Voiture électrique : le prix de l’électricité multiplié par 5 en soirée en Wallonie ?

La Wallonie a prévu de réformer l’utilisation du réseau électrique dès 2026. Et à cette date, l’objectif est de tout faire pour décourager le rechargement des véhicules électriques en soirée pour éviter les tensions sur les réseaux.

Publié le 22 mars 2024
Temps de lecture : 5 min

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Voiture électrique : le prix de l’électricité multiplié par 5 en soirée en Wallonie ?

L’un des grands défis de transition vers la voiture électrique (et d’autres technologies électriques, comme les pompes à chaleur pour les habitations) est de permettre au réseau électrique de résister à la forte hausse de la demande. Certes, des travaux de renforcement sont prévus, mais il est aussi nécessaire de lisser la courbe de la demande, c’est-à-dire de mieux répartir la demande d’électricité au fil de la journée et d’éviter les pics de consommation qui nécessite de mettre en marche des centrales au gaz ou d’autres modes de production immédiats et donc souvent carbonés.

Dans ce cadre, la Wallonie veut réformer les tarifs de son réseau électrique, et ce dès 2026 avec l’objectif justement de lisser la courbe de la demande et de… décourager les utilisateurs de voitures électriques à recharger en soirée lorsque surviennent les pics. Idéalement, il faudrait qu’une grosse partie de la demande se déplace soit la nuit, soit pendant les heures où l’électricité photovoltaïque est la plus disponible, soit entre 11 et 17h.

Jusqu’à 5 fois plus cher !

On connaissait déjà le principe de cette réforme, mais pas encore la tarification. Et justement, un document mis en ligne par l’organisme de régulation de l’énergie, la CWAPE, en dit plus sur l’avenir. Certes, il s’agit encore d’un projet et tous les éléments ne sont pas encore fixés, mais les grands principes sont bel et bien là.

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Jusqu’ici, deux tarifications sont actives : le monohoraire (prix constant, le jour comme la nuit) et le bihoraire (prix différencié le jour et la nuit). Les choses évolueraient. La tarification deviendrait incitative, mais de manière optionnelle et à condition de disposer d’un compteur communicant. Le dispositif utiliserait les codes couleur vert, orange et rouge dont la signification n’est pas à expliciter. Le tarif vert s’appliquera de 01h à 07h et de 11h à 17h, l’orange de 07h à 11h et de 22h00 à 01h et le rouge de 17h à 22h. Là où les choses se corsent, c’est pour le tarif. Car il serait prévu que le tarif orange soit trois fois plus cher que le tarif vert et que le tarif rouge soit cinq fois plus cher que le tarif vert. Le changement serait donc important, mais il faut préciser que ces différences tarifaires ne sont applicables qu’aux coûts de transport et de distribution de l’électricité. Il ne s’agit donc pas de multiplier par 5 le prix du kWh, mais plutôt un petit 20% de celui-ci, soit la partie qui concerne transport et distribution. La nuance est d’importance.

Monohoraire ? Plus cher !

Mais ce n’est pas tout : le régulateur wallon souhaite aussi que les consommateurs abandonnent la tarification monohoraire qui est celle qui incite le moins à changer les comportements puisque le prix est le même, quel que soit le moment de la journée ou de la nuit. De ce fait, la CWAPE veut que les tarifs de l’électricité monohoraire soit 3,4 fois plus élevé que le tarif vert et encore 2,4 fois plus cher que les tarifs pratiqués dans les heures creuses en tarif bihoraire. Cela signifie donc que le monohoraire ne resterait intéressant que si on consomme en soirée.

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Enfin, les tarifs du système bihoraire changeront aussi et la distinction ne serait plus faite entre la semaine et le week-end. Les heures pleines s’étaleraient de 7h à 11h et de 17h à 22h et les heures creuses de 11h à 17h et de 22h à 7h. Là aussi, il s’agit d’inciter à changer les comportements en introduisant des tranches pleines les week-end, ce qui n’existe pas actuellement. Ne pas faire attention risque de coûter plus cher avec un le coefficient multiplicateur du prix entre heures creuses et pleines qui serait de 3. Et ce n’est pas tout : comparativement à la tarification incitative (vert, orange et rouge), les tarifs des heures pleines en bihoraire seraient aussi 4,4 fois plus chers, toujours sur la partie transport et distribution, il faut le répéter.

La réforme pourrait donc être brutale pour certains et il faut voir comment les consommateurs pourront s’adapter. Car il faudra bien comprendre la tarification incitative pour éviter d’avoir des mauvaises surprises. Cette réforme pourrait aussi prendre en étau les conducteurs de voiture électrique qui n’ont pas toujours l’occasion de recharger en journée, parce qu’ils sont sur la route ou que leur lieu de travail ne propose pas assez de bornes de recharge pour toutes les voitures du personnel. Quoi qu’il en soit, la CWAPE donne toutefois des ordres de grandeurs pour se faire une idée. Passer à la tarification incitative sans rien changer dans ses habitudes pourrait entraîner un surcoût de 100 euros par an sur une base annuelle d’une consommation de 3.500 kWh. Un consommateur qui jouerait le jeu pourrait en revanche économiser jusqu’à 400 euros par an tandis que celui qui s’adapte à moitié pourrait encore économiser 200 euros par an.

La CWAPE essaie de trouver des moyens d’aborder la transition. Car il est aussi évident que les consommateurs pourraient voir leur facture exploser si d’aventure les comportements ne changeaient pas. Car les gestionnaires de réseaux seraient alors contraints d’investir massivement pour renforcer les infrastructures et il est inutile de préciser qui payerait la facture au final… En procédant de la sorte, la CWAPE essaie donc d’accompagner le changement et, justement, de permettre aux gestionnaires d’étaler dans le temps les investissements très importants qui seront tôt ou tard à faire.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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