dont on extrait le lithium en concassant les blocs, les lacs salés (salars) où le minerai est retiré par évaporation des saumures et, enfin, la géothermie où les eaux sont chargées de lithium bien que sa densité soit de trois à six fois moindre que pour un salair).

Bien évidemment, il n’y a pas de lac salé en Europe, mais ce métal est toutefois présent dans la géothermie ou les roches dures. Sur notre continent, une dizaine de projets d’extraction sont à l’étude, mais les travaux sont trop lents. Car les giga factories de Volkswagen et des autres marques lancées à corps perdu dans la voiture électrique ont poussé comme des champignons et elles doivent toujours se fournir à l’étranger, souvent de l’autre côté de la planète (Chine, Australie, Amérique du Sud).

Un marché qui explose

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Pourtant les industriels exploitants sont au courant des besoins en lithium. La Commission européenne estime d’ailleurs qu’ils seront multipliés par… 18 d’ici 2030, ce qui laisse augurer quelques problèmes, car les projets d’extraction en cours et qui ne verront pas le jour avant 2025 au moins ne pourront couvrir que 20 à 30% de la demande européenne.

Il y a donc urgence et certains pays commencent à en prendre conscience. Comme l’Allemagne qui vient de promettre de faciliter l’obtention d’un permis pour une exploitation de géothermie, une technique qui pourrait constituer un double avantage puisque, outre le lithium, ces forages pourraient aussi permettre de créer un réseau de chaleur pour les habitations et les bâtiments. À l’heure où l’Europe cherche à se séparer du gaz russe, c’est probablement une solution qui mérite d’être creusée…

Il n’en reste pas moins que l’Europe a des difficultés à développer ses propres gisements. Partout, les retards s’accumulent tantôt suite à l’opposition des riverains tantôt en raison des risques environnementaux. Si l’Europe est à la traîne pour la production du lithium, elle parvient par contre à bien développer son réseau de raffineries, un processus qui était aussi précédemment réalisé à l’étranger, spécifiquement en Chine. Mais cela ne suffit pas. Car lorsque la demande grimpera vraiment en flèche, l’Europe risque à nouveau d’être le dindon de la farce, un peu comme avec le gaz ou les hydrocarbures russes. Et au final, c’est le consommateur qui le paiera.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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