L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre et, en même temps, on s’y attendait un peu : Audi vient de confirmer lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire qu’il n’y aurait pas de nouveau modèle à construire pour Audi Brussels au cours des prochaines années, pas plus qu’il n’y aurait la possibilité d’assembler des pièces ou des modules, à la façon d’une usine sous-traitante. Il faudrait de très bonnes lunettes de lecture pour ne pas voir dans cette annonce celle de la fin de l’aventure Audi sur les terres forestoises. D’autant plus qu’un manager de crise, Thomas Bogus, vient d’être nommé en lieu et place du CEO Volker Germann.
Initialement, la production chez Audi devait reprendre ce 4 septembre. Mais il n’en sera rien et on se demande combien de temps la crise va encore se prolonger. Pour rappel, Audi a prévu de supprimer 1.500 emplois cette année et encore 1.100 l’an prochain. Il ne restera donc rien des 3.000 employés du site.
Un repreneur ?
Du côté syndical, on est évidemment amer face à cette situation. Il reste encore un espoir lors du prochain conseil pour en savoir plus, mais ce ne sera pas avant le 17 septembre. Et quoi qu’il en soit, il ne faut probablement pas se faire d’illusion. Car il est évidemment totalement irréaliste de mettre l’usine sous cloche pendant plusieurs années en attendant des jours meilleurs.
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Finalement, la meilleure lueur d’espoir tient dans des contacts avec un repreneur potentiel pour le site. Un industriel ? Peut-être. Automobile ? Peut-être. Car il y a quelques semaines, Hub.Brussels avait avoué à nos confrères de l’Écho avoir rencontré un constructeur automobile chinois potentiellement intéressé par le site. Et on les comprend : avec les nouvelles taxes d’importation européennes, ceux-ci ont tout intérêt à s’installer rapidement sur le vieux continent pour les éluder. Dans ce contexte, l’option Audi ressemble d’ailleurs à une très belle opportunité à saisir (outil industriel, personnel qualifié, etc.).
Une crise profonde
La crise de l’usine bruxelloise est malheureusement le signal d’une crise bien plus profonde au sein du groupe Volkswagen. Des fuites en provenance du Comité d’entreprise viennent de révéler que la société envisage la fermeture de deux sites majeurs en Allemagne : une grande usine de véhicules et une usine de composants. Ces mesures radicales marqueraient une première dans les 87 ans d’histoire de l’entreprise, une étape qui pourrait bouleverser l’équilibre du marché automobile allemand. Le groupe VW, en quête d’économies substantielles pour atteindre son objectif de réduction des coûts de 10 milliards d’euros d’ici 2026, semble prêt à sacrifier des installations emblématiques pour rationaliser ses dépenses et survivre à la transition énergétique, y compris en Allemagne alors qu’il existait pourtant un accord de préservation de l’emploi et des activités depuis 1994.
Cette annonce a déclenché une réaction vive de la part du puissant syndicat IG Metall. Selon Thorsten Groeger, un représentant du syndicat, le plan présenté par VW est « irresponsable » et menace de « dégrader les fondations de Volkswagen ». Le syndicat promet une « résistance farouche » face à ces projets selon Reuters.
Un contexte de plus en plus difficile
La décision de VW s’inscrit dans un contexte économique difficile marqué par la hausse des coûts logistiques, énergétiques et de main-d’œuvre. La marge bénéficiaire de la marque est passée de 3,8% à 2,3% en un an alors qu’elle tournait autour des presque 10% il y a 10 ans. Cette diminution s’explique en partie par le passage à la voiture électrique, mais aussi en raison de la concurrence accrue, notamment en provenance de Chine. Oliver Blume, PDG du groupe, met en avant la nécessité de s’adapter à un environnement économique durci et à une baisse de compétitivité. Mais cette stratégie de réduction des coûts est-elle suffisante pour permettre à VW de maintenir sa position sur le marché ?
Des sites de production en danger
Les sites menacés en Allemagne comprennent les usines de Brunswick, Kassel, Salzgitter, Hanovre, Chemnitz ainsi que les chaînes de Wolfsburg, Emden, Zwickau, Dresde et Osnabrück. Les analystes ont déjà suggéré que les sites d’Osnabrück et de Dresde pourraient être des cibles potentielles pour des fermetures. Il faudra voir comment la direction de Volkswagen envisage les choses et évalue les forces et les faiblesses de chacun des sites. Les sources parlent en tout cas de la fermeture d’une grande usine d’assemblage et d’une usine de pièces détachées.
La pression accrue des concurrents chinois, qui lancent des véhicules électriques accessibles et performants, augmente la pression pour le constructeur de développer des modèles plus compétitifs qu’actuellement.
Quel avenir pour Volkswagen ? Il existera bien sûr, mais à quel prix et avec quelle casse sociale ? Bonne question, car les milliards d’économies ne se feront pas tout seuls et on imagine que l’idée dans la tête d’Oliver Blume, le PDG de Volkswagen, tient dans une rationalisation radicale qui permettra au groupe de faire face. Étant donné la situation en Allemagne et le contexte historique de fermeture d’usine et de perte d’emplois qui l’accompagnera forcément, on se dit logiquement qu’une issue positive pour Audi Brussels reste bien mince.
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