Si les voitures électriques et hybrides sont aujourd’hui saluées pour leur plus grand respect de l’environnement et leur confort d’utilisation l’environnement, une étude britannique publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health met en exergue un effet secondaire des ces véhicules électrifiés. Il apparaît en effet que les conducteurs d’électriques – en ce compris les hybrides rechargeables – sont deux fois plus susceptibles de renverser un piéton que les conducteurs de voitures thermiques. Et dans les zones urbaines, le risque serait même trois fois plus élevé.
Le silence est coupable ?
L’étude s’appuie sur les données qui comptabilisent 32 milliards de miles parcourus (ou 51 milliards de kilomètres) par des véhicules électrifiés et à 3 billions de miles parcourus (4,8 billions de kilomètres) par des voitures à carburant fossile. Autant dire qu’il y a matière… Dans les villes, le taux annuel moyen de piétons victimes par 100 millions de miles parcourus (160 millions de kilomètres) était de 5,16 pour les voitures électriques et hybrides, contre seulement 2,4 pour les voitures essence ou Diesel. C’est donc le double. Pas moins de 120.197 de ces « piétons victimes » ont fait l’objet d’une enquête et il s’avère que plus de 96.000 d’entre eux ont été renversés par une voiture ou un taxi. Au Royaume-Uni, comme en Europe, les accidents de la route sont la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes adultes. Dans les zones rurales toutefois, le lien entre accident et type de véhicule (électrique ou thermique) n’a pas pu être établi.
La cause du risque accru enregistré du côté des voitures électriques n’est pas très difficile à deviner : contrairement aux modèles à moteur à combustion, les voitures électriques sont silencieuses, surtout à faible vitesse. Ce n’est qu’à partir de 20 km/h que le bruit de roulement des pneumatiques se fait entendre, mais en deçà, il est donc difficile de les détecter, ce qui augmente le nombre d’accidents. « Les voitures électriques représentent un danger pour les piétons parce qu’elles sont moins susceptibles d’être entendues que les voitures à essence ou Diesel », conclut Phil Edwards, l’un des chercheurs qui ont mené l’enquête.
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Un nouveau type d’automobile
Mais l’analyse publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health ne se limite pas aux aspects mécaniques. Elle révèle également que les conducteurs de voitures électriques sont en général plus jeunes et donc moins expérimentés, ce qui contribue aussi à accroître le risque d’accident. Selon les données fournies par les assureurs, les jeunes conducteurs sont connus pour avoir un comportement plus risqué, ce qui augmente la probabilité d’accident, surtout si l’on tient compte du fait qu’une voiture électrique accélère de manière plus instantanée qu’une thermique. Un moteur électrique délivre en effet son couple maxi dès 0 tr/min, ce qui nécessite une certaine expérience pour la prise en main. En outre, à cause d’un poids plus élevé, les voitures électriques mettent aussi plus de temps à freiner. Les distances d’arrêt sont donc allongées. Les chercheurs indiquent que l’adoption de la voiture électrique nécessite une adaptation du comportement des conducteurs qui doivent prendre la pleine mesure du potentiel et des caractéristiques de ces véhicules. Les piétons ont l’habitude de s’orienter dans la circulation à l’ouïe et la voiture électrique rend donc les choses plus compliquées, même si l’étude ne tient pas compte de l’utilisation croissante du smartphone en rue, ce qui contribue à la distraction.
Cela dit, au-delà de l’intérêt de cette étude, plusieurs aspects étonnent. Comme le fait par exemple que la base de données utilisée pour l’analyse couvre une période allant de 2013 à 2017. Les chiffres ultérieurs ne sont pas connus en raison d’un « problème d’archivage ». Il s’agit clairement d’une lacune, car depuis juillet 2019, les voitures électriques qui roulent en Europe doivent émettre un son (AVAS ou alerte acoustique) à basse vitesse pour signaler leur présence aux usagers faibles. Et le Royaume-Uni a aussi adopté cette législation, même si le pays ne fait plus partie de l’Europe. Par ailleurs, depuis peu, les systèmes de détection des piétons se sont généralisés, ce qui permet de commander un freinage automatique en cas de danger imminent. Ces systèmes de sécurité font le plus souvent partie de l’équipement standard des véhicules électriques et ils sont même désormais proposés à la vente pour d’anciens véhicules (aftermarket). L’étude présente donc quelques lacunes importantes et il convient de la relativiser.
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