Économie

Voitures électriques : les prix du lithium et de son exploitation explosent

La transition automobile est totalement axée sur le déploiement à grande échelle des voitures électriques à batterie. Il faudra donc que celle-ci se démocratise, mais avec la difficulté de prix pour le lithium – le composant actuellement essentiel à la batterie – qui explosent.

David Leclercq David Leclercq | Publié le 10 oct. 2023 | Temps de lecture : 7 min

Progressivement, la voiture électrique entre dans nos vies et dans nos habitudes. S’il existe encore des freins psychologiques à son adoption, ceux-ci vont aussi s’adoucir avec des consommateurs qui verront qu’il est parfaitement possible de se déplacer au quotidien avec une voiture à batterie. En réalité, le seul gros frein qui subsiste, c’est le prix de ces voitures qui reste beaucoup plus élevé que pour une voiture thermique. Or, le prix, c’est le nerf de la guerre, surtout dans le contexte de forte inflation qui règne dans nos régions depuis plusieurs moins maintenant.

Conscients de cette difficulté, les marques automobiles et les bureaux d’étude des constructeurs de batteries mettent tout en œuvre pour tenter de réduire les coûts : robotisation plus importante des chaînes de production, réduction de la taille des batteries, etc. Cette démarche est aussi celle des gouvernements dont la plupart octroient des primes à l’achat. La Flandre vient d’ailleurs de franchir le pas en instaurant une prime à l’achat de 5.000 euros pour l’année 2024 pour toute acquisition d’une voiture électrique neuve de moins de 40.000 euros. Cette prime sera dégressive avec les années, mais, bonne nouvelle, elle est aussi octroyée aux acheteurs de voitures électriques d’occasion.

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Le problème du lithium

Cela dit, on commence à se demander si tous ces efforts porteront leurs fruits pour réduire les prix des batteries et, partant, des voitures électriques. Car les prix du lithium, ce minerai essentiel à la fabrication des packs, ne cessent d’augmenter et qui découle la demande sans cesse croissante pour cette matière, mais aussi… des coûts d’extraction qui suivent la même courbe.

Dans certaines exploitations de lithium, les coûts d’extraction auraient même doublé. Et cela va se poursuivre, car les coûts des nouveaux projets de mines explosent aussi. C’est le cas en AustralieLiontown Resources LTR avait estimé le coût de ses nouvelles installations à 300 millions de dollars. Mais il a fallu refaire les calculs et il s’avère que le projet coûtera finalement… 600 millions de dollars ! Et c’est pareil pour l’Argentin Rio Tinto qui a annoncé récemment que l’usine destinée au traitement du lithium coûterait en réalité 355 millions de dollars contre 140 millions estimés au départ.

L’inflation à tous les étages

Dans une analyse, le Wall Street Journal indique que c’est parfois les ambitions des entreprises qui aboutissent à une augmentation des coûts (vu la manne, un petit projet devient parfois nettement plus grand), mais c’est surtout le fait de l’inflation généralisée (matériaux, main-d’œuvre plus chère ou en pénurie, etc.). Le secteur des mines est en effet soumis aux mêmes règles économiques que les autres. De ce fait, si les investissements augmentent, ils entraînent mécaniquement une pression sur les prix. C’est donc toujours le consommateur final qui trinque.

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Les faits sont là : le prix de la tonne de charbon a augmenté de +45%, ceux du minerai de fer de +10% et on n’a pas encore parlé des prix de l’énergie… Le problème, c’est que la situation ne concerne pas que le lithium. Le cuivre aussi est sous pression et il intervient aussi dans les besoins pour la voiture électrique. Mais pas seulement : en réalité, c’est une foule de minerais qui sont nécessaires pour assurer l’ensemble du secteur de la transition (éoliennes, matériaux verts, etc.), ce qui ne fait que renforcer la demande comme l’indiquait un représentant de chez AMP Capital au média Business AM. Et comme on sort que plusieurs années de sous-investissements dans les matières premières, l’embouteillage n’en est que renforcé.

Cette situation n’est pas de nature à calmer le marché. Et à pouvoir répondre à la demande de plus en plus pressante de la décarbonation. Dans ces conditions, il faut probablement s’attendre à ce que les prix des voitures électriques ne baissent pas. À moins que de nouvelles technologies arrivent rapidement sur le marché, comme celle des batteries au sodium. Cela dit, une extraction minière sera toujours nécessaire, ce qui hypothèque toujours le principe d’une voiture électrique abordable.

 

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