Récemment, la Cour des comptes européenne remettait un rapport cinglant concernant la transition vers la voiture électrique : l’organisme qui est chargé de l’audit des finances de l’Union européenne s’inquiétait en effet de la tournure que prenait le passage à la voiture électrique. Et elle estimait qu’en raison de plusieurs manquements graves, l’Union avait beaucoup de chances de rater son pari de basculer au tout électrique le 1er janvier 2035. Parmi les problèmes pointés par la Cour, l’infrastructure de recharge et son asymétrie au sein de l’Union : 70% des bornes se trouvent en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.
Cette semaine, c’est une étude de l’ACEA qui enfonce encore un peu plus le clou. Dans un rapport, l’Association des constructeurs automobiles européens explique qu’il y a un déséquilibre de plus en plus grand entre le développement du réseau de bornes de recharge à l’échelle européenne et le développement des ventes de voitures électriques.
En effet, entre 2017 et 2023, les ventes de voitures électriques ont été multipliées par 18 (à 1,5 million d’exemplaires en 2023) alors que, sur la même période, le nombre de points de charge n’a été multiplié que par 6. Il y a donc un différentiel de 3 entre les ventes et les installations de recharge. Il n’y a aujourd’hui que 600.000 bornes de recharge publiques en Europe, ce qui est beaucoup trop peu. Il en faudrait en effet 8 fois plus si l’Europe veut atteindre ses objectifs CO2 de 2030. Et l’ACEA s’inquiète, car « ce déficit d’infrastructures risque de se creuser à l’avenir – bien plus que ne l’estime la Commission européenne », a déclaré Sigrid de Vries, directrice générale de l’organisation.
Publicité – continuez à lire ci-dessous
8,8 millions !
L’ACEA n’est en outre pas alignée avec la Commission. Cette dernière estime le besoin de bornes de recharge publiques à 3,5 millions d’ici à 2030 alors que l’ACEA l’estime, elle, à 8,8 millions. Si cette dernière estimation est correcte, il faudrait installer 1,2 million de bornes de recharge par an, contre 150.000 en 2023… Mais pourquoi cet écart ? En fait, la Commission se base (encore une fois si on ose dire) sur une consommation moyenne irréaliste des voitures électriques pour baser son calcul : 15 kWh/100 km. L’ACEA point aussi le fait que la Commission ne prend pas en compte ou sous-estime le nombre de véhicules hybrides rechargeables qui seront encore en circulation sur les routes européennes en 2030, ce qui accroît donc encore la demande en bornes. La Commission ne prendrait en effet en considération que les voitures électriques particulières et donc même pas les utilitaires électriques. Ce qui fait naturellement une grosse différence dans le besoin.
Naturellement, la répartition des bornes de recharge sur le territoire européen pose de grandes questions : la concentration est importante aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, mais pas du tout dans les autres pays comme la Pologne, la Roumanie ou la Grèce. Et là encore, compte tenu des différences économiques entre les pays, il semble illusoire de penser que tous les citoyens européens adopteront la voiture électrique en même temps. Pays pourtant privilégié s’il en est, la Belgique est déjà morcelée au niveau des bornes de recharge puisqu’on en compte 12.000 en Flandre, mais seulement 2.100 en Wallonie et 1.500 à Bruxelles. Il y a effectivement quoi se montrer inquiet, en tout cas si la trajectoire voulue par l’Europe est conservée.
À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be