Les batteries représentent clairement le défi automobile de demain. Car il ne faut pas oublier que les packs qui équipent nos voitures électriques pèsent jusqu’à 500 kg et, souvent, pour la moitié de la valeur du véhicule. Du reste, ce n’est pas un secret, la production de batteries reste une activité polluante, même si de plus en plus d’aménagements sont mis en place ou que les bureaux d’étude s’attellent à trouver des solutions alternatives aux minerais actuellement utilisés.
En théorie, la batterie d’une voiture électrique est capable de « tenir » entre 8 et 15 ans d’utilisation en fonction du modèle, mais aussi de l’utilisation. Après cette période, plusieurs solutions pour prolonger la vie de ces batteries sont envisageables, par exemple en devenant une batterie fixe dans une habitation, voire même pour l’industrie.
Après toutefois, il faudra passer par la filière du recyclage qui permettra de réduire l’utilisation de matières premières pour les nouvelles batteries. Une étude de l’Institut des futurs durables (ISF) à l’Université des technologies de Sydney (Australie) indique qu’en recyclant les batteries, on pourrait réduire d’ici 2040 la demande mondiale de 25% en lithium, de 35% en Cobalt et en Nickel et encore de 55% en cuivre.
Une carte à jouer en Belgique
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L’enjeu du recyclage semble dès lors évident, comme le rappelait d’ailleurs récemment le secrétaire d’État à la Relance et aux Investissements stratégiques, Thomas Dermine (PS). Pour lui, « trop souvent, les batteries repartent à l’étranger pour être recyclées, souvent de manière non durable ». Il faut donc que la Belgique puisse prendre sa place au sein de cette chaîne de valeur et, bien que la production nous échappe faute de matières premières (mines), il faut concentrer les efforts sur le savoir-faire local en matière de recyclage et valorisation des batteries en fin de vie.
Lorsqu’on pense recyclage en Belgique, on songe toujours à Umicore et à l’usine d’Hoboken capable de récupérer cobalt, nickel, cuivre et lithium. Mais il s’agit toujours d’un projet pilote, mais déjà capable d’absorber 7.000 tonnes par an, soit l’équivalent de 35.000 batteries. Actuellement, les opérations restent encore fortement manuelles, mais on s’attend à ce que cela évolue et que la robotique permette d’accélérer le rythme et les capacités. Umicore s’est aussi associé à Audi pour recycler les batteries des modèles e-tron produits à Forest tandis que Solvay, spécialisé dans la conception de cellules pour batterie, s’est associé au spécialiste du recyclage Veolia et à Renault en France dans le cadre d’une initiative similaire.
60% recyclés ?
Selon l’Institut des futurs durables (Australie), les industriels arriveraient à recycler 60% du poids des batteries. On pourrait toutefois pousser cette part à près de 90%, mais il faudrait alors des motivations économiques et des contraintes réglementaires qui encourageraient la démarche note encore l’Institut. C’est théoriquement ce que prévoit le Green Deal européen, mais aussi le plan de relance qui prévoit non moins de 6,1 milliards d’euros pour développer la filière des batteries.
La Commission européenne devrait bientôt y mettre son grain de sel et imposer aux fabricants de batteries d’intégrer un minimum de matières recyclées dans les nouvelles batteries dès 2030. On parle de 12 % de Cobalt, 4 % de Lithium et 4 % de Nickel. C’est un début.
La Chine en avance
Oui, mais voilà, les belles intentions européennes peinent à s’organiser. Car, actuellement, si la Chine domine pour la production des batteries, elle a toutes les chances de s’imposer aussi dans le recyclage comme l’illustre le fabricant CATL qui vient de mobiliser 4,3 milliards d’euros pour construire une usine ultramoderne de recyclage. Idem pour Tesla outre-Atlantique dont l’un des fondateurs a réservé 500 millions de dollars à ces mêmes fins.
Cela signifie-t-il que l’Europe est à la traîne ? Pas vraiment, car les initiatives se multiplient aussi. En Suède avec Northvolt (usine capable de traiter 25.000 tonnes de batteries par an et de réinjecter 50% de matière recyclée dans les nouvelles batteries), en France avec Orano (ex-Areva) qui vise les 500.000 tonnes de batteries traitées en 2030.
Une chose est sûre toutefois : il est urgent que la filière du recyclage s’organise. Car l’Agence France Presse rapporte que chez Northvolt, on s’inquiète, car les prévisions rapportées jusqu’à maintenant en matière de besoins de recyclage sont en fait bien en dessous de la réalité. C’est maintenant qu’il faut agir. Et si d’aventure, la Belgique pouvait aussi occuper une belle place dans ce filon prometteur…
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